Les abeilles ont un mode de communication notamment fondé sur une sorte de danse, en forme de 8, à base de frétillements. Il y aurait une forme d’éducation.

Pour communiquer, les abeilles dansent en se frétillant. Une technique pour, par exemple, indiquer la localisation d’une nouvelle ruche à installer ou une zone avec des ressources importantes. C’est un comportement attesté. Mais comment ces danses sont-elles inculquées au sein d’une colonie d’abeilles ? Parus dans Science en mars 2023, des travaux se sont penchés sur la question.

James C. Nieh est l’un des coauteurs de cette étude et confie dans The Conversation que le langage des abeilles est l’un des « exemples les plus complexes de communication non humaine ». Et pour cause, ce frétillement qui ressemble à une danse — et basé des cercles formant une sorte de 8 — contient « la direction, la distance et la qualité d’une ressource ». La longueur des cercles est reliée à la distance ; leur angle est relié à la direction. Pour la qualité, cela dépend de la fréquence de répétition de la danse. Il arrive que des abeilles moins expérimentées fassent des erreurs.

Avec son équipe, James C. Nieh a peu à peu découvert que la complexité de ce mode de communication nécessitait une éducation des jeunes abeilles : elles ont des tuteurs. Ces abeilles enseignantes sont observées par les plus jeunes, moins expérimentées, qui apprennent progressivement à leurs côtés.

Photographie macro d'une abeille en train de « danser », observée par d'autres abeilles. // Source : Scott Camazine/Science Source/Couverture
Photographie macro d’une abeille en train de « danser », observée par d’autres abeilles. // Source : Scott Camazine/Science Source/Couverture

« C’est une forme de culture animale »

Pour mettre à l’épreuve ce mode de communication, ces biologistes ont séparé deux colonies d’abeille :

  • Une première colonie d’abeilles du même âge et aucune plus expérimentée que les autres. Elles ne pouvaient pas observer la danse d’autres abeilles plus âgées.
  • Une seconde colonie de contrôle composée d’abeilles de plusieurs générations.

Résultat : les abeilles de la première colonie faisaient bien davantage d’erreurs pour indiquer aux autres un emplacement pertinent. En l’absence d’abeilles expérimentées pour leur apprendre, leurs compétences étaient bien plus limitées que dans la seconde colonie.

Les auteurs ont mis la première colonie à l’épreuve une nouvelle fois quelque temps plus tard, une fois que les abeilles avaient plus d’expérience individuelle. Elles étaient alors de meilleures danseuses. Elles continuaient toutefois à produire d’importantes erreurs, surtout sur la distance, en la surestimant très souvent. Mais celles de la seconde colonie sont restées constamment bonnes dans leur technique.

Concrètement, cela signifie que les abeilles naissent avec une première connaissance innée de ce mode de communication, mais que celle-ci se développe vraiment à travers un enseignement de la part d’abeilles plus âgées ou plus expérimentées vers les plus jeunes. « Il s’agit du premier exemple connu d’un apprentissage social aussi complexe de la communication chez les insectes et c’est une forme de culture animale », estime James C. Nieh.

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