C’est un joli pied de nez que les Américains font à la censure par le biais d’Amazon. Mi-janvier, la décision d’une école américaine de bannir le roman graphique sur la Shoah Maus de leur programme scolaire a déclenché une vive polémique. Dans cette bande dessinée monument, Art Spiegelman raconte les souvenirs de son père rescapé de la Shoah et la manière dont les nazis ont persécuté les juifs (respectivement représentés sous la forme de chats et de souris). Une oeuvre magistrale qui a d’ailleurs été la première BD à recevoir un prix Pulitzer en 1992.
Maus est en tête des ventes sur Amazon US
Mais le 10 janvier, le conseil d’administration de l’école McMinn County School, située au Tennessee a décidé de bannir cette œuvre du programme scolaire des élèves de huitième année (l’équivalent de notre 4e). Motif ? La présence de huit gros mots dans la BD et d’un dessin de femme dénudée.
Une décision dénoncée par des citoyens de la région, mais aussi par des personnalités. « Il n’y a qu’un seul type de personnes qui voteraient pour interdire Maus, quel que soit le nom qu’ils se donnent ces jours-ci. », écrit ainsi sur Twitter, l’auteur de renom Neil Gaiman. Le propriétaire de la libraire de Knoxville Nirvana Comics a ainsi décidé de mettre gratuitement l’œuvre à disposition des jeunes de la région, révèle CNBC. Il a aussi lancé une campagne GoFundMe, afin d’acheter davantage d’exemplaires à prêter.
La censure opérée par l’école McMinn County School a eu un autre effet positif : elle a tant fait polémique qu’elle a finalement donné beaucoup de visibilité à l’œuvre. L’édition complète de l’oeuvre, The Complete Maus, s’est ainsi hissée n°1 des ventes de livres sur Amazon US. Le premier tome de l’oeuvre, Maus I Un survivant raconte : Mon père saigne l’histoire est quant à lui classé n°3 de ce classement ce 31 janvier, et la deuxième tome Et c’est là que les ennuis commencent à la 9e place.
« Le conseil d’administration de l’école aurait dû se souvenir du précédent censeur de ce livre, Vladimir Poutine : il avait interdit l’édition russe de Maus en 2015 (…) et le stock de la petite maison d’édition qui le publiait s’était vidé si vite qu’elle avait dû le réimprimer plusieurs fois », confie Art Spiegelman à CNBC. Comme le résume l’auteur, « l’effet Streisand a encore frappé ». L’expression « effet Streisand » désigne en effet les situations où une stratégie visant à diminuer la visibilité de quelque chose sur Internet va finalement générer l’exact opposé de l’effet recherché.
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