Sébastien Martinez est champion de France de la mémoire. La bande dessinée « Une Mémoire de roi » s’inspire des moyens mnémotechniques qu’il utilise. Attention, imagination et répétition : il nous a présenté ses astuces pour ne rien oublier.

« Pour être performant, il ne faut pas être né génie. Il faut connaître les méthodes pour pouvoir s’entraîner. » Sébastien Martinez s’apprête à nous donner les clés de la mémorisation. Il est presque 17 heures, dans un café parisien ce 7 novembre. Devant nous, l’ingénieur qui a gagné le championnat de France de la mémoire en 2015 feuillette une bande dessinée.

L’ouvrage est baptisé Une Mémoire de roi. En compagnie du dessinateur Mathieu Burniat, Sébastien Martinez tente de démontrer au lecteur, probablement convaincu d’avoir une mauvaise mémoire, qu’il suffit de faire appel à son imagination pour ne plus avoir peur d’oublier des informations.

Notre mémoire n’a aucune limite

« Notre mémoire n’a aucune limite. Tout dépend de la manière dont nous la sollicitons. » Le roi de Léthésie ne se souvient lui non plus jamais de rien, jusqu’au jour où il est convié à un bal. Pour impressionner les diplomates étrangers, il va devoir suivre les enseignements d’un personnage loufoque, le professeur Simonide de Céos. C’est lui qui enseigne au lecteur les techniques de mémorisation aujourd’hui adoptées au quotidien par Sébastien Martinez.

La bande dessinée Une mémoire de roi. // Source : Photo Lucie Bellet pour Numerama

La bande dessinée Une mémoire de roi.

Source : Photo Lucie Bellet pour Numerama

3 étapes vers la mémoire à long terme

En 2009, alors qu’il est encore élève ingénieur à l’École nationale supérieure des mines d’Alès, Sébastien Martinez commence à s’intéresser aux techniques de mémorisation. « J’ai eu un déclic : sans méthode, je mémorisais 5 mots sur 20. Avec une méthode, j’obtenais un 20 sur 20 », se souvient-il. Il lance sa propre entreprise en 2012, qui propose des formations pour découvrir comment améliorer sa mémoire.

Le spécialiste de la mémoire nous explique que sa technique repose sur 3 piliers. L’un après l’autre, ils constituent les étapes qui permettent à celui ou celle qui veut mémoriser de faire entrer l’information « dans la mémoire du court au long terme. »

  • Être attentif : « pour entrer dans la mémoire à court terme »,
  • Associer dans l’imaginaire : « pour entrer dans la mémoire à long terme, il faut être capable d’imaginer »,
  • Répéter : « pour stabiliser dans le long terme, il faut consolider, c’est à dire revoir. »

Pour retenir que la capitale politique de l’Australie est Canberra, le professeur chargé de l’éducation du roi de Léthésie lui demande de faire appel à son imagination. Il finit par se représenter un kangourou, qui lui rappelle ce pays, en train de boire une « canette de bière »… expression dont les sonorités font penser à « Canberra. »

Sébastien Martinez, auteur de la bande dessinée Une mémoire de roi. // Source : Photo Lucie Bellet pour Numerama

Sébastien Martinez, auteur de la bande dessinée Une mémoire de roi.

Source : Photo Lucie Bellet pour Numerama

À court terme, 7 éléments en 30 secondes

Pourquoi ce transfert de la mémoire à court terme vers le long terme est-il si essentiel ? « Dans les stratégies de mémorisation, l’idée c’est de prendre conscience de biais : la mémoire à court terme est limitée. Scientifiquement, on estime qu’on peut retenir 7 éléments et que cela dure moins de 30 secondes », rappelle Sébastien Martinez.

Ce sont ces étapes que le héros de la bande dessinée Une Mémoire de roi découvre, jouant ainsi les intermédiaires pour le lecteur : il peut lui aussi s’entraîner en avançant dans sa lecture, avec une série de pages dédiées à des exercices. « La bande dessinée permet aux gens de s’approprier les techniques de façon plus autonome », nous assure Sébastien Martinez, convaincu que chacun peut développer sa mémoire.

Ce processus n’est pas naturel

Pourquoi avons-nous parfois l’impression que la mémoire est sélective, et que nous n’arriverons pas à retenir certaines informations ?« On pense à tort que le processus est naturel : quand on ne met pas de mots dessus, on en vient à se dire que l’on n’a pas de mémoire et on minimise les moments où l’on y arrive », nous répond le formateur de 31 ans.

Il nous confesse d’ailleurs que son titre de champion de France de mémoire ne suffit pas à le prémunir des oublis. « Quand je n’arrive pas à retenir une information, c’est toujours parce que je n’ai pas respecté l’une des trois étapes. […] Dans mon quotidien, mémoriser devient un non-sujet », conclut Sébastien Martinez avec un sourire.


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