La troisième « super lune » de 2019 est annoncée pour le 21 mars. Que se passera-t-il exactement dans le ciel ? Pourquoi cette expression est-elle trompeuse sur le plan scientifique ? Voici comment observer ce phénomène.

La troisième « super lune » de l’année 2019 a eu lieu dans la nuit du 20 au 21 mars. Si vous avez déjà levé les yeux vers le ciel le 19 février dernier, vous avez sans doute constaté que l’expression populaire désignant ce phénomène astronomique est trompeuse.

Notre satellite devient-il vraiment devenir énorme et brillant le soir d’une « super lune » ? « Ce n’est pas très spectaculaire et il n’y a aucun changement observable au cours de la nuit », nous indique l’Observatoire de Jolimont à Toulouse. « À l’œil, ce n’est pas extraordinaire », nous confirme Sébastien Derriere de l’Observatoire de Strasbourg.

Voici ce qu’il fallait savoir sur le (modeste) spectacle offert par l’astre dans la nuit.

Comment l’observer ?

Quand fallait-il lever les yeux vers le ciel ? Le phénomène de la « super lune » est le plus prononcé « aux alentours de 1 heure du matin, le 21 mars », nous répond Sébastien Derriere. L’astronome de l’Observatoire de Strasbourg précise cependant que le spectacle est moins manifeste que lors de la précédente « super lune » survenue en février.

L’observation de notre satellite pouvait commencer dès le coucher du Soleil, le 20 mars. Il a eu lieu à 19h02 (horaire de Paris). La Lune s’est levée à 18h21. Le crépuscule, c’est-à-dire le moment où le Soleil est suffisamment sous l’horizon pour qu’il fasse sombre, s’est produit à 19h34.

Le Soleil s’est levé à 6h54 le matin du 21 mars. Cependant, vous aviez encore le loisir d’observer la Lune quelques minutes : son coucher était prévu pour 7h27.

L’expression « super lune » est trompeuse

Pour les astronomes professionnels, la « super lune » n’existe pas. Cette expression n’a rien d’officiel, car elle n’a pas de sens sur le plan scientifique. Lors du dernier événement similaire, en février 2019, Jean-Luc Dauvergne de l’Association française d’astronomie avait déjà souligné qu’il risquait d’être « strictement imperceptible » à nos yeux.

Le phénomène est difficile à percevoir. // Source : Flickr/CC/Karen Roe

Le phénomène est difficile à percevoir.

Source : Flickr/CC/Karen Roe

Que se passe-t-il vraiment dans le ciel lors d’une « super lune » ? Vous pouvez en réalité observer un phénomène nommé « périgée-syzygie ». Pour qu’il se produise, deux situations doivent exister presque simultanément : la pleine lune et le périgée.

Le premier élément est assez facile à comprendre. Ce 21 mars 2019, notre satellite est entré dans l’une de ses phases lunaires (une lunaison est un cycle de 29 jours environ) connue sous le nom de pleine lune. Le satellite est éclairé par le soleil en entier. « La pleine lune ne dure que quelques minutes, mais on arrondit ce phénomène à la journée », explique notre interlocuteur de l’Observatoire de Strasbourg. Le 21 mars, la pleine lune s’est produite à 2h42, depuis l’hexagone.

Qu’est-ce que le périgée ?

Quant au périgée, que signifie-t-il ? Pour comprendre cette notion, il faut imaginer la Lune en train de tourner autour de notre planète. Le tracé de ce mouvement n’est pas un cercle mais une ellipse. Pendant les 27,3 jours qu’il faut à la Lune pour faire un tour complet de cette ellipse, la distance qui la sépare de nous n’est pas toujours la même.

À environ 405 500 kilomètres de la Terre environ, la Lune est à son point le plus éloigné de la planète : on dit qu’elle est à son apogée. À 363 300 kilomètres environ, elle est à son point le plus proche de nous : on parle du périgée. À chaque orbite, la Lune atteint ces deux points.

Le périgée a eu lieu le 19 mars 2019 vers 20h48 : la Lune était à moins de 360 000 kilomètres de distance de la Terre. Le changement du diamètre apparent de la Lune est difficile à voir depuis la Terre. « Il faut être un expert pour le percevoir à l’œil nu », assure Sébastien Derriere.

Pourquoi une lunaison (environ 29 jours) est-elle plus longue que le temps qu’il faut à la Lune pour parcourir son ellipse (environ 27 jours) ? « Le temps que la Lune parcoure son orbite, la Terre a bougé autour du Soleil », rappelle Sébastien Derriere. La Lune rattrape ce décalage en deux jours.

En sachant cela, on comprend mieux pourquoi l’expression « super lune » est floue et insuffisante. Rien n’indique à quel point le moment de la pleine lune et celui du périgée doivent être proches pour qualifier la lune de « super ». Les astronomes préfèrent utiliser le terme de syzygie pour désigner le moment où la Terre, la Lune et le Soleil sont alignés. L’expression complète « périgée-syzygie » est ainsi préférée pour décrire le phénomène que vous verrez dans le ciel.

On parle plutôt de « périgée-syzygie »

En d’autres termes, une « super lune » fait référence au moment où coïncident presque la pleine lune et l’instant où l’astre est à son point le plus proche de la Terre. Contrairement à certaines croyances, la « super lune » n’est pas à l’origine d’événements dramatiques sur la Terre. Elle n’est pas responsable de crues, de séismes ou d’éruptions volcaniques.

C’est bien une Lune à son périgée-syzygie qu’il était possible d’observer dans la nuit du 20 au 21 mars.

Une première version de cet article mentionnait que la « super lune » aurait lieu dans la nuit du 21 au 22 mars 2019. Il a été mis à jour depuis.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.