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Vous aimez les lémuriens ? Partager leur photo mignonne sur les réseaux sociaux ne leur rend pas service

Les lémuriens sont une espèce menacée. Des chercheuses estiment que partager des images mignonnes d'eux sur les réseaux sociaux contribuerait à encourager le trafic illégal.

Oui, les lémuriens sont des animaux très mignons. Mais il ne faudrait pas pour autant partager des photos ou vidéos de ces animaux. Cela encouragerait leur trafic illégal, d'après une étude publiée le 9 janvier par des chercheuses rattachées à l'université américaine Duke.

Une vidéo virale vue plus de 20 millions de fois

Les biologistes se sont intéressées au réseau social Twitter et aux images virales de lémuriens qu'on peut y trouver. Elles se sont focalisées sur une vidéo en particulier. On voit un lémurien en train de se faire gratter le dos par deux petits garçons, dans un village malgache. À chaque fois que les garçons font une pause, le lémurien se retourne vers eux, et leur désigne son dos, pour qu'ils recommencent.

https://twitter.com/RobChristie11/status/1087822703288111105

Cette vidéo date de 2016, mais elle est encore largement partagée. Les chercheuses racontent que la vidéo originale a été visionnée 20 millions de fois sur Facebook. Sur Twitter, elles ont recensé 14 000 tweets la concernant rien que durant les quatre mois suivant la première diffusion en ligne.

Dans ces tweets, de nombreux internautes disent vouloir adopter un lémurien pour en faire leur animal de compagnie. On compte deux fois plus de « Je veux un lémurien domestique », « où je peux en trouver un ? », ou autres phrases de ce type par rapport à deux périodes comparatives, en 2013 et 2018.

Des lémuriens en cage dans les hôtels pour les touristes

Ces commentaires semblent à première vue être du second degré. Aucun ne mentionne d'ailleurs explicitement l'adoption ou l'achat de lémuriens. Mais ils encourageraient malgré tout le trafic de lémuriens.

Les biologistes de l'université de Duke notent ainsi que les recherches Google et YouTube contenant les termes « pet lemur » (lémurien domestique en français) ont explosé en 2016, toujours par rapport à 2013 et 2018.

À Madagascar, le seul endroit où ces primates vivent encore à l'état sauvage, le trafic de lémuriens est illégal. Depuis 2010, 28 000 lémuriens ont pourtant été capturés. Beaucoup sont placés, explique Tara Clarke, professeure en anthropologie, dans des hôtels et restaurants de l'île. Ils servent à appâter les touristes, qui les caressent et prennent des selfies avec eux. La plupart du temps, ils sont gardés en cage, seuls, avec une laisse. Ils sont nourris avec des aliments destinés aux humains comme du riz, qui sont bien éloignés de leur régime naturel.

La biologiste Kim Reuter, co-autrice de l'étude, explique par ailleurs que les selfies pris avec des lémuriens sont devenus un symbole de réussite sociale pour beaucoup de Malgaches.

Le lémurien, une espèce en danger

Sur les 100 espèces connues de lémuriens, une trentaine fait l'objet de trafic. Les lémuriens à queue annelée sont particulièrement touchés par ce fléau. Il en existait environ 750 000 il y a 20 ans. Aujourd'hui, leur nombre est estimé à 5 000. C'est de cette espèce dont les utilisateurs de Twitter voudraient le plus, selon l'étude.

Il est difficile d'établir une corrélation directe et sûre entre l'engouement sur les réseaux sociaux pour les lémuriens et leur braconnage. L'étude des chercheuses de l'université de Duke n'est cependant pas la première à faire état d'un lien entre les deux phénomènes. Des études ont montré que les photos prises par des touristes avec certaines espèces de singes avaient elles aussi des effets pervers. Elles laissent penser que ces espèces ne sont pas en danger, alors que c'est pourtant le cas. Elles associent aussi le singe à l'image d'un animal domestiqué et domesticable.

En novembre 2018, une vidéo virale montrant un ourson en train d'escalader une montagne pour rejoindre sa mère a fait polémique. Pour la prendre, un propriétaire de drones a en effet pris le risque d'effrayer les animaux et les a mis en danger. Des défenseurs des animaux ont appelé à ne pas partager la vidéo sur les réseaux sociaux, aussi « mignonne » soit-elle au premier abord.