La police a décidé de rendre publique une séquence montrant comment la collision entre une voiture autonome et une passante s’est produite. Une vidéo qui apporte certaines réponses mais qui engendre de nouvelles interrogations.

Ce sont des pièces auxquelles le public n’avait pas accès, mais que la police a décidé de divulguer. Dans la soirée du 21 mars, les forces de l’ordre de la ville de Tempe ont pris la décision de diffuser sur leur compte Twitter certaines images de l’accident de circulation qui a causé la mort d’une piétonne, percutée par une voiture autonome appartenant à Uber alors qu’elle traversait hors d’un passage piéton.

La vidéo, longue de 22 secondes, montre deux séquences : la première est tirée d’une caméra braquée vers l’extérieur, permettant de suivre la progression de la voiture sur la route. La seconde montre l’intérieur du véhicule et l’attitude de la personne qui est derrière le volant — il est exigé la présence d’un conducteur capable de reprendre la main à tout moment dans le cadre des tests sur les voitures autonomes.

Si la vidéo dévoilée par la police ne montre pas les conséquences de la collision entre la passante et la voiture autonome, il est possible de voir le déroulement de l’accident jusqu’au point de contact. Elle permet ainsi de constater l’éclairage intermittent de la route sur laquelle circule l’automobile, le franchissement de la voie de circulation par la piétonne mais aussi le fait qu’elle ne semble visible que très tardivement.

Cette séquence risque de soulever de nouvelles questions autour de cet accident : en effet, comment se fait-il que les capteurs de la voiture n’aient pas vu la piétonne relativement en avance et constaté que sa trajectoire allait croiser celle de la voiture ? En effet, il n’y a pas de raison pour que les capteurs du véhicule ne fonctionnent pas lorsque la nuit est tombée.

Uber x Volvo CC Dilu

Uber x Volvo CC Dilu

Il semble en tout cas que le véhicule ne freine pas — en tout cas, cela ne se voit pas — ni ne tente une manœuvre pour éviter le choc. Dans les premiers jours de l’enquête, la police avait expliqué que la voiture n’avait manifestement montré aucun signe d’une tentative de ne pas percuter la passante. La police a ajouté ensuite estimer qu’à ce stade de l’enquête, Uber n’était pas responsable de l’accident.

« Il est clair qu’il aurait été difficile d’éviter cette collision avec n’importe quel mode de conduite, autonome ou humain, si on se base sur la manière dont la victime est sortie de l’ombre pour directement se retrouver sur la chaussée », a déclaré Sylvia Moir la cheffe de la police de Tempe. La caméra montre en effet que l’on constate très tardivement la présence du la piétonne.

 « Il est clair qu’il aurait été difficile d’éviter cette collision avec n’importe quel mode de conduite, autonome ou humain »

Une autre interrogation qu’il conviendra de lever rapidement concerne la façon dont la personne derrière le volant se comporte : si la police estime qu’un humain n’aurait pas fait mieux, on note que la conductrice quitte par moment la route du regard : est-elle en train de s’assoupir ? Regarde-t-elle son écran de smartphone ? Contrôle-t-elle au contraire un écran embarqué dans le cadre des tests de voiture autonome ?

En effet, il ne s’agit pas juste d’un rapide coup d’œil hors de la route : la durée pendant laquelle la conductrice décroche de la route est relativement longue. Si l’on peut douter qu’elle est en train de regarder son écran de smartphone — sans doute sait-elle que les tests d’Uber impliquent une caméra filmant l’intérieur du véhicule –, il semble qu’il y ait un problème d’attention.

Self-Driving-Uber

Des journalistes en France qui ont eu l’occasion de monter dans une voiture autonome ont fait remarquer qu’il peut s’écouler un certain temps pour qu’un conducteur qui a cédé la conduite de l’automobile au système de bord se remette en condition de conduite : il doit en effet reconsidérer la vitesse de circulation, le trafic, la position du véhicule, reprendre les commandes de la voiture et ainsi de suite.

Pas sûr, dans ces conditions, que face à l’imminence d’un accident, même en ayant gardé les yeux constamment sur la route, la conductrice de sécurité ait pu de toute façon faire quoi que ce soit, le délai d’intervention paraissant bien trop court. L’enquête est toutefois toujours en cours et, outre l’intervention de la police, les autorités de régulation aux USA sont aussi engagées dans cette affaire.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.