Les conversations qu’entretenaient les 3 astronautes de la mission Apollo 11 en 1969 ont été numérisées avant qu’il ne soit trop tard. Il n’existe plus qu’une machine capable de lire les cassettes sur lesquelles elles sont enregistrées.

Des milliers d’heures d’enregistrements audio effectués sur de vieilles cassettes ont été numérisées par des ingénieurs américains… Et il était temps : comme le racontait le site Inside Science le 26 octobre, il n’existe plus qu’un appareil dans le monde qui permette de passer d’un format à l’autre.

Des cassettes enregistrées en 1969

Les enregistrements originaux ont été effectués en juillet 1969, tout au long de la mission Apollo 11. Trois astronautes en faisaient partie : Buzz Aldrin, Michael Collins et Neil Amstrong. Ils ont été, le 20 du mois, les premiers humains à marcher sur la Lune.

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Les astronautes de la mission Apollo 11, en juin 1969.

Source : Nasa

Plusieurs milliers d’heures ont été enregistrées au total. On y entend les conversations entre les astronautes et l’équipe chargée du bon déroulement de la mission depuis la Terre.

Depuis 1969, la grande majorité de ces enregistrements a été conservée sur des cassettes dans un lieu de stockage d’archives, et est restée confidentielle : seuls quelques extraits, comme les premiers mots prononcés par Neil Amstrong alors qu’il posait le pied sur la Lune, ont été rendus publics.

C’est un peu par hasard qu’un groupe d’ingénieurs s’est mis en tête de les numériser. Comme l’explique Inside Science, ils cherchaient à développer des outils pour améliorer les enregistrements audio où l’on entend non pas une personne seule, mais un groupe. Ils avaient pour cela besoin de données. John Hansen, l’un des ingénieurs qui travaille à l’Université du Texas aux États-Unis, a alors contacté la NASA pour lui demander s’ils n’avaient pas quelques enregistrements à lui fournir.

Un seul appareil dans le monde capable de lire ces cassettes

La Nasa avait bien des données correspondant à sa demande, comme celles de la mission Apollo 11, mais il subsistait un problème, et non des moindres… Les cassettes de la NASA ne pouvaient être lues que grâce à un appareil bien spécifique, appelé le SoundScriber. Or il ne reste dans le monde que 2 exemplaires de ces appareils.

La NASA, heureusement, détient les deux. L’un, explique-t-elle, n’est plus en état de fonctionnement. Certaines de ses pièces détachées ont été utilisées pour réparer le dernier SoundScriber, lui-même endommagé.

L’agence, se rendant compte que les cassettes audio « souvenirs » de la mission Apollo 11 étaient menacées, est allée rechercher un ancien technicien qui avait développé le SoundScriber, et qui était depuis parti à la retraite. Ce dernier a remis la dernière machine en parfait état de marche. John Hansen et son équipe l’ont ensuite adaptée de façon à pouvoir numériser les cassettes, tout en essayant de les abîmer le moins possible.

Un algorithme pour décrypter les enregistrements de la NASA

Il aura fallu des mois, à raison de 5 jours par semaine, pour faire tourner les cassettes de la mission Apollo 11 et quelques unes d’Apollo 13, Apollo 1 et Gemini 8, puis enregistrer leur contenu au format numérique – la tâche été confiée à un étudiant, qui, on l’espère, a été récompensé pour sa patience.

Ensuite, John Hansen et son équipe ont analysé les 19 000 heures de contenus – mis en ligne pour le public sur le site Explore Apollo–, et les ont confronté à un algorithme de reconnaissance vocale qu’ils avaient développé. Ils ont ainsi réussi à identifier les personnes qui parlaient, ou leur état d’esprit (négatif, ou plutôt positif).

Les ingénieurs espèrent que leurs travaux ne seront pas uniquement utiles dans le cadre de l’archivage d’anciennes données audio. Ils pensent qu’ils serviront à aider des équipes à mieux communiquer à distance. Cela pourrait être utile pour des astronautes, mais également, expliquent-ils, pour des unités militaires dans une situation d’urgence.


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