Un internaute raconte de quelle façon il s’est servi de ChatGPT alors que sa chienne était malade. Un premier vétérinaire n’avait pas réussi à poser un bon diagnostic. En partageant l’analyse de sang dans l’IA, une hypothèse a été avancée, qui s’est avérée correcte, auprès d’un deuxième vétérinaire.

Les intelligences artificielles comme ChatGPT remplaceront-elles un jour les médecins et les vétérinaires ? Elles pourraient en tout cas devenir de solides assistants pour aiguiller leur réflexion, poser un diagnostic, interpréter des données ou déceler une affliction, parfois de manière précoce, en analysant des milliers de données.

Sassy Peakcooper
Sassy, la chienne en question. // Source : Peakcooper

Un témoignage apparu sur Twitter le 25 mars va justement dans ce sens. Un internaute, signant sous le pseudonyme de Peakcooper, a écrit plusieurs tweets sur l’histoire de sa chienne, qui a eu de gros ennuis de santé. Selon lui, il a pu utiliser la nouvelle version du chatbot de la société américaine OpenAI, baptisée ChatGPT, pour sauver la vie de son animal de compagnie.

Dans le récit qu’il fait, Peakcooper raconte que sa chienne est tombée malade à la suite d’une infection véhiculée par les tiques. L’intéressé s’est donc rendu dans une clinique vétérinaire pour qu’on lui administre le traitement approprié. Dans un premier temps, son état a semblé s’améliorer, avant toutefois de s’aggraver. Il est donc retourné chez le véto.

Une analyse de sang est alors faite et une anémie (une baisse anormale du taux d’hémoglobine dans le sang) est détectée, « encore plus grave » que celle qui avait été observée lors de la toute première consultation. « Le vétérinaire a fait d’autres tests pour exclure toute autre co-infection associée aux maladies transmises par les tiques, mais ils se sont révélés négatifs », relate-t-il.

Pendant ce temps, la chienne va de plus en plus mal et le vétérinaire n’a aucune idée des causes de son affliction. Pour le propriétaire, il est impossible de suivre le conseil l’invitant à « attendre et voir ce qui se passerait », en laissant l’animal sous observation. Il décide alors d’aller voir un second vétérinaire pour obtenir un avis complémentaire.

ChatGPT mobilisé pour faire un diagnostic depuis des résultats d’un test de sang

Mais avant de décrocher ce second rendez-vous pour un examen complémentaire, Peakcooper explique avoir songé à questionner ChatGPT pour lui demander ce qu’il en pensait : « Il m’est venu à l’esprit que les diagnostics médicaux semblaient être le genre de choses pour lesquelles le GPT4 pourrait potentiellement être très bon, et j’ai donc décrit la situation de manière très détaillée. »

GPT-4 est la nouvelle version du modèle de langage qui permet à ChatGPT de fonctionner. Cette génération a été dévoilée à la mi-mars, avec des capacités de traitement largement étendues. Entre autres choses, OpenAI désire laisser son IA pouvoir effectuer certaines tâches en ligne, et par ailleurs puiser des informations bien plus récentes.

C’est en reproduisant l’analyse sanguine de sa chienne dans ChatGPT, en détaillant les informations aussi précisément que possible, que le chatbot a avancé des pistes de réflexion. Il a toutefois précisé, au passage, que l’IA n’est pas un vétérinaire (une mise en garde bienvenue et nécessaire, mais qui n’apparaît pas toujours, comme l’a relevé une étude sur la désinformation).

Peakcooper indique avoir demandé à ChatGPT de réfléchir à d’autres problèmes sous-jacents pouvant correspondre au problème décrit. Il a sorti plusieurs hypothèses, dont celle de l’anémie hémolytique à médiation immunitaire (AHMI). Or, c’était la plus probable, selon Peakcooper, car les autres avaient été écartées (que ce soit des co-infections ou une hémorragie interne).

