Huawei P50 et P50 Pro : comment fonctionne un « zoom hybride x100 » ?
Comme prévu, Huawei a dévoilé ses deux tout derniers smartphones haut de gamme le 29 juillet 2021.
Fiche technique
Malheureusement, en raison des sanctions américaines qui continuent d’affliger le constructeur, les deux téléphones stars n’embarquent pas la compatibilité 5G. L’état américain n’a pas autorisé Qualcomm (le fournisseur de processeurs pour les téléphones) à activer la 5G sur les puces livrées à Huawei.
Autrement, la fiche technique des deux mobiles est assez impressionnante :
Écran Oled de 6,5 ou 6,6 pouces (pour le P50 et P50 Pro respectivement)
Processeur Qualcomm Snapdragon 888
8 ou 16 Go de RAM
128 à 512 Go de stockage
Lecteur d’empreintes sous l’écran
Batterie de 4100 ou 4360 mAh (P50 / P50 Pro)
Et bien sûr 3 ou 4 modules photo Leica selon les modèles. Pour le P50 : un module principal de 50 Mpx, un grand angle de 13 Mpx et un zoom de 12 Mpx. Pour le P50 Pro : un module principal de 50 Mpx, un grand angle de 13 Mpx, un zoom de 64 Mpx et un capteur noir et blanc de 40 Mpx
Comme à son habitude avec cette série de mobiles, Huawei a donc mis le paquet sur l’aspect photo en multipliant les capteurs et en assumant pleinement le côté massif de son module photo.
Un zoom x100 sur mobile ?
Sur son P50 Pro (le plus haut de gamme des deux), Huawei promet même un zoom « x100 » équivalent à une longueur focale de 2700 mm : une fonctionnalité censée vous permettre de capturer des clichés d’objets situés très loin de vous. C’est équivalent à ce que propose le S21 Ultra et plus que ce que propose le S21 (que vous pouvez tout de même retrouver dans notre guide d’achat des meilleurs smartphones 2021). Mais comment un tel zoom est-il possible sur un smartphone ? Attention, on va faire un peu de maths.
Tout d’abord, il faut préciser un détail technique. Les smartphones ne « zooment » pas au sens propre du terme. En photo, on considère qu’un module est doté d’un zoom lorsqu’il « déplace un ou plusieurs groupes de lentilles à l’intérieur de l’objectif », explique bien Wikipedia, or ce n’est pas le cas ici, ou sur la plupart des smartphones. Sur mobile, les focales sont fixes et le téléphone va en réalité passer d’un module photo à l’autre pour offrir des angles de champs différents (un peu comme si vous changiez manuellement l’objectif sur votre appareil photo).
Dans le cas qui nous intéresse, le P50 Pro est donc équipé de quatre modules offrant des longueurs focales variables. Un à 13 mm (ultra grand-angle), deux à 23 mm (grand-angle), et un à 90 mm (zoom). En basculant de l’un à l’autre, le P50 va donc pouvoir offrir des options de cadrages différentes sans avoir à zoomer numériquement dans l’image (ce qui ferait perdre en qualité).
Comment ça marche exactement ?
Il n’aura pas échappé aux plus attentifs et attentives d’entre vous, que même la focale de 90 mm ne correspond pas du tout à un agrandissement x100 par rapport à la de focale 23 mm (celles utilisées par défaut). Physiquement parlant, le module zoom offre un grossissement 3,9 fois plus important que le module de base. On est très loin du zoom x100 promis par Huawei.
C’est à partir de là que les justifications technico-marketing prennent le relai. Plutôt que de se reposer uniquement sur la longueur focale de ses modules photos, Huawei va employer ce qu’il appelle un « zoom hybride » capable d’offrir un grossissement 100 fois plus important que le module par défaut.
Le téléphone va en fait zoomer numériquement sur la photo jusqu’à atteindre un résultat qui serait équivalent à un objectif doté d’une longueur focale de 2700 mm. Avec cette technique, le constructeur peut communiquer sur un zoom x100, puisque le résultat est en effet agrandi un peu plus de 100 fois par rapport à ce qu’on pourrait capturer avec le module de 23 mm.
Quiconque a déjà fait un peu de photo, sait par contre que zoomer numériquement sur une photo lui fait perdre en qualité, puisque les pixels vont apparaître plus gros. Pour pallier le problème, Huawei va donc faire marcher ses quatre modules photos en tandem, afin d'essayer de capturer une photo la plus riche en pixels possible. Plus la photo contient de pixels, moins la dégradation de la qualité est notable si on zoome dedans.
Le module 90 mm va donc assurer une partie du zoom, tandis que le reste sera fait numériquement en s’appuyant sur les informations capturées par les autres modules photos. C’est cette association de méthodes que Huawei appelle « zoom hybride », le terme étant assurément plus vendeur que « zoom numérique à la qualité passable ». Les photos capturées en mode x100 ne seront clairement pas d’une définition incroyable, mais le constructeur estime avoir fait un assez bon boulot d’ingénierie pour en faire un argument marketing.