Les abeilles ont peut-être quelque chose à nous apprendre pour travailler efficacement en groupe. Grâce à un signal vibrant, que viennent d’enregistrer des chercheurs, certaines d’entre elles incitent les moins actives à se mettre au travail.

Les fourmis ne sont pas les seuls insectes dont nous pourrions nous inspirer pour être plus efficaces au sein de la startup nation. Les abeilles savent aussi comment favoriser la cohésion du groupe, pour réussir à travailler à plusieurs. Grâce à un ingénieux système de vibrations, ces petits fabricants de miel réussissent à faire augmenter les performances des membres les moins actifs du groupe.

Dans une étude publiée le 1er octobre 2018 au sein de la revue Scientific Reports, trois chercheurs de la Nottingham Trent University (Angleterre) sont parvenus à enregistrer les sons émis par les abeilles pour inciter leurs congénères à travailler davantage. Ils les ont enregistrés pendant plus d’un an, dans trois ruches situées en Angleterre et en France.

Des vibrations pour « se préparer à une activité intense »

Pour identifier les « vibrations abdominales dorso-ventrales » (DVAV) des abeilles, les chercheurs ont installé un accéléromètre dans ces ruches. Cela leur a permis de capter ce son caractéristique des insectes, qui leur sert de signal pour prévenir les membres les moins performants de « se préparer à une activité intense. » Les scientifiques ont mis en ligne leur enregistrement, que vous pouvez écouter ici.

Pour inciter les abeilles les plus fainéantes à s'activer, les autres insectes émettent une vibration. // Source : Pxhere/CC0 Domaine public (photo recadrée)

Pour inciter les abeilles les plus fainéantes à s'activer, les autres insectes émettent une vibration.

Source : Pxhere/CC0 Domaine public (photo recadrée)

Les chercheurs rappellent que les abeilles sont des insectes eusociaux, qui sont divisés en castes en fonction du rôle qu’ils jouent dans le groupe (par exemple, les membres chargés de la reproduction et ceux chargés de la nourriture). Dans cette organisation, qui forme ce qu’on appelle un superorganisme, la division du travail assure la pérennité de l’ensemble du groupe.

Les abeilles sont alors confrontées à un défi : comment s’assurer de la bonne coordination de ce superorganisme ? Une petite partie du groupe émet des vibrations pour signifier aux abeilles les plus « fainéantes » quand elles doivent devenir plus actives.

Des économies d’énergie

« Les abeilles se reposent pour économiser leur énergie lorsqu’elles n’ont pas besoin d’être actives, et certaines réveillent les autres lorsqu’il est temps de commencer à travailler », explique Martin Bencsik, l’un des auteurs de l’étude, dans un communiqué de la Nottingham Trent University — où il travaille en tant que professeur associé.

Les abeilles qui se reposent recommencent à travailler quand d'autres émettent des vibrations. // Source : Pexels/CC/Johann Piber (photo recadrée)

Les abeilles qui se reposent recommencent à travailler quand d'autres émettent des vibrations.

Source : Pexels/CC/Johann Piber (photo recadrée)

Une « danse vibratoire »

Le son, décrit par la communauté scientifique sous les noms de « danse vibratoire » (« vibration dance ») ou encore « signal d’agitation » (« shaking signal ») permet d’influencer la conduite des autres abeilles : il ne semble pas s’agir d’un ordre, mais d’une incitation à la performance.

Comme le fait remarquer New Scientist, les chercheurs notent que les abeilles qui émettent ces vibrations « ont tendance à être les travailleuses les plus âgées de la caste chargée de butiner. » Toutes les abeilles ne rappellent pas à l’ordre les moins actives en utilisant ces vibrations : seules « 13 % des travailleuses émettent des signaux DVAV au cours de leur vie. »

13 % des travailleuses émettent ces vibrations

Les abeilles qui vibrent utilisent ce signal dans deux cas de figure : quand il faut rechercher de la nourriture ou lors de l’essaimage (quand un essaim quitte la ruche pour s’installer dans une nouvelle colonie). Les insectes auquel le bruit est destiné ont alors tendance à se déplacer plus rapidement : plus largement, le « taux global des activités menées dans la ruche » augmente, écrivent les trois chercheurs.

La fascination scientifique pour la manière dont les abeilles communiquent afin d’organiser leur travail pourrait un jour se heurter à une limite : la raréfaction de ces insectes est si préoccupante que des robots ont déjà été créés pour les remplacer.

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