Depuis l’échec de la mission NS-23, lors de laquelle la fusée New Shepard a dysfonctionné, la société Blue Origin de Jeff Bezos est clouée au sol. Depuis six mois, elle peine à identifier la source de ses malheurs.

12 septembre 2022. Blue Origin rencontrait son premier échec lors d’une mission opérationnelle, après vingt vols réussis. Une minute après le décollage, la propulsion de la fusée New Shepard rencontrait manifestement un gros problème, compte tenu du changement brutal de l’aspect du panache sous le moteur. Juste après, le lanceur commençait à dévier.

C’est à ce moment-là que la capsule au sommet de la fusée a été éjectée à très haute vitesse. Une procédure prévisible : le lanceur intègre un système d’évacuation qui permet d’éloigner très vite le véhicule, lorsque le comportement du booster n’est plus maîtrisé. De fait, ce mécanisme de secours a bien fonctionné — la capsule avait pu être récupérée saine et sauve plus tard.

Six mois ont passé et Blue Origin reste clouée au sol

Pratiquement six mois sont passés depuis ce raté. Or, l’entreprise américaine n’est manifestement pas parvenue à bien comprendre ce qu’il s’est exactement passé ce 12 septembre. D’ailleurs, signe des difficultés rencontrées depuis la mission NS-23 (NS pour New Shepard et 23 pour le numéro de vol), la société spécialisée dans l’aérospatiale n’a plus fait le moindre vol.

Le dernier point d’étape du groupe remonte d’ailleurs au 12 septembre sur son site web. Depuis cette date, aucune mise à jour particulière a été donnée. Sur Twitter, même chose : le vol NS-23 n’est pas mentionné. À vrai dire, les dernières nouvelles sur le sujet ont été décrochées fin février par Space News, au détour d’une conférence se déroulant au Colorado.

« Nous enquêtons actuellement sur cette anomalie et sur sa cause », a ainsi fait savoir Gary Lai, l’architecte en chef de la fusée, cité par nos confrères. « Nous irons au fond des choses. » De toute évidence, Blue Origin n’a pas encore mis le doigt sur la cause de ses désagréments. L’enquête se poursuit visiblement toujours, six mois plus tard.

New Shepard Blue Origin
Le retour d’une capsule sur Terre, ralentie avec trois parachutes. // Source : Blue Origin

Faute de savoir précisément ce qu’il s’est passé et, donc, d’apporter les correctifs nécessaires à la fusée, impossible de débloquer le calendrier des prochains vols. Cela, d’autant plus que Blue Origin a l’ambition de développer du tourisme spatial, en proposant à de fortunés voyageurs un petit tour au-delà des 100 km d’altitude, pour expérimenter la microgravité.

Personne ne se trouvait à bord de la mission NS-23 le 12 septembre dernier. La capsule était alors remplie de charges utiles (commerciales et scientifiques), ce qui en faisait un vol nettement moins sensible qu’une mission avec équipage. Parmi les sept missions précédentes, six accueillaient des civils (entre quatre et six, dont Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon et de Blue Origin).

Dans son commentaire, Gary Lai a affiché une lecture optimiste, en relevant le bon fonctionnement des mécanismes d’évacuation pour préserver l’intégrité de la capsule et sauver l’équipage. Mais, pour ce qui est de la situation du lanceur, le flou demeure. « Je ne peux pas parler de délais ou de plans spécifiques pour savoir quand nous résoudrons cette situation », a-t-il admis.


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