Avec leur scénario, des astronomes ont résolu l’énigme de l’existence de la comète Tchouri, visitée il y a quelques années par la sonde Rosetta et l’atterrisseur Philae.

Lorsque la sonde spatiale Rosetta a été dépêchée par l’Agence spatiale européenne pour récolter des données sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko (« Tchouri »), le public en est presque venu à davantage s’intéresser au sort du véhicule qu’à l’objet céleste lui-même. En effet, après l’extinction de l’atterrisseur Philae, Rosetta a été précipitée à la surface de Tchouri.

Mais il serait regrettable de perdre de vue l’intérêt scientifique d’une telle mission, car de nouvelles hypothèses sont en train d’émerger. Un an et demi après la fin de la mission, une équipe internationale d’astronomes a développé un nouveau scénario pour expliquer la naissance de la comète, en s’appuyant sur une simulation opérée par la plateforme de calcul Mésocentre Sigamm.

La comète Tchouri.

La comète Tchouri.
CC Esa

Survie de matière

Selon les scientifiques, même dans le cas d’une « collision destructrice entre deux comètes », toute la matière n’est pas nécessairement détruite. Certes, celle qui se trouve au niveau du point d’impact est pulvérisée, du fait de la masse respective de chaque corps céleste et de leur vitesse relative, la réduisant à l’état de poussières. Mais à l’exact opposé, une certaine résistance peut être observée.

Des morceaux peuvent « être éjectés à des vitesses relatives suffisamment faibles pour s’attirer et se ré-accumuler en formant de nombreux petits corps, qui s’agglutinent à leur tour pour n’en former qu’un seul », explique le Centre national de la recherche scientifique. Et cette phase ne prend pas des millions d’années : au contraire, elle est très brève, de l’ordre de « quelques jours, voire quelques heures ».

Ce scénario offre plusieurs avantages : d’abord, il explique l’aspect général de Tchouri, avec des trous et des couches stratifiées qui « se seraient bâtis naturellement lors du processus de ré-accumulation, ou plus tard après sa formation ». Ensuite, il permet de comprendre pourquoi des comètes formées récemment ont gardé leur « composition primordiale », car toute la matière n’est pas détruite à chaque collision de ce type.

Tchouri comète

CC Esa

Un scénario qui résout une énigme

Mais surtout, il résout un problème scientifique : l’apparente longévité de Tchouri, alors que la comète se balade dans une région spatiale assez encombrée — la ceinture de Kuiper, un anneau de comètes situé au-delà de Neptune. En effet, l’hypothèse admise jusqu’à présent était que ces comètes se formaient dans les premières phases du Système solaire, il y a plus de 4 milliards d’années.

« Comment des corps de la taille de Tchouri et aussi fragiles, nés il y a si longtemps, ont-ils pu survivre jusqu’à nous, alors qu’ils sont soumis constamment aux collisions dans les régions où ils évoluent ? », s’interrogeaient les scientifiques. En effet, dans la ceinture de Kuiper, les objets célestes peuvent se percuter à la vitesse d’un kilomètre par seconde.

Avec ce scénario, l’énigme de l’existence de Tchouri est résolue : la comète « a pu naître à n’importe quel moment de l’histoire du Système solaire et pas forcément à ses débuts, comme cela semblait acquis, réglant le problème de sa survie pendant si longtemps ». Et même si elle a subi des collisions durant son existence, son caractère primitif, principal intérêt des scientifiques, est resté intact.

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