Un pic de mortalité touche les baleines sur la côte ouest des États-Unis. Une grande partie est associée à l’impact humain… et en particulier, l’accroissement des volumes de marchandises transportées par navires.

Sur les côtes de l’Atlantique se déroule un bien triste phénomène. Depuis 2016, environ, on constate un pic de mortalité chez les baleines à bosse, retrouvées échouées sur des plages. Pas moins de 186 décès de ce type ont été répertoriés par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Une enquête du New York Times publiée le 28 février 2023 montre que 23 baleines ont été retrouvées mortes, ne serait-ce qu’entre décembre 2022 et février 2023 — en trois mois seulement.

Mais, que se passe-t-il dans l’Atlantique pour qu’advienne un tel pic de mortalité chez les baleines ? Plusieurs facteurs sont avancés. Parmi eux : l’humanité. « Parmi les baleines examinées, environ 40 % présentaient des signes d’interaction humaine, qu’il s’agisse de collisions avec des navires ou d’enchevêtrements » (avec des filets de pêche, par exemple), indique la NOAA.

Carte des baleines retrouvées mortes sur les côtes états-uniennes de l'Atlantique. // Source : NOAA
Carte des baleines retrouvées mortes sur les côtes états-uniennes de l’Atlantique (2016-2023). // Source : NOAA

« Lorsque les baleines sont dans ces canaux, il faut croiser les doigts »

L’impact de l’humanité prendrait plusieurs formes. Il y a, d’abord, les effets insidieux du changement climatique : des eaux plus chaudes provoquent des modifications du comportement au sein de la biodiversité, déplaçant des populations entières vers des environnements moins favorables. En l’occurrence, les baleines se déplaceraient davantage vers les côtes, pour suivre leurs proies. Ce qui est lié à un second impact : une partie des baleines autopsiées montrent des signes de collision avec un navire. Et, ces collisions semblent s’accroître.

Comme le montre l’enquête du New York Times, c’est là une autre activité humaine qui serait partiellement en cause : le shopping en ligne. Un effet pandémique a déjà été documenté. Mais, cet effet commençait déjà à poindre avant la pandémie : face à des volumes de commandes toujours plus élevés, certains ports deviennent plus actifs ; il y a plus de navires, plus gros. C’est ainsi que le port de New York ou encore celui du New Jersey ont vu leurs volumes de marchandises « monter en flèche » en 2020-2021. Une augmentation de 27 %, depuis 2019.

Ce qui a aussi changé certaines modalités dans le déplacement des navires, met en avant le NY Times. Les bateaux font dorénavant des allers-retours vers le nord, en plus de leur route habituelle vers le sud, pour éviter la stagnation de conteneurs vides et accélérer ainsi la circulation des marchandises. Cette pratique, qui a lieu depuis 6 mois sur la côte ouest de l’Atlantique, a augmenté le trafic maritime, ce qui pourrait expliquer le pic de mortalité encore plus prononcé de ces derniers mois.

Le résultat est assez limpide à saisir : plus de trafic maritime signifie plus de danger pour les baleines — celles-ci étant, qui plus est, davantage amenées à circuler vers les côtes. « Lorsque les baleines sont dans ces canaux, il faut croiser les doigts et espérer qu’il n’y aura pas de collision », déplore Paul Sieswerda, directeur exécutif de Gotham Whale, auprès du NY Times.

Parmi les solutions évoquées par la NOAA, on trouve la limitation des vitesses des navires, abaissée à 10 nœuds, voire moins, afin de réduire les risques de collisions mortelles. L’idée serait notamment d’appliquer de plus fortes limites aux navires… plus petits, ceux-ci étant moins réglementés et causant une grande partie des collisions mortelles. De même, la NOAA suggère d’accroître les limites spatiales de navigation. Cette proposition de réglementation, qui date de juillet 2022, n’a pas encore été adoptée.

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