Un astronaute japonais en mission à bord de la station spatiale internationale a annoncé qu’il avait grandi de 9 centimètres… avant de s’apercevoir que sa mesure était erronée. Il a en fait pris 2 centimètres, une conséquence connue de la vie en orbite sur le corps humain.

Vivre dans l’espace n’est pas une bonne idée si vous tenez à votre cerveau (ou votre organisme, de manière générale). Pour mettre en évidence la nocivité de l’environnement spatial, la Nasa a observé simultanément l’évolution de jumeaux astronautes dont l’un est resté sur Terre tandis que l’autre a été envoyé dans l’espace.

Parmi les divers effets de l’espace sur le corps, il y a celui de l’écart de taille que l’on peut mesurer. En effet, certains astronautes partis en mission semblent avoir gagné quelques centimètres. Faut-il en conclure que le corps humain s’allonge dans l’espace, de la même manière qu’il croît pendant l’enfance ? Pas exactement.

« Wow, j’avais grandi jusqu’à 9 centimètres »

Un tweet, récemment publié par un astronaute japonais, invite à considérer d’un peu plus près ce phénomène. Le 9 janvier 2018, Norishige Kanai s’est étonné de constater qu’il avait énormément grandi depuis le début de son séjour dans la station spatiale internationale (ISS), démarré en décembre.

« Nous avons mesuré nos corps après être entrés dans l’espace, et wow, j’avais grandi jusqu’à 9 centimètres », a écrit l’astronaute sur Twitter. Pourtant, il n’était dans l’espace que depuis trois semaines. Norishige Kanai s’étonnait d’avoir autant grandi, à tel point qu’il s’est demandé s’il ne risquait pas d’être à l’étroit lors du vol retour qui doit le ramener sur Terre en 2018. En effet, les mesures de chaque astronaute sont notamment prises pour s’assurer qu’ils pourront bien entrer dans les sièges du véhicule spatial Soyouz.

Norishige Kanai (à droite), en compagnie de Scott Tingle et Anton Shkaplerov. CC Flickr Nasa

Norishige Kanai (à droite), en compagnie de Scott Tingle et Anton Shkaplerov. CC Flickr Nasa

Il a bien grandi, mais de 2 centimètres

Or, l’astronaute est revenu quelques temps après sa première publication sur Twitter, afin d’expliquer qu’il n’avait pas grandi de 9 centimètres… mais seulement de 2. Norishige Kanai s’est évidemment excusé d’avoir partagé une « fake news », expliquant que la mesure avait été mal prise. L’astronaute s’est tout de même dit soulagé à l’idée de pouvoir repartir un jour de l’ISS.

Le récit et la correction ultérieure de Norishige Kanai ont fait l’objet de commentaires sur les réseaux sociaux mais aussi dans la presse. Cela étant, au-delà de l’anecdote, cette histoire met en lumière un phénomène d’allongement que subissent les personnes allant dans l’espace, du fait d’une relative détente au niveau de la colonne vertébrale, du fait de l’affaiblissement de l’impact de la pesanteur.

En 2013, la Nasa avait confirmé que les astronautes pouvaient voir leur taille croître jusqu’à 3 % supplémentaires. Autrement dit, une personne mesurant 1,80 mètre est susceptible de mesurer 1,85 mètre dans l’espace, soit un gain de 5 centimètres.

En orbite, la colonne vertébrale s’allonge

Dans un contexte de gravité plus faible, le volume des disques intervertébraux augmente, allongeant mécaniquement la colonne vertébrale. Mais, une fois sur Terre, les astronautes affectés par ce changement retrouvent leur taille normale en quelques mois — au prix de quelques épisodes douloureux et au risque de souffrir d’une hernie discale. Le phénomène d’accroissement n’est donc pas définitif.

Les conséquences du voyage spatial sur l’organisme sont complexes et font régulièrement l’objet d’expérimentations. D’où l’intérêt, également, de soumettre les astronautes de retour de l’ISS à toute une batterie d’examens, afin de comprendre plus finement les effets physiologiques du voyage spatial. Et d’en tirer éventuellement profit pour traiter des cas médicaux qui, eux, sont bien terrestres.

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