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Un groupe antivaccins poursuit Facebook en justice, mais c'est absurde

Les groupes complotistes ne cessent d'attaquer des réseaux sociaux et organismes de factchecking en justice, alors même que ces plaintes sont injustifiées. Le but : se nourrir de leur marginalisation.

Robert F. Kennedy Jr est un complotiste notoire : il a fondé le groupe « antivax» Children’s Health Defense, qui diffuse des thèses scientifiquement infondées sur les vaccins. Ce 18 août 2020, comme l'a repéré The Verge, le groupe a décidé d'attaquer en justice Facebook (ainsi que trois entreprises de factchecking). La raison ? Le fait que le réseau social bannisse dorénavant les campagnes publicitaires mensongères sur les vaccins et les réseaux 5G, et que les factcheckers visés labellisent les publications orientées de cette façon comme contenus mensongers. Facebook a également empêché la page de Childen's Health Defense de lever des fonds.

Le groupe de Robert F. Kennedy Jr fait reposer sa plainte sur l'idée que Facebook et les factcheckers en question ont réduit de 95 % le trafic vers le site de Childen's Health Defense, et que cela donne une image « peu flatteuse » de l'organisation. Celle-ci reproche à cette labellisation de laisser entendre que Childen's Health Defense ne serait pas fiable et promouvrait des affirmations scientifiquement incorrectes.

Sauf que, justement, Children's Health Defense n'est pas fiable et promeut des affirmations scientifiquement incorrectes. C'est bien la raison pour laquelle le réseau social et les organismes de factchecking labellisent tout à fait légitimement ce contenu comme étant mensonger : il l'est.

Contrairement à ce que prétend Childen's Health Defense et son fondateur, les vaccins sauvent surtout des vies, et c'est plutôt la rhétorique « antivax » qui met en danger la santé de millions d'enfants. Les vaccins ne sont pas non plus à l'origine de l'autisme. Les thèses antivax ne reposent pas sur la science (tout comme celles qui prétendent que la 5G rend malade du coronavirus, entre autres). Ces fausses idées ne peuvent donc pas être considérées comme des idées normales parmi d'autres, et doivent être marquées comme fausses.

Une façon de se nourrir de marginalité

Ce procès a peu de chances de réussite. Comme le relève The Verge, il y a eu d'autres procès aux États-Unis intentés par des groupes conservateurs diffusant des propos racistes, homophobes, islamophobes, climatosceptiques, ou encore de fausses informations sur le coronavirus. Le problème est déjà, évidemment, que tout ceci ne relève pas d'opinions, mais de discriminations ou bien d'allégations mensongères, car ne reposant pas sur des preuves scientifiques. D'un point de vue strictement légal, ces plaintes se basaient sur l'idée que les réseaux sociaux concernés modéraient sur la base de biais politiques... or cette base a été moult fois rejetée en justice. En général, les réseaux sociaux sont même plutôt invités à améliorer la modération de ces fausses informations.

Alors, à quoi bon attaquer en justice les réseaux sociaux et les organismes de factchecking ? La stratégie est celle de la déstabilisation : rendre plus coûteux et complexe le fact checking contre ces allégations mensongères. Il y a également la logique de se démarquer le plus possible comme en opposition avec « tous les autres », et notamment ce qui peut relever d'une autorité : en voyant sa plainte rejetée en justice, l'organisme peut montrer une image de martyr auprès de sa communauté partisane, crier à la censure (ce n'est pas le cas) ou au diktat du nouvel ordre mondial (non plus).

Comme nous le disait un psychologue de la croyance au sujet des anti-masques, le complotisme se nourrit de sa propre marginalisation. « Les gens très convaincus, cela peut même les conforter dans leur avis. Ils se diront qu’ils sont discriminés, qu’ils ont la vérité contre tout le monde. Plus ils sont seuls et isolés plus ils se disent avoir la preuve qu’ils ont raison. » C'est aussi la raison pour laquelle le complotisme devient de plus en plus quelque chose de revendiqué publiquementLes organismes comme celui de Robert F. Kennedy Jr s'appuient sur cette mécanique, avec ce type de plaintes. Le développement de ce type de procès montre donc que les antivax et autres complotistes diffusant de la pseudoscience se sentent de plus en plus légitimes à exister dans l'espace public, mais aussi qu'ils veulent jouer d'une image marginale pour s'en nourrir.