Les internautes se voient régulièrement invités à modifier leur usage de la tech pour réduire leur empreinte carbone. Mais quel est l’impact réel du numérique sur le climat en France ? Une étude de l’Arcep et de l’Ademe permet de remettre les choses en perspective.

Vider sa boîte mail. Passer moins de temps devant Netflix. Fermer les applications qui tournent en arrière-plan. Les internautes reçoivent régulièrement des suggestions de gestes écolos un peu culpabilisants qui semblent suggérer que si le climat se dérègle, c’est parce qu’ils passent trop de temps à regarder des vidéos de chats sur internet.

Ces recommandations détournent cependant l’attention de ce qui contribue vraiment (vraiment) beaucoup au changement climatique. Un rapport de l’Arcep et de l’Ademe publié le 19 janvier 2022 vient opportunément nous le rappeler. Le gendarme des télécoms et l’agence de la transition écologique ont évalué l’empreinte environnementale du numérique en France. Et les émissions de gaz à effet de serre générées par ce secteur restent très modérées comparé à d’autres.

Source : Jezael Melgoza / Unsplash
Source : Jezael Melgoza / Unsplash

Le numérique est responsable de 2,5 % des émissions carbone

L’Ademe et l’Arcep révèlent ainsi que le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France. Il suffit de mettre ce chiffre en regard avec l’impact d’autres secteurs pour voir immédiatement à quel point la suppression de nos vieux mails n’est pas la priorité en matière de climat. En France, en 2019, le secteur de transport était ainsi responsable de 31 % des émissions de gaz à effet de serre et l’industrie manufacturière de 18 %. L’agriculture, quant à elle, en avait généré 19 %, notamment à cause des émissions, par le bétail, de ce puissant gaz à effet de serre qu’est le méthane (il piège 80 fois plus de chaleur que le CO2).

Ces écarts montrent bien que ce n’est pas en réduisant nos sessions Netflix que nous allons pouvoir atteindre la neutralité carbone. Pour ramener à zéro d’ici 2050 nos émissions de gaz à effet de serre, il est nécessaire d’électrifier tout ce qui peut l’être, notamment nos véhicules, tout en verdissant notre production d’électricité.

Les autres politiques qui auront un impact important sur le climat sont à chercher du côté de l’alimentation (réduction de la consommation de viande) et du bâtiment (isolation énergétique, etc.).

S’intéresser au hardware plus qu’aux données mobiles

Le rapport de l’Arcep et de l’Ademe permet aussi d’identifier précisément quels sont les leviers réellement pertinents pour réduire l’empreinte carbone du numérique. Même si son impact est bien moindre que celui des transports, le numérique devra, comme tous les pans de notre économie, basculer vers le zéro carbone. Les géants de la tech recourent de plus en plus aux énergies renouvelables pour alimenter leurs sites, notamment leurs data center. Mais il reste un levier sur lequel il est urgent de se pencher, et non, ce n’est pas notre consommation de données mobiles.

Ce qui a l’impact environnemental le plus lourd dans le secteur numérique, souligne le rapport de l’Arcep et de l’Ademe, ce sont nos équipements eux-mêmes (téléphones, ordinateurs, etc.). « Des trois composantes du numérique qui constituent le périmètre de l’étude, ce sont les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) qui sont à l’origine de 65 à 90 % de l’impact environnemental, selon l’indicateur environnemental considéré », souligne le communiqué de presse des deux agences.

Si l’impact environnemental des équipements tech est significatif, c’est que leur fabrication demande beaucoup d’énergie. Ces appareils requièrent du reste une quantité importante de métaux stratégiques qui nécessitent eux-mêmes « beaucoup de ressources et d’énergie pour leur extraction », souligne le rapport. Et pour réduire réellement cet impact-là, il faudra se pencher sérieusement sur les contraintes de réparabilité et de recyclage à mettre en place dans ce secteur.

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