Le fondateur d’Android, Andy Rubin, a quitté Google en 2014 avec plusieurs dizaines de millions de dollars en poche avant de fonder Essential, sa marque de smartphone. L’entreprise aurait tout fait pour camoufler des accusations à son sujet.

Google a-t-il payé 90 millions de dollars pour protéger le « père d’Android » ? C’est en tout cas ce qu’affirme le New York Times dans un article publié le jeudi 25 octobre.

90 millions de dollars en guise de cadeau de départ

Andy Rubin, le créateur d’Android, avait quitté Google en octobre 2014, empochant au passage la coquette somme de 90 millions de dollars (soit environ 79 millions d’euros), et négociant le versement en plus de 2 millions de dollars par mois pendant quatre ans – le dernier de ces versements devrait être effectué le mois prochain.

À l’époque, Larry Page, le directeur exécutif de l’entreprise, lui avait publiquement souhaité « le meilleur » pour la suite, et l’avait félicité d’avoir rendu plus d’un milliard d’utilisateurs heureux avec Android.

La mascotte du système d'exploitation Android. // Source : Android / Numerama

La mascotte du système d'exploitation Android.

Source : Android / Numerama

Mais comme le révèle le New York Times, d’autres informations n’ont elles pas été rendues publiques, notamment le fait qu’une employée ait accusé Andy Rubin d’« inconduite sexuelle » (un terme utilisé aux États-Unis pour décrire des violences sexuelles subies par un ou une employée par une ou un supérieur).

Les faits, qui avaient été partiellement dévoilés par The Information en 2017, remontent à 2013. L’employée, qui entretenait une relation extraconjugale avec le fondateur d’Android, raconte que ce dernier l’a forcée à lui faire une fellation dans une chambre d’hôtel. Deux autres employés de l’entreprise auraient eu connaissance de cette agression. Et faisant suite à une enquête en interne, Google aurait elle-même estimé que les accusations étaient crédibles, indiquent des sources en interne.

Selon ces mêmes sources, un accord de confidentialité aurait été signé avec Andy Rubin afin qu’il ne révèle pas le motif de son départ.

D’autres employés auraient été protégés par Google

Andy Rubin ne semble pas être le seul à avoir bénéficié d’une protection du géant de la tech. Deux autres cadres auraient été dans ce cas durant ces dix dernières années. Eux aussi ont été accusés d’« inconduite sexuelle ». L’un d’entre eux est parti de l’entreprise avec quelques millions en poche, même si Google, rappelle le New York Times, n’avait aucune obligation légale de lui donner cet argent. L’autre a changé de poste, mais pour occuper une position toujours prestigieuse.

Le média américain dit avoir consulté des documents internes à l’entreprise, ainsi que des documents de justice, indiquant que des poursuites ont été menées.

Les employés qui étaient au courant des faits, eux, ont été contraints au silence par des accords de confidentialité.

Andy Rubin est le créateur d'Android. Il a quitté Google en 2014. // Source : Wikicommons

Andy Rubin est le créateur d'Android. Il a quitté Google en 2014.

Source : Wikicommons

Un porte-parole d’Andy Rubin, qui a depuis réintégré une entreprise qu’il avait créée, a indiqué que l’histoire du New York Times contenait « un certain nombre n’inexactitudes à propos des compensations ». Dans un communiqué, le « père d’Android » comme il est parfois surnommé a expliqué n’avoir jamais forcé une femme à avoir une relation sexuelle dans une chambre d’hôtel. « Ces fausses accusations font partie d’une campagne pour me salir menée par mon ex-femme pour prendre le dessus dans notre divorce et la bataille pour la garde [des enfants] », a-t-il expliqué.

https://twitter.com/Arubin/status/1055632399172755456

Google essaye de redorer son blason

À la suite de la publication de l’enquête, Google a expliqué prendre très au sérieux le harcèlement sexuel. Un email signé de la main de Sundar Pichai, le CEO de la firme, a été envoyé aux employés. À l’intérieur, il est indiqué que 48 employés ont été renvoyés pour cause de harcèlement sexuel durant ces deux dernières années, et qu’aucun d’entre eux n’a reçu d’argent pour accompagner son départ.

Ces belles paroles n’ont pas convaincu tous les employés. Liz Fong-Jones, une ingénieure chez Google depuis plus de dix ans et engagée sur les questions d’égalité au travail, a ainsi dit : « Quand Google couvre le harcèlement et le jette à la poubelle, cela contribue à un environnement où les gens ne se sentent pas en sécurité à dénoncer de mauvaises conduites, a-t-elle noté. Ils suspectent que rien n’est arrivé ou, pire, les hommes sont payés tandis que les femmes sont mises à l’écart ».

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