Contacté par Numerama, Peakcooper a bien voulu nous répondre le 27 mars. Il a accepté de nous envoyer en privé des documents médicaux produits par le tout premier vétérinaire — les valeurs concordent avec à ce qu’il a mis dans ses captures d’écran sur Twitter et dans ChatGPT. Les dates correspondent également à son récit.

Source : Numerama
ChatGPT génère des réponses en fonction des instructions qu’on lui demande. Plus les formules sont précises et complètes, meilleurs sont les retours du chatbot. // Source : Numerama

Selon le site MonVét, l’AHMI résulte d’une destruction accrue des globules rouges. C’est une maladie assez commune chez le chien. Le deuxième vétérinaire a reconnu que c’était une hypothèse plausible pour la chienne. Une nouvelle prise de sang et d’autres tests plus tard, le diagnostic a été confirmé. ChatGPT avait avancé une piste valable — parmi d’autres, néanmoins. « Nous avons mis la chienne sous traitement et elle s’est presque complètement rétablie », ajoute Peakcooper à la fin de son témoignage. Ce qu’il ne comprend pas, c’est la raison pour laquelle le premier vétérinaire n’a pas immédiatement trouvé le souci, s’il s’agit d’une affliction courante. Il note aussi que GPT-3.5, l’ancienne version de ChatGPT, « n’avait pas pu poser le bon diagnostic. »

Une aide à la décision

Le récit rapporté par Peakcooper, dont des détails supplémentaires ont été partagés avec Numerama, constitue un cas d’usage fascinant d’une intelligence artificielle pour accompagner la réflexion, y compris pour des professions nécessitant de longues années d’études. ChatGPT n’a pas remplacé ici le vétérinaire, mais il a agi comme un assistant.

Une autre photo de Sassy, envoyé par Peakcooper à Numerama // Source : Peakcooper
Une autre photo de Sassy, envoyé par Peakcooper à Numerama. // Source : Peakcooper

Dans la nuit, le propriétaire, inquiet pour son animal (qui était donc resté en observation) et craignant que le véto passe à côté de quelque chose, s’en remet à ChatGPT. Juste avant, raconte l’internaute à Numerama, il avait reçu un appel lui annonçant la dégradation de l’état de santé de Sassy, vers 2 heures du matin. Un coup de fil qui explique un certain désarroi l’amenant à chercher de l’aide partout.

Outre l’instruction envoyée à ChatGPT, l’intéressé a cherché une banque de sang pour une transfusion sanguine ou un chien donneur. « Nous avons passé environ une heure à chercher des banques de sang et à appeler toutes les cliniques, puis nous avons obtenu la chienne et nous sommes allés chez le deuxième vétérinaire le plus rapidement possible », rapporte-t-il.

Bien qu’il ne s’agisse que d’un témoignage, avec les limites que cela comporte, cette histoire ouvre des perspectives fascinantes pour la suite. En somme, ChatGPT a agi comme une encyclopédie médicale intelligente. C’est d’autant plus remarquable que l’outil a été utilisé par un particulier. Entre les mains d’un ou d’une spécialiste, on peut tabler sur une utilisation plus efficiente encore.

Il convient de rappeler que l’IA peut se tromper ou faire fausse route. Par le passé, l’IA d’IBM avait donné de mauvais conseils pour traiter des cancers (sur ces cas hypothétiques et non sur des patients). Cela montre aussi l’importance de la qualité des données sur lesquels les IA sont entraînées, et des prompts (des instructions). Plus elles sont précises et claires, mieux l’IA travaille.

À la suite de notre prise de contact, Peakcooper a publié un autre fil Twitter dans lequel il montre la manière dont il a interagi avec ChatGPT. « Notez qu’à part lui dire quels tests ont été effectués, il n’y a pas de conseils de ma part ou de tentative de l’orienter dans une certaine direction, je lui demande simplement quelle est l’option la plus probable. »

Et d’ajouter à l’attention d’OpenAI : si l’entreprise souhaite des informations plus complètes sur cette histoire, Peakcooper les tient à disposition — les résultats des tests sanguins, ainsi que le dossier médical complet de la chienne.

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