Des vers qui se développent dans le corps d’insectes se multiplient. Cela pourrait avoir d’importantes conséquences sur l’écosystème.

Aux États-Unis, des chercheurs étudient depuis quelques mois des vers un brin envahissants. Ces derniers élisent domicile dans le corps d’autres insectes, notamment dans celui de criquets.

Ben Hanelt, biologiste à l’université de l’État du Nouveau-Mexique, et l’une de ses étudiantes, Rachel Swanteson-Franz, se sont penchés sur la question, rapporte le journal spécialisé Popular Science.

Des vers manipulateurs qui poussent des criquets au suicide

Les vers en question sont des nématomorphes. Longs et fins, ces parasites naissent dans l’eau ou des environnements très humides, et peuvent mesurer plusieurs dizaines de centimètres. Ils se développent ensuite à l’intérieur d’autres espèces, principalement des insectes. Ils y entrent en tant que larve, y évoluent en occupant tout le corps à l’exception de la tête et des pattes, et en ressortent sous forme de ver adulte.

Pour parvenir à leurs fins, certains n’hésitent pas à manipuler l’insecte dans lequel ils vivent. Par exemple, une étude publiée en 2002 montrait que des sauterelles infestées avaient plus tendance que leurs congénères à chercher de l’eau et y sauter. Un comportement susceptible de leur coûter la vie, du fait du risque élevé de noyade. Les vers eux, profitent d’être dans l’eau pour s’y reproduire avec d’autres nématomorphes.

Des comportements similaires ont été observés par Ben Hanelt et Rachel Swanteson-Franz, 16 ans plus tard. Ils ont mis des criquets qui contenaient des vers dans l’eau. À peine y étaient-ils plongés, que les nématomorphes sortaient de leur corps.

Selon eux, le comportement des criquets ne changerait qu’une fois que les vers ont atteint l’âge adulte, et qu’ils ont besoin de retourner dans l’eau pour se reproduire.

L’écosystème bouleversé par les nématomorphes

Ces spécimens, qui existent aussi en France, sont connus depuis de nombreuses années. Mais ils prolifèrent depuis peu. Au Nouveau-Mexique et ailleurs aux États-Unis, explique Popular Science, il est désormais très courant d’en trouver, « dans les bols d’eau des chiens ou, plus troublant, dans les toilettes ».

il s’agirait d’une « attaque zombie de niveau mondial »

Selon le média américain, il s’agirait ni plus ni moins que d’une « attaque zombie de niveau mondial ». Celle-ci serait d’autant plus inquiétante que les vers peuvent vivre à plusieurs dans un même criquet. Ben Hanelt a réussi à en faire entrer plus de 30 – qui ont fini par s’échapper au contact de l’eau sans tuer leur hôte.

On ignore encore quelles pourraient être les conséquences sur d’autres espèces comme les oiseaux, qui peuvent manger des criquets à vers, ou les poissons, qui voient arriver dans leur habitat naturel des insectes qu’ils n’avaient pas l’habitude de déguster.

Au Japon, une étude réalisée en 2011 dans différents plans d’eau a montré que plus de la moitié des truites trouvées avaient des criquets dans leur estomac. Les insectes représentaient même leur première source d’alimentation.

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