2022 s’est achevée par une Saint-Sylvestre historiquement douce. C’est aussi l’année la plus chaude, détrônant 2020. C’est tout un symbole, à l’issue d’une année caractérisée par l’urgence climatique tant dans les événements extrêmes vécus que dans le débat public.

Entre la publication du 6e rapport du GIEC, le débat public sur les actions écologiques et des vagues de chaleur records, l’année 2022 fut celle de l’urgence climatique. Pour couronner le tout, le passage à l’année 2023 s’est fait sous le signe du réchauffement climatique. La fin décembre a été exceptionnellement douce et Météo-France avait prévenu : l’anomalie thermique, c’est-à-dire l’excédent par rapport à la normale de saison, était prévue à +8 degrés Celsius au moins.

Dans une actualisation de son bilan de la période, le 2 janvier, Météo-France est dorénavant en mesure de préciser les températures. Et, elles sont records. La nuit du 30 au 31 décembre est « la plus douce jamais observée en hiver (décembre/janvier/février) » depuis la surveillance des températures en 1947. La température minimale était de 11,2 degrés. Le précédent record était de 11,1 degrés (19 janvier 2007).

Le célèbre mème This is fine. // Source : KC Green
Ambiance 2022. // Source : KC Green

Il en a résulté plusieurs records locaux en France de température minimale pour la période :

  • Rennes a atteint 14,1° (précédent record : 13,9° le 11 décembre 1961),
  • Nantes : 14,3° (précédent record : 13,8° le 21 décembre 1989),
  • Paris : 14° (précédent record : 14° le 11 décembre 1961),
  • Rouen : 13,2° (précédent record : 12,3° le 22 décembre 2020).

Au total, une trentaine de stations Météo-France ont enregistré un record de ce type. S’ajoutent des records de température maximale. Par exemple :

  • Rennes : 18° (contre 17,8° le 19 décembre 2015),
  • Strasbourg : 18,6° (contre 18,3° le 19 décembre 1965),
  • Abbeville : 16,3° (contre 16,1° le 7 décembre 2000).

« L’année 2023 débute de façon exceptionnelle »

La douceur a continué sur sa lancée pour le premier jour de l’an 2023. « L’année 2023 débute de façon exceptionnelle, même si l’indicateur thermique national, avec 13,3 °C, se positionne un peu en dessous de celui du 31 décembre 2022 », a indiqué Météo-France.

2022, année extrême du climat

À l’échelle de la France, le Nouvel An signe le plus fort excédent thermique… devant celui du 18 juin dernier (qui était déjà de +8,2°) et celui du 28 octobre dernier (+7,4°). Le symbole n’est pas des moindres : même sans ce mois de décembre record, l’année 2022 était déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée en France — bien devant l’année 2020, celle du précédent record.

2022, année la plus chaude // Source : Météo-France
2022, année la plus chaude. // Source : Météo-France

Les événements météorologiques extrêmes ont ponctué l’année qui vient de s’écouler. Plusieurs épisodes de forte chaleur ont marqué la France cet été, mais également une sécheresse historique.

La France est loin d’être seule concernée. L’été 2022 est le plus chaud à l’échelle de l’Europe. Ailleurs dans le monde, l’Inde et le Pakistan ont connu une canicule sans précédent, notamment par sa durée exceptionnelle. Cette chaleur a d’ailleurs causé l’écroulement d’un pont.

L’année 2022 est-elle un aperçu du futur ?

Le changement climatique provoque ou accentue ces anomalies. Il s’agit d’un réchauffement de la planète, et plus globalement d’un dérèglement (il peut donc y avoir d’autres types d’anomalies que la chaleur). Les températures exceptionnellement hautes de l’année sont chaudes par rapport aux normales de saison, mais ces dernières vont, à terme, évoluer à cause de ce dérèglement. « Très chaude dans le climat actuel, l’année 2022 deviendra ‘normale’ au milieu du 21e siècle », alerte ainsi Météo-France.

C’est la fréquence des vagues de chaleur, particulièrement, qui devrait augmenter. Ainsi que leur ampleur. Il existe cependant encore des solutions : dans le 6e rapport du GIEC, le constat est certes alarmant, mais les scientifiques consultés évoquent un grand nombre de solutions, auxquelles il suffirait d’être à l’écoute.

Le débat public s’est intensifié sur l’écologie

La représentation de l’urgence climatique est d’autant plus d’actualité que l’écologie a été au cœur des discussions, cette année. Il faut rappeler que l’année 2022 est celle de la publication des derniers chapitres du 6e rapport du GIEC, un document majeur, à la force scientifique incontestable. Le constat était clair : c’est maintenant ou jamais, car on pourrait approcher un point de non-retour d’ici à trois ans pour maintenir l’augmentation du réchauffement à +1,5° au maximum.

Cette publication s’est combinée à des actualités fortes en matière d’écologie :

  • La COP27, événement actuel dédié à la gestion de l’urgence climatique à l’échelle internationale, a été décevante quant aux solutions d’atténuation, tout en aboutissant tout de même au projet historique d’un fonds pour les pertes et dommages. Les détails de la mise en œuvre ne sont pas encore connus.
  • La COP15 Biodiversité (tout aussi importante) a conclu un accord pour protéger 30 % de la biodiversité mondiale. Là encore, reste à ce que ce soit concrétisé.
  • L’usage immodéré du jet, par l’ex-Premier ministre Jean Castex, a été fortement dénoncé durant une période symbolique : la campagne présidentielle.
  • La campagne présidentielle, d’ailleurs, a démontré la place encore restreinte de l’écologie dans la politique française, en particulier durant le débat télévisé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
  • Des actions de jeunes écologistes ont été marquantes : des tableaux (protégés par une vitrine) ont été aspergés, et des routes bloquées. Ces actions, parfois décrites comme « impopulaires », car faites pour choquer et alerter, ont créé une forte polémique médiatique.
  • La Coupe du Monde de Football 2022 a été marquante par la catastrophe écologique qu’elle représente, dans l’indifférence générale, malgré un vague boycott (aussi motivé par l’atteinte aux droits humains du Qatar).

Cerise sur le gâteau : pour ses vœux du Nouvel An, le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré : « Qui aurait pu prédire la crise climatique ? ». Une déclaration qui aura fait bondir les scientifiques tant elle est fausse : le premier rapport du GIEC date de 1990 et des alertes ont été sonnées encore avant.

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