Asus lance sa première console portable. Ou, plutôt, un PC déguisé en console portable et tournant sous Windows 11. Entre les performances et l’ergonomie, il est difficile de ne pas tomber amoureux.

L’Asus Rog Ally pouvait d’abord ressembler à une blague. Il faut dire que lorsque l’on décide d’officialiser sa console un 1er avril, ce n’est jamais une riche idée si l’on cherche à être sérieux. Pourtant, sérieuse, la Rog Ally l’est. On parle d’une console portable ultra-puissante, pensée pour concurrencer le Steam Deck. À un détail près : il s’agit moins d’une console que d’un PC qui se prendrait pour une console. Cette machine tourne sous Windows 11, avec tout ce que cela implique en termes de qualités (la polyvalence en tête) et de défauts (il faut parfois allumer un cierge pour que tout marche).

Le succès du Steam Deck, dont la promesse est de permettre un accès à tout ou partie de sa collection de jeux acquis sur Steam, a prouvé qu’il y a un marché pour ce genre de « consoles portables ». On a d’ailleurs vu d’autres marques s’y essayer. Mais Asus est sans conteste la première entreprise à laquelle on a envie de croire, depuis Valve. Son héritage sur le segment du gaming parle pour celle qui sait concevoir des produits réussis pour les joueuses et les joueurs. La Rog Ally s’inscrit dans ce positionnement. Elle est vraiment bluffante.

Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

À côté de la Rog Ally, le Steam Deck ressemble à un prototype

Disponibilité

L’Asus Rog Ally sera disponible à compter du 13 juin, avec des précommandes qui débutent le 11 mai. Le prix ? 799 €, soit quelques dizaines d’euros de plus que le Steam Deck le plus cher.

Il n’y a pas besoin d’ouvrir les yeux très grand pour constater l’évidence : si vous mettez un Steam Deck à côté d’une Rog Ally, il est impensable de préférer la solution de Valve. La « console » d’Asus ressemble à un produit peaufiné et fini, quand sa principale rivale fait penser à un prototype sorti d’un placard du département R&D.

Asus a bien bossé son sujet, si on met de côté la finition blanche (qui finira par se salir). On perçoit un joli travail de sculpture et de texture, qui attire le regard et, plus important, enrichit l’ergonomie. À l’arrière, la Rog Ally est bombée de chaque côté pour donner de la matière à nos paumes. Asus a même pensé au grip, y compris sur les gâchettes. La disposition des touches est calquée sur celle d’une manette Xbox (avec des sticks asymétriques). Elles entourent un joli écran 7 pouces en 1080p, rafraîchi à 120 Hz. Dommage qu’il ne soit pas OLED, quand on sait que même la Switch est pourvue de cette technologie d’affichage.

Avant Arrière

En mains, la Rog Ally est agréable pour de multiples raisons :

  • Les touches rappelant l’ADN Xbox sont parfaites et accessibles ;
  • Les sticks sont très souples ;
  • À l’arrière, les deux boutons programmables tombent naturellement sous le majeur, ce qui donne envie de les utiliser (ce n’est pas toujours le cas avec ce type de bouton) ;
  • Les mensurations se situent entre une Switch et un Steam Deck, ce qui n’est ni trop petit, ni trop gros ;
  • Les gâchettes donnent l’impression d’appuyer sur du coton, un constat agréable ;
  • La console reste malgré tout légère, avec un peu plus de 600 grammes sur la balance (soit un peu plus de 100 grammes qu’un iPad) ;
  • La chauffe est maîtrisée, grâce à deux ventilateurs (qui ne soufflent pas comme des turbines) et un système de refroidissement bien pensé.

Il n’y a qu’une ombre dans ce tableau idyllique : la croix directionnelle n’est pas très agréable, ni au toucher, ni au son, ni à la vue. Aussi, Asus pourrait fournir une pochette de transport, surtout au prix de la Rog Ally (800 €).

Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Le cercle lumineux autour des sticks peut être personnalisé // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Des performances vertigineuses

La Asus Rog Ally est basée sur une architecture AMD, avec une puce Ryzen Z1 Extreme (Zen 4, soit la dernière génération), couplée à un processeur graphique RDNA 3 (là encore, c’est la dernière génération), 16 Go de RAM et un stockage SSD de 512 Go. En face, le Steam Deck, disponible depuis plusieurs mois, doit se contenter d’une fiche technique moins avancée (Zen 2 et RDNA 2). C’est la dure loi de la perpétuelle évolution technologique, et on peut affirmer que la Rog Ally a de quoi voir venir.

On ne vous assommera pas de benchmarks qui ne vous diront probablement pas grand-chose sur les performances concrètes. Retenez plutôt ça : on a lancé plusieurs gros jeux sur l’Asus Rog Ally, notamment Elden Ring, Forza Horizon 5 et Gears 5. Dans les trois cas, on a été subjugués par le rendu graphique, d’une finesse inouïe pour un produit aussi petit. Le niveau de détails est hallucinant et les textures ne sont jamais grossières. Surtout, les jeux tournent à 60 fps sans rechigner, avec un framerate qui ne tombe jamais sous les 50 fps dans une production visuellement généreuse comme Forza Horizon 5.

Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Steam Deck versus Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Bref, vous n’aurez aucun problème à convaincre n’importe qui en faisant essayer la Rog Ally. D’autant que l’écran 1080p suffisamment lumineux (500 nits) apporte un vrai confort pour les yeux. On s’imagine déjà en train d’enchaîner les sessions dans son lit, sans besoin de passer par un gros PC portable qui chauffe et fait du bruit. C’est le principal atout de la Rog Ally : offrir des performances inespérées dans un format compact et nomade. C’est un luxe pour celles et ceux qui sont exigeants sur les conditions de jeu. En tout cas, on a hâte d’enchaîner les heures sur Diablo IV, en priant pour une bonne optimisation.

Vous n’aurez aucun problème à convaincre n’importe qui en faisant essayer la Rog Ally

En prime, la partie sonore suit. On peut rire de la promesse du Dolby Atmos, il n’empêche que les haut-parleurs sont d’excellente facture, avec une belle réserve de puissance et un son aéré. Dans un jeu comme Gears 5, compatible avec le Dolby Atmos, on arrive même à percevoir quelques effets bien localisés (exemple : une voix qui vient vraiment de la gauche si le personnage se trouve à gauche).

Malheureusement, au regard de ces prestations qui donnent envie, la Rog Ally ne fait pas de miracle sur l’autonomie. Si vous parvenez à atteindre les 1h30 sur Forza Horizon 5, ce sera déjà honorable. Sur ce point, la console ne fait guère mieux qu’un PC portable gonflé aux hormones qui ferait tourner un jeu avec tous les paramètres graphiques à fond. Vous pourrez toujours y jouer en la laissant branchée grâce à la prise secteur fournie (le câble est un peu court, hélas).

Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
L’interface Armory Crate SE réunit tous vos jeux installés // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Dommage pour Windows 11

La force du Steam Deck est d’offrir une expérience proche d’une console grâce à son interface maison : SteamOS. La navigation y est très agréable et on retrouve tout ce qui fait la simplicité d’une ergonomie logicielle sans prise de tête (y compris une boutique pour gonfler sa collection). Contrainte par Windows 11, la Rog Ally ne peut pas proposer une philosophie aussi limpide, puisque les défauts du système d’exploitation de Microsoft seront toujours là pour vous rappeler que vous jouez sur un PC.

Asus Rog Ally // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Eh oui, c’est Windows 11 // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Pendant nos quelques jours avec la Asus Rog Ally, on a subi quelques problèmes imputables à Windows 11 :

  • Des frictions dans la navigation, qui se perd parfois entre l’écran tactile et les boutons physiques ;
  • Des jeux ou apps qui refusent de se lancer (alors qu’ils se lançaient très bien la veille) ;
  • Les éternelles mises à jour, qui gâchent le plaisir ;
  • Des fenêtres qui ne s’affichent pas correctement ;
  • Des menus de jeu qui pensent qu’on joue au clavier.

Asus s’efforce malgré tout d’améliorer la copie grâce à sa propre surcouche logicielle, baptisée Armory Crate SE (spécialement développée pour la Rog Ally). Lancée dès l’allumage par-dessus Windows 11, mais un peu austère dans sa présentation, elle cherche à agréger tous vos jeux vidéo au même endroit, qu’importe la plateforme d’où ils viennent (Steam, Epic Games Store, Xbox…). Surtout, elle est nécessaire pour lancer les jeux, qui seront bien mieux préréglés quand vous passez par elle (on n’a jamais rien retouché). Il y a d’ailleurs un bouton qui permet d’accéder rapidement à un centre de contrôle pour jouer sur des paramètres cruciaux (limiteur de fps, définition, fréquence de rafraîchissement). Quand tout fonctionne bien, l’illusion de jouer à une vraie console est là. Mais Windows 11 reste un souci auquel Asus ne peut rien.

Il y a quand même un avantage à faire malgré tout confiance à Windows 11 : la polyvalence. La Rog Ally peut faire tourner des milliers de jeux, qu’ils soient installés ou lus en streaming, sans besoin de (trop) bidouiller. Elle peut aussi devenir un vrai PC de bureau si on ajoute un dock, un clavier et une souris. C’est une vraie force pour le produit d’Asus, sachant que des mises à jour devraient continuellement améliorer l’expérience.

Le verdict

Pour un produit qui a d’abord ressemblé à une blague partagée un 1er avril, la Rog Ally d’Asus est une sacrée réussite. La promesse de faire mieux que le Steam Deck est là, pour les critères qui comptent. Entre les performances vertigineuses, le design joli et le confort de jeu, il y a matière à être conquis par la proposition d’Asus, certes chère (800 €).

La Asus Rog Ally a néanmoins un défaut majeur : Windows 11. Le système d’exploitation de Microsoft est là pour rappeler qu’il ne s’agit pas vraiment d’une console, mais pas d’un PC qui veut se prendre pour une console. On espère que de futures mises à jour continueront de peaufiner l’expérience, car la Rog Ally fait vraiment rêver quand tout marche bien.

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