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Facebook et les micros : pourquoi la panique autour des brevets est irrationnelle

Les brevets repérés dans l'industrie tech méritent-ils une telle agitation lorsqu'ils sont repérés par la presse ? Si leur contenu est parfois inquiétant, leur concrétisation est en réalité loin d'être assurée.

Comme de nombreuses autres entreprises dans le secteur des technologies et du numérique, Facebook a amassé au fil du temps une somme considérable de brevets. Et le réseau social continue encore aujourd'hui de déposer des titres de propriété industrielle, avec un tropisme marqué en direction de ses membres, puisque c'est sur eux que la société a bâti son empire.

Ainsi, on a vu le site déposer une méthode permettant de lire les émotions des ses membres pour personnaliser le fil d’actualité, en se basant sur la webcam ou l'appareil photo du smartphone. Plus récemment, l'entreprise a imaginé une technique pour analyser les visages de clients pour mieux les guider en magasin, en mobilisant un système de reconnaissance faciale et de détection des réactions.

Le vaste portefeuille de brevets dont dispose Facebook, le poids du réseau social sur le net, sa surface financière très étendue, la taille de sa communauté,  ses activités commerciales et les méthodes qui sont décrites dans ces documents forment bien sûr un cocktail explosif. À chaque fois qu'un de ces titres est repéré, et décortiqué, cela s'accompagne d'intentions néfastes prêtées à la société.

Facebook, évidemment, cherche à dissiper d'éventuels malentendus.

À The Independant, un porte-parole expliquait ainsi, en réaction à la découverte et l'analyse d'un de ces brevets, que « nous cherchons souvent à obtenir des brevets pour des technologiques que nous ne lançons jamais : ils ne doivent pas être pris comme une indication de nos futurs plans ». Et cela, même si un brevet traduit de fait l’intérêt de l’entreprise pour la technologie qu'il décrit.

Il est vrai que tous les brevets possédés par un groupe ne débouchent pas toujours sur un produit ou un service particulier. Ces titres montrent avant tout que le département de R&D ne se tourne pas les pouces. Par ailleurs, ces brevets peuvent aussi être une façon de sécuriser juridiquement l'avenir, au cas où une application concrète de la méthode brevetée est trouvée, sans craindre une action d'une firme rivale.

En la matière, seul un jugement sur pièces permet de démêler le vrai du faux face à des recherches qui paraissent alarmantes. Et il y a de quoi : le New York Times a ainsi publié une page présentant sept brevets préoccupants, en particulier lorsqu'ils sont rapprochés les uns des autres. Car beaucoup d'entre ont à voir avec le pistage des utilisateurs, de leur vie privée et de leurs habitudes.

« L'examen de centaines de demandes de brevets de Facebook révèle que l'entreprise a envisagé de suivre presque tous les aspects de la vie de ses utilisateurs », écrit le journal américain. « Pris ensemble, les brevets de Facebook témoignent d'un engagement à recueillir des renseignements personnels, malgré les nombreuses critiques publiques à l'égard des politiques de confidentialité de l'entreprise et la promesse de son chef de la direction de faire mieux ».

Reste toutefois une question : lit-on bien ces brevets ? Cette question s'avère être la traduction d'une dispute qui a émergé aux USA autour d'un brevet qui, à en croire un certain nombre de publications, décrirait une méthode permettant d'activer en secret le micro du smartphone lorsque le capteur son détecte le fonctionnement du téléviseur.

Des médias comme Metro UKGizmodoEngadget ou Esquire ont ainsi évoqué ce brevet en le présentant de cette façon, ce qui a mécontenté The VergeLe site affirme qu'en lisant attentivement le titre de propriété industrielle, ce qui sous-entend que ses confrères ne l'ont pas fait, il n'est absolument pas question d'une technologie d'espionnage secret qui s'active dès que la TV est en route.

Résumant les objectifs affichés du brevet, The Verge explique que « c'est un système qui reçoit un identifiant utilisateur et une empreinte audio, qui fait correspondre cette empreinte audio à un contenu, qui contrôle si ce contenu a été lu pendant une certaine durée, et qui regarde ensuite un compteur pour voir si ce contenu a été lu un certain nombre de fois ».

Il observe d'ailleurs que la partie-clé du brevet, celle décrivant ses prétentions, ne liste à aucun mot-clé de type « smartphone » ou « microphone », et cela même si des images d'illustration ou des termes relativement proches apparaissent dans le document. The Verge insiste pour dire qu'il faut aussi voir dans quelle partie du titre ils apparaissent, car les implications ne sont pas les mêmes.

« Maintenant, pourriez-vous [....] déduire que Facebook a besoin d'un tel dispositif pour qu'il soit capable d'activer silencieusement le microphone de votre téléphone et de suivre les publicités sur votre téléviseur ? Bien sûr, si vous le vouliez. [...] Mais encore une fois, il n'y a aucune revendication sur la façon dont ce périphérique client s'allumerait à votre insu automatiquement », poursuit notre confrère.

Pour l'auteur, il est clair que ce brevet est là pour bloquer des concurrents, quitte à en déposer plus que de raison, en imaginant toutes sortes d'usages, même ceux qui sont de toute évidence excessifs. Ces justifications, que l'on évoquait précédemment, ont d'ailleurs été réaffirmées par Facebook, dans une déclaration d'un porte-parole du groupe adressée à Endgadget.

Dans celle-ci, il est affirmé que le brevet a été déposé « pour prévenir les agressions d'autres entreprises » et que « les brevets tendent à se concentrer sur des technologies d'avenir qui sont souvent de nature spéculative et qui pourraient être commercialisées par d'autres entreprises ». D'après le porte-parole, il s'agi cette technologie n'a été incluse dans aucun des produits de Facebook « et ne le sera jamais ».

Bien sûr, l'on peut toujours dire que les promesses n'engagent que ceux qui les croient.

Cela étant, l'inquiétude sur ce brevet repose jusqu'à preuve du contraire sur de l'inexistant, là où de l'existant fait déjà ça : en effet, un dispositif qui reçoit une empreinte audio depuis un téléviseur pour déclencher une action existe déjà et se trouve peut-être même chez vous : il s'agit de l'Amazon Echo d'Alexa, configuré pour ne pas se déclencher lors des publicités énonçant son nom.