Le Grand lac salé, aux États-Unis, fait face à une surexploitation de son eau, ce qui provoque une réaction en chaîne propice à sa disparition.

La liste des espèces et des lieux à sauver de la pollution et du changement climatique grandit jour après jour. La Grande barrière de corail, on le sait, est en danger. Une autre merveille naturelle est menacée : le Grand Lac Salé. Plusieurs études ont déjà alerté ; mais un rapport très complet a été publié début 2023.

« Le Grand Lac Salé est confronté à un danger sans précédent. Sans une augmentation spectaculaire du débit d’eau du lac en 2023 et 2024, sa disparition pourrait causer d’immenses dommages à la santé publique, à l’environnement et à l’économie de l’Utah », estime ce rapport.

Mais où est passée l’eau du Grand lac salé ?

Le Grand lac salé est aujourd’hui à un peu plus de 5 mètres au-dessous de son naturel (tel que calculé en 1850) et cette perte en eau a accéléré depuis 2020. Le rapport constate qu’il a perdu 73 % de son eau et 60 % de sa surface. Résultat : « Si ce rythme de perte se poursuit, le lac tel que nous le connaissons est en passe de disparaître dans cinq ans. »

Le Grand lac salé est l'habitat de 10 millions d'oiseaux migrateurs chaque année. // Source : Dr. Dwayne Meadows, NMFS/OPR
Le Grand lac salé est l’habitat de 10 millions d’oiseaux migrateurs chaque année. // Source : Dr. Dwayne Meadows, NMFS/OPR

En cause, une mauvaise utilisation des ressources en eau dans la région : l’eau du lac est surexploitée par l’humanité, pour l’agriculture, l’industrie et les villes. Or, les lacs salés sont très sensibles à la surexploitation, leur équilibre est fragile entre le débit d’eau amené et l’évaporation de celle-ci.

Et cet usage excessif génère une réaction en chaîne. L’écosystème se dessèche et les lits asséchés risquent de libérer davantage de poussière toxique — arsenic, mercure, plomb, cuivre, cyanotoxines –, ce qui met en danger la faune et la flore locale. Le dessèchement entraîne aussi une augmentation du taux de sel, exposant le lac à une saturation en salinité « incompatible avec la chaîne alimentaire du lac ».

L’impact pourrait être plus large, car, comme le met en avant le rapport, le Grand lac salé joue un rôle dans l’écosystème global et même l’économie de tout l’hémisphère ouest. Il représente un habitat et une source de nourriture pour 10 millions d’oiseaux migrateurs chaque année ; et pour une large partie de la faune sauvage de la région. Il joue un rôle dans le cycle des précipitations et soutient 80 % des zones humides du Utah (États-Unis). « Le Grand Lac Salé fournit également de nombreux services écosystémiques, notamment la protection de la qualité de l’air, l’élimination de la pollution de l’eau et la modération du climat local », ajoute le rapport.

Côté humain, le lac et ses zones humides fournissent des ressources naturelles et des milliers d’emplois. Il apporte aussi de la nourriture pour des millions de personnes.

Le rapport appelle à accroître la législation : il faut des règles strictes pour protéger le Grand lac salé et conserver son eau ; en limitant le débit d’extraction à l’aide, notamment, de contraintes financières. Des techniques d’apports, pour réaugmenter le débit d’eau, sont également à envisager, mais la conservation reste la clé.

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