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En chacun de nous sommeille un troll (c'est la science qui le dit)

Nous aurions tous en nous un troll qui sommeille : voici le résultat d'une étude menée par des universitaires américains. Mais, pas de panique : cet alter ego maléfique du web ne surgirait que dans le cas d'une conjonction précise de facteurs.

En général, sur Internet, on a plutôt tendance à dire « Don't feed the troll » et fuir le flot de paroles désagréables (quand elles ne sont pas haineuses ou injurieuses) que déversent une minorité d'individus sur le web. Sabotant une conversation, et poussant des réseaux sociaux à employer toutes sortes de stratagèmes pour les neutraliser, les trolls sont rarement accueillis à bras ouverts. Ou alors, dans un cas exceptionnel, comme celui d'une étude qui vient d'être publiée par deux universités américaines. Leur verdict : d'après la science, n'importe qui pourrait devenir un troll sur Internet. Attendez, on vous explique.

Dans cette enquête menée par des chercheurs de Standford et Cornell, intitulée Anyone Can Become a Troll: Causes of Trolling Behavior in Online Discussions, on nous explique donc que, oui, tout le monde peut devenir un troll. Mais attention, la précision est importante, dans certaines circonstances. Pour affirmer cela, les universitaires ont mis en place l'expérimentation suivante sur un panel d'individus : ils leur ont posé soit des questions très basiques, soit très compliquées, afin d'influencer volontairement leur humeur.

On ne naît pas troll, on le devient ?

Ensuite, les participants ont été lâchés (filons la métaphore du troll jusqu'au bout) en face d'un ordinateur, une section dédiée aux commentaires d'articles ouverte devant eux, et prête à recevoir leur propre commentaire. Parmi les participants, certains se sont retrouvés face à une page déjà bien fournie en trolls, par des utilisateurs précédents.

Du côté des individus auxquels on a posé des questions simples, et qui n'ont pas vu de commentaire trollesque sur l'écran, les chercheurs ont constaté que 35 % d'entre eux ont publié des commentaires désagréables ou haineux. Le nombre grimpe à 50 % dans le cas où l'un des deux paramètres a été modifié. Si on leur avait posé des questions difficiles, ils n'avaient pas vu de trolls précédant leur commentaire. Inversement, on leur avait posé des questions simples, tout en les confrontant ensuite à des commentaires négatifs.

La suite, vous vous y attendez certainement : parmi les personnes qui ont dû répondre à des questions compliquées et qui ont vu des trolls avant d'écrire leur publication, 68 % ont écrit des commentaires dignes d'être signalés.

« Le fait de troller provient à la fois de facteurs innés et de facteurs situationnels : là où des travaux ont déjà discuté la première affirmation, le nôtre s'est concentré sur la deuxième, et révèle dans ce dernier cas qu'à la fois l'humeur et le contexte d'une discussion peuvent conduire à avoir un comportement trollesque  », en déduit l'étude dans sa conclusion. Pour le dire plus simplement, il suffirait donc d'avoir passé une mauvaise journée et d'une discussion désagréable pour réveiller le troll qui sommeille en chacun de nous sur la toile.

Comme on peut comprendre qu'il n'est pas forcément très agréable d'apprendre qu'on est ainsi susceptible d'être soi-même un troll, penchons-nous un instant sur le protocole de recherche des universitaires. Avant d'en venir à cette conclusion, l'équipe de recherche indique avoir étudié un échantillon plutôt impressionnant de commentaires, produit sur des années.

Une spirale de la négativité

Ils se sont tout particulièrement attardés sur le moment de leur publication, pour voir s'il pouvait influencer les publications d'une personne. Et ça n'a pas loupé : les internautes qui avaient tendance à publier en début de semaine, ou tard dans la nuit étaient plus susceptibles que les autres de voir leurs messages signalés.

Les chercheurs expliquent en outre avoir remarqué que l'on pouvait prédire l'écriture d'un troll en fonction des commentaires qui le précèdent (et non en fonction de son auteur): si le post précédent est de nature trollesque, il y aurait grandes chances pour que le suivant le soit aussi. Même une personne a priori bien intentionnée aurait tendance à se laisser aller à troller, et ce d'autant plus si elle se trouve dans un état de fatigue ou d'énervement. Bref, une véritable « spirale de la négativité » puisque l'attitude de chacun des participants pourraient conduire à leur tour les autres personnes à troller.

L'étude n'en excuse pas pour autant les auteurs de trolls et ne dément pas l'idée qu'il n'y aurait pas des personnes qui ont tendance à troller plus que d'autres. D'ailleurs, il semblerait que les trolls soient tout aussi hostiles avec leur vraie identitéMais elle ouvre cependant une perspective intéressant pour permettre aux communautés sur internet de mieux contrôler les commentaires. Même si on imagine mal les trolls disparaître un jour de la toile, peut-être permettra-t-elle de limiter les situations où des gens bien intentionnés tendent à se transformer en grands méchants trolls.