Est-il possible d’intégrer notre ADN à un yaourt, comme c’est le cas dans la série Love, Death and Robots sur Netflix ?

Dans La Revanche du Yaourt, les produits laitiers si savoureux ont pris le pouvoir sur terre. L’épisode de la série Love, Death & Robots, produite par (entre autres) David Fincher, est sorti sur Netflix le 15 mars 2019. Des scientifiques y sont parvenus à greffer de l’ADN humain au Lactobacillus delbrueckii, bactérie responsable de la fermentation du yaourt. Résultat : le dessert prend vie, et développe une intelligence inégalée, bien plus grande que celle des humains.

Mais est-ce seulement une fiction ?

Capture d'écran Love, Death and Robots // Source : Netflix

Capture d'écran Love, Death and Robots

Source : Netflix

Implanter de l’ADN humain dans un yaourt

Pour rendre notre yaourt vivant, il nous faudrait d’abord implanter de l’ADN humain dans un lactobacille. C’est un genre de bactérie qui produit des molécules pour acidifier le milieu dans lequel il se trouve. C’est également un ferment, qui est présent soit naturellement dans le lait, soit sous forme de poudre industrielle lyophilisée — intégrée dans le lait au moment du caillage. Le lactobacille est mixé avec d’autres bactéries pour donner différents types de yaourts ou de fromages.

Premier obstacle : la structure de nos cellules n’est pas la même que les leurs. La bactérie n’a qu’un sac dans lequel flotte son ADN, alors que chez nous, ce sont une quinzaine de compartiments différents. Le hic, c’est que l’ADN humain doit forcément passer par plusieurs d’entre eux pour s’exprimer.

Lactobacillus delbrueckii // Source : Better Know a Microbe

Lactobacillus delbrueckii

Source : Better Know a Microbe

« L’ADN est une machinerie cellulaire, explique Sébastien Vacher, docteur en microbiologie, auprès de Numerama. Il suit une séquence qui le transcrit en molécules d’ARN pour ensuite former des protéines. » Or, cette machinerie est beaucoup plus complexe chez l’Homo sapiens et la bactérie pourrait difficilement faire s’exprimer l’ADN étranger.

Autre barrière : comment déposer tout ce génome sans se faire recaler à l’entrée ? Un moyen existe : les plasmides. Ce sont des molécules d’ADN provenant d’autres bactéries et contenant généralement le caractère résistant aux antibiotiques. En introduisant notre ADN dans un plasmide, il aurait une chance de rentrer.  « Du moins, si les mécanismes de défense ne l’éjectent pas », précise Sébastien Vacher.

Plus de chances que cela arrive avec un cochon qu’un yaourt

La structure cellulaire d’une bactérie (procaryote, sans noyau) est éloignée de celle de l’humain (eucaryote, avec noyau).

Nous sommes donc beaucoup plus proches dans notre fonctionnement de nos voisins mammifères, qui possèdent ce noyau, que des bactéries. En 2017 par exemple, des chercheurs ont publié dans la revue Cell leurs expériences de création d’embryons chimères contenant des cellules souches humaines et porcines. Il y a donc plus de chance qu’une telle opération fonctionne un jour avec un cochon qu’avec un pot de crème fraîche… Ce n’est donc pas demain que vous pourrez papoter avec vos produits laitiers.

Source : Montage Numerama

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