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Disney+ se plie à une censure politique pour la première fois à Hong Kong

Un épisode des Simpson critique envers les répressions chinoises ne figure pas dans le catalogue de Disney+ à Hong Kong. C'est la première fois que la plateforme censure (ou doit censurer ?) son catalogue pour une raison ouvertement politique.

L'épisode des Simpson appelé Goo Goo Gai Pan (ou Bébé Nem en VF) n'est pas accessible sur la plateforme Disney+ à Hong Kong, ont remarqué deux correspondants anglo-saxons du New York Times et du Guardian sur place, le 29 novembre 2021.

Il s'agit de l'épisode 12 de la saison 16 de la série animée, sorti pour la première fois en 2005. Une partie de la famille Simpson voyage en Chine afin d'adopter un enfant, et passe devant plusieurs lieux cultes du pays, comme la Grande Muraille et... la place Tian'anmen, où l'armée a réprimé dans la violence un mouvement civique de grande ampleur en 1989, tuant beaucoup de citoyens.

Dans cet épisode des Simpson, la famille passe sur la fameuse place où un écriteau indique : « Place Tian'anmen : ici, rien ne s'est passé en 1989  ». Quelques secondes plus tard, une officielle chinoise menace Selma Simpson dans un tank, reproduisant la célèbre photo de Tian'anmen d'un manifestant devant un char.

Disney+ n'a souhaité répondre à aucune question de nos confrères sur ce sujet : il n'est ainsi pas possible de savoir si le retrait de cet épisode a été effectué à la demande de Hong Kong, où s'il s'agit d'une autocensure.

La plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) y a été lancée le 16 novembre 2021Le mois précédent, le Hong Kong a fait passer un amendement pour implémenter la loi de censure imposée par Beijing, jugée « dangereusement vaste » par Amnesty International. On y trouve notamment une censure plus importante des films — bien qu'officiellement, les plateformes de streaming ne soient pas concernées.

Ce nouveau constat de censure d'un contenu sur Disney+ n'est pas le premier, mais il s'agit de la première fois que la plateforme retire une œuvre ouvertement critique de l'histoire répressive d'un gouvernement.

Disney+ a déjà censuré son catalogue dans le passé

Techniquement, Disney a le droit de mettre ce qu'il veut sur sa plateforme à disposition de ses abonnés et abonnées : il s'agit d'une entreprise privée qui a payé pour les droits de diffusion de films, séries