Dans un mémo destiné à ses employés, Evan Spiegel revient à grand renfort de métaphores sur les échecs (et les réussites) de Snapchat depuis le début de l’année 2018.

Evan Spiegel, le PDG de Snap se rêvait en « guépard », avant que 2018 ne vienne le freiner dans sa course.  C’est du moins ce qu’il raconte dans un long mémo de 15 pages envoyé à ses employés et dévoilé jeudi 4 octobre par le site Cheddar.

Dans ce mémo daté du 26 septembre, Evan Spiegel reconnaît avoir voulu « aller trop vite. » Une référence, explique-t-il, au nouveau design de l’application lancé pour les premiers utilisateurs testeurs en janvier 2018.

Une mise à jour mal digérée par les utilisateurs

Imaginé dans le but de faciliter l’utilisation de Snapchat, et d’ainsi conquérir de nouveaux utilisateurs, ce design instaurait notamment une séparation entre les stories de ses amis et celles des personnalités publiques ou médias.

Selon son créateur, Snapchat n'est pas un réseau social. // Source : CC Flickr Stock Catalog

Selon son créateur, Snapchat n'est pas un réseau social.

Source : CC Flickr Stock Catalog

Dès son lancement, Snap a dû faire face au mécontentement de nombreux utilisateurs, qui estimaient que la nouvelle version était brouillon, et rendait l’utilisation de l’app beaucoup moins agréable. Une pétition avait même été lancée, rassemblant plus d’un million de signatures. Snapchat avait finalement renoncé à sa mise à jour en mai.

Evan Spiegel se compare à un guépard

Parce que le nom de code du nouveau design en interne était « Cheeta » (guépard en français) – et parce que la métaphore s’y prête finalement plutôt bien – Evan Spiegel compare volontiers 2018 à… la course d’un félin.

« Il y a eu, bien sûr, quelques inconvénients à bouger aussi vite qu’un guépard. Nous avons résolu un problème mais en en créant beaucoup d’autres. Dans la nature, les guépards ne peuvent pas courir aussi vite longtemps (à peu près 30 secondes). Quand ils s’arrêtent, écrit-il, ils se reposent, et ils prennent le temps de réévaluer leur environnement. Nous avons appris que bouger vite pouvait nous diriger vers la bonne direction, mais que nous avions aussi besoin de prendre le temps.»

Evan Spiegel admet avoir surtout pensé, lors du redesign, à la frustration que pourraient avoir les influenceurs. Celle ressentie par les utilisateurs, elle, semble avoir été sous-estimée.

Trois millions d’utilisateurs de perdus

Le design de Snapchat n’a pas été la seule difficulté que l’entreprise a connu en 2018. L’application (que son créateur se refuse toujours à qualifier de « réseau social ») a dû faire avec la concurrence d’autres plateformes comme Facebook et surtout, Instagram, qui se sont parfois largement inspirées de Snapchat.

En plus des fluctuations en bourse, en août, Snapchat a perdu pour la première fois trois millions d’utilisateurs quotidiens.

Pour autant, Evan Spiegel ne retire pas que du négatif de cette année, qu’il considère être l’année la plus « stimulante » et la plus importante dans l’évolution de Snap. Il explique que des progrès « remarquables » ont été faits cette année dans cette entreprise qui n’est cotée en bourse que depuis 2017, et qu’un rythme plus « viable » semble enfin avoir été trouvé depuis l’été.

Evan Spiegel s’est aussi félicité du succès de certaines fonctionnalités. Les audiences des stories des médias auraient augmenté en moyenne de 20%, et Shows, le module média lancé en août 2016 qui contient des programmes télévisés adaptés au mobile, génèrerait chaque mois une audience de plus de 10 millions de visiteurs uniques – pour 18 émissions. Reste à savoir si IGTV, l’onglet dédié aux vidéos longues sur Instagram, ne finira pas par lui ressembler lui aussi…

Investir « aux racines » en 2019

L’an prochain, le PDG de Snap projette d’investir « aux racines » pour en récolter le fruit. Ses priorités annoncées :

  • développer encore le produit de base (l’application) pour séduire les milliards de personnes qui n’utilisent pas encore Snapchat,
  • en faire un outil de communication majeur en faisant comprendre à tout le monde qu’envoyer une vidéo serait plus rapide qu’écrire un message textuel,
  • creuser le fossé pour que d’autres entreprises ne puissent plus « copier » leur produit, « montrer l’exemple en matière de réalité augmentée »,
  • ou encore… terminer l’année avec des profits.

« Si vous vous focalisez sur le fruit et ignorez la racine, l’arbre mourra. Si vous investissez dans la racine, vous récolterez des fruits en abondance et de manière régulière », a conclu le décidément très poète Evan Spiegel, sur cette citation empruntée à Jon Gordon. Les employés, eux, recevront en 2018 à l’occasion de l’anniversaire de Snapchat… un t-shirt guépard.


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