Chez certains utilisateurs de YouTube, la 4K est désormais présentée comme une option exclusive à l’abonnement YouTube Premium. On comprend l’intention, mais on doute qu’il s’agisse de la bonne direction.

Comme toute entreprise, YouTube veut gagner de l’argent. Pour y parvenir, le service de Google mise beaucoup sur son abonnement YouTube Premium, qui permet notamment de se débarrasser de la publicité (un service que Numerama apprécie particulièrement, comme nous vous l’avions raconté dans un article).

Le problème de Google, c’est que peu d’utilisateurs semblent vraiment intéressés par YouTube Premium. Il faut dire que l’abonnement coûte cher (11,99 euros par mois), que les publicités peuvent être supprimées gratuitement avec des ad-blockers et que les contenus originaux promis par Google, appelés YouTube Originals, ont été abandonnés. Pour vous convaincre de vous abonner, Google semble changer de stratégie. Progressivement, l’expérience par défaut sur YouTube semble se détériorer. Une stratégie aussi énervante pour les utilisateurs que mauvaise stratégiquement.

4K, publicités, fonctions… Le jeu dangereux de YouTube

Le dernier épisode en date concerne la 4K. Comme l’ont remarqué plusieurs utilisateurs sur Reddit, YouTube envisage de rendre payante la diffusion de vidéos en ultra haute définition, alors qu’elle a toujours été gratuite.

Si ce changement venait à être déployé mondialement, cela veut dire que les utilisateurs de YouTube devraient se contenter de 1440p au maximum, y compris sur leur téléviseur 4K ou 8K. Pour débloquer la qualité maximale, il faudrait impérativement payer l’abonnement YouTube Premium. On trouve ça très regrettable, d’autant plus que Google devrait justement pousser la 4K pour en faire un standard, pas une option payante.

Ce n’est pas la première fois que YouTube bride la qualité pour ses utilisateurs standards. Comme l’ont remarqué quelques puristes, il est impossible de regarder des vidéos en 4K HDR sur un iPhone si l’on n’est pas abonné à YouTube Premium. Là encore, YouTube joue avec les limites.

D’autres exemples vont dans le sens d’une baisse volontaire de l’expérience YouTube pour pousser la vente d’abonnements. Par exemple, le nombre de publicités ne cesse d’augmenter ces derniers temps, à tel point que l’on abandonne parfois la lecture d’une vidéo. Certaines nouvelles fonctions pourtant basiques, comme le Picture in Picture, ont aussi été réservées aux abonnés payants. YouTube Premium devient peu à peu le vrai YouTube, alors que YouTube gratuit est une version allégée.

L'interface de YouTube Premium et de YouTube Music, avec la possibilité de télécharger. // Source : Numerama
L’interface de YouTube Premium et de YouTube Music, avec la possibilité de télécharger. // Source : Numerama

Enfin, rappelons que YouTube Premium dispose d’une autre fonction exclusive : le téléchargement de vidéos. Pour le coup, c’est moins choquant. C’est typiquement le type de choses qui doivent être réservées à celles et ceux qui payent. C’est à Google de trouver le bon équilibre pour créer un service payant intéressant sans détruire l’expérience principale.

L’erreur de Google : le timing

La 4K ne devrait pas être une option payante, c’est un fait. Tout comme le fait que YouTube n’est plus dans la position de force qu’il occupait auparavant.

En effet, comme toutes les autres plateformes sociales, YouTube souffre de la concurrence de TikTok qui lui vole de plus en plus de temps d’écran. Il s’agit ici de l’autre erreur de Google. En ces temps de turbulence pour les réseaux sociaux, YouTube devrait tout faire pour que ses utilisateurs restent, l’adorent et passent plus de temps chez lui. Donner l’impression qu’il n’estime que les abonnés payants est contre-productif et va juste inciter les utilisateurs à partir ailleurs, comme sur TikTok.

Bref, Google semble s’égarer avec ce changement de stratégie. Il risque juste de faire du mal à YouTube, sans pour autant augmenter significativement son nombre d’abonnés payants.


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