Une erreur dans le texte ?

C'est le bon endroit pour nous l'indiquer !
Attention, ce formulaire ne doit servir qu'à signaler une erreur. N'hésitez pas à utiliser la page de contact pour nous contacter ou nous faire part de vos suggestions. Merci.

Etape 1

Cliquez sur les paragraphes contenant des erreurs !

Pour lutter contre les représentations sexistes, Apple ne définira plus de voix par défaut pour Siri

Apple va opérer un changement certes mineur, mais utile, dans une prochaine version d'iOS : laisser ses clients choisir la voix de Siri lors de la configuration initiale. L’utilisation par défaut de certaines voix genrées renforce les stéréotypes sexistes.

En France la voix de Siri est masculine par défaut. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour le reste du monde ça veut dire beaucoup. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique la voix de l’assistant personnel d’Apple était celle d’une femme par défaut depuis des années, mais cela va bientôt changer.

À partir de la version 14.5 d’iOS, les utilisateurs et utilisatrices d’iPhone partout dans le monde seront libres de choisir une voix masculine ou féminine lors de la première configuration de leurs téléphones. Jusqu’ici, il était possible de changer de voix dans les paramètres après coup, mais outre-Atlantique la voix féminine était activée par défaut -- comme la voix masculine en France. Derrière ce choix en apparence anodin se cachent en fait des problématiques sérieuses de sexisme et d’égalité de genre qu'Apple reconnait volontiers puisque l’entreprise a expliqué à TechCrunch que ce changement visait à « mieux refléter la diversité du monde dans lequel on vit ».

Des voix masculines plus autoritaires

Une étude issue de l’université de l’Indiana en 2010 a en effet prouvé que les voix féminines sont généralement mieux accueillies par le public qui leur trouve un côté plus chaleureux. Cela explique pourquoi en Europe les voix de l’Amazon Echo, de Cortana et de Google Assistant semblent avoir des caractéristiques vocales connotées comme féminines -- même si Google a complètement dégenré ses assistants en parlant uniquement de couleurs.

En 2006, une autre étude de l’université de Stanford soulignait les biais inconscients que l’on projette sur les voix robotisées. Une voix féminine sera jugée comme plus pertinente sur les sujets connotés à tort comme « féminins » comme l’amour et les relations, tandis qu’une voix masculine sera considérée comme plus légitime quand il s’agit de parler d’informatique par exemple.

« La plupart des gens préfèrent des voix masculines quand il s’agit de parler avec autorité et une voix féminine quand il s’agit d’être serviable » abonde un rapport de l’UNESCOEn 2019, un responsable d’Amazon expliquait d’ailleurs avoir choisi une voix féminine pour Alexa car elle semblait « plus sympathique et abordable ». Plus loin dans son rapport, l’UNESCO précise que la littérature scientifique regorge de témoignages de femmes ayant opté pour une voix masculine pour leurs assistants vocaux, mais « n’a pas trouvé une seule mention d’un homme changeant une voix féminine pour une voix masculine. »

Une question de représentativité

Pourtant les voix masculines n’ont pas toujours été aussi exclues du monde des assistants vocaux. Les GPS ont longtemps été dotés d’une voix masculine qui donnait des « instructions laconiques et autoritaires » selon l’UNESCO. La pratique était tellement répandue que lorsque BMW a embarqué une voix de femme sur l’une de ses voitures, l’entreprise a été inondée d’appels de conducteurs refusant de recevoir des ordres d’une femme et a dû modifier son système.

Le choix d’une voix féminine ou masculine est donc loin d’être anodin dans le monde des assistants vocaux. Ces décisions sont nourries par, et renforcent, les stéréotypes de genre. Et selon l’UNESCO cela vient en partie du déséquilibre de genre que connait le monde du numérique. « Atteindre la parité dans le secteur technologique aidera à la création de produits qui reflètent la riche diversité des sociétés humaines », tente l’organisation. Mais le chemin est long puisqu’aujourd’hui les femmes ne représentent que 12 % des spécialistes en IA.