Les arnaques répondant au stratagème du « payez peu, recevez beaucoup » où un inconnu vous promet par mail des sommes mirobolantes si vous l’aidez, en échange de quelques acomptes de votre part, semblaient enterrées dans les années 2000. Force est de constater que ce n’est pas le cas.

Si l’arnaque au « prince nigérian » est entré dans le folklore numérique, à tel point que Sony a pu l’utiliser dans une publicité PlayStation 3, elle semble ne pas vieillir malgré tous les efforts de prévention ou de filtrage. Bien au contraire, l’arnaque évolue et peut compter sur des millions de Nigérians pour la perpétuer.

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Derrière le prince, une cybermafia nigériane

Le protocole est quasiment toujours le même, comme l’a décrit Wired dans une récente enquête de mai 2018. Un mail vous est envoyé, la personne à l’origine du message se fait passer pour un diplomate nigérian voire un prince (il existe beaucoup de variantes). Afin de pouvoir transférer une importante somme d’argent hors du pays, il vous demande d’avancer certains frais qu’il vous rendra bien sûr au centuple. Ces fraudes, aussi appelées fraudes 419 en référence à l’article de loi nigérian, ont pu ruiner de nombreuses vies et même atteindre des personnes extérieures à l’affaire. En 2003, un ressortissant tchèque tuait un diplomate nigérian après avoir été victime d’une fraude 419. Si le mail prête aujourd’hui à rire tant il paraît désuet, il cache en vérité tout un pan de l’économie d’une cybermafia nigériane.

Dans la ville de Lagos, les Yahoo Boys — surnom donné aux jeunes Nigérians s’adonnant à ces pratiques crapuleuses — seraient près de cinq millions « avec un impressionnant taux de succès », rapporte le Guardian. Une étude menée par la Crowdstrike, une entreprise de cybersécurité californienne, a déterminé leur mode opératoire. Les confréries nigérianes, comme Black Axe, sont majoritairement impliquées dans le processus et enrôlent les étudiants, séduits par leur mode de vie luxueux des Yahoo Boys. Ces confréries aux dérives sectaires basent leur business sur le trafic de drogue et d’êtres humains, elles sont devenues expertes dans le cybercrime et leurs techniques ont su évoluer au-delà du classique prince nigérian.

Les Yahoo Boys seraient près de cinq millions « avec un impressionnant taux de succès. »

Un bon exemple de cette évolution est celui des Business Email Compromise (BEC). Ce sont des mails frauduleux envoyés aux entreprises, l’arnaqueur se fait passer pour quelqu’un de confiance (un PDG généralement), auprès de cibles comme des directeurs financiers, et leur soutire des fonds. Les plus jeunes arnaqueurs commencent leur carrière avec des fraudes de type 419 avant d’évoluer vers les BEC. En mai 2017, le Federal Bureau of Investigation (FBI) publiait un message d’intérêt public où il estimait que les BEC avaient causé des dommages chiffrés à 5,3 milliards de dollars au niveau mondial. Une perte considérable, presque incroyable aux yeux des utilisateurs avertis. Les cibles principales sont les PME, bien souvent incapables de se relever d’un tel scam.

Derrière ce business juteux, les Yahoo Boys divisent énormément l’opinion publique au Nigéria en soulevant des questions d’ordre politique et économique. Preuve en est le tweet polémique d’Efe Ejeba, une personnalité de la télé-réalité nigériane, posté le 13 mai.

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