Les premiers tests du moteur de recherche chinois sont prometteurs, estime Sundar Pichai qui, malgré les protestations des employés, semble décidé à aller jusqu’au bout du projet.

Pour le CEO de Google, participer à la censure ne semble plus vraiment être un problème. Sur la scène d’une conférence organisée par le média américain Wired lundi 15 octobre, Sundar Pichai s’est ainsi réjouit des premiers tests prometteurs d’une version contrôlée de son moteur de recherche, destinée à la Chine.

Mieux vaut un Google censuré, que pas de Google du tout ?

Cette version, révélait un article de The Intercept en août, s’axe autour de trois piliers : le filtrage de certains mots-clés (comme démocratie, religion et droits de l’homme), des restriction d’accès à des sites d’informations (des médias ou encyclopédies en ligne), et enfin, la limitation de fonctionnalités (saisie semie-automatique, recherche d’images).

Pas de quoi inquiéter Sundar Pichai qui a indiqué selon Wired à propos du projet dont le nom de code est « Project Dragonfly » (projet libellule en français) : « Il s’avère que nous serons capables de répondre à 99% des demandes [effectuées par les utilisateurs] ».

Google Chine

À Shanghaï, des femmes posent avec des logos Google.

Source : thats

Il s’est félicité du fait que dans « beaucoup, beaucoup d’endroits », cela permettra de fournir de nouvelles informations à la population, prenant l’exemple des traitements pour des maladies graves. « Aujourd’hui, soit les gens sont bien informés, soit ils ont de faux traitements contre le cancer », a continué le CEO de Google.

20 % de la population mondiale

À l’en croire, il vaudrait donc mieux un Google censuré, que pas de Google du tout. « Nous sommes contraints dans notre mission [de] fournir l’information à tout le monde, et [la Chine représente] 20% de la population mondiale », a argué Sundar Pichai, avant d’ajouter : « Les gens ne comprennent pas complètement, mais vous devez toujours trouver l’équilibre entre [vos] valeurs. Nous suivons aussi la loi dans chaque pays. »

Un projet vivement critiqué, y compris par les employés de Google

Les relations entre Google et la Chine ont été fluctuantes ces dernières années. Quatre ans après avoir proposé aux habitants du pays une version conforme aux règles de censure du gouvernement, l’entreprise a été la cible en 2010 d’une cyber-attaque, qui visait notamment les comptes Gmail d’activistes chinois.

À la suite de ces événements, Google avait décidé de ne plus céder aux exigences du pouvoir local, et de rediriger les internautes chinois vers son moteur de recherche non censuré disponible à Hong Kong. Le site est ensuite devenu peu à peu inaccessible dans toute la Chine.

Sundar Pichai qualifie la Chine de marché « formidable et innovant »

Lorsqu’a été évoqué en août un retour en arrière dans le pays que Sundar Pichai qualifie aujourd’hui de marché « formidable et innovant », de nombreux employés ainsi que des personnalités du milieu des nouvelles technologies ont protesté.

Selon eux, cela n’était pas compatible avec l’éthique de Google, qui participait ainsi à la censure. Mais si le géant de la tech a accepté de revenir sur un autre projet très controversé qui consistait à mettre ses technologies d’intelligence artificielle et de reconnaissance faciale au service de développeurs de drones de guerre, il semble cette fois bien décidé à aller jusqu’au bout.


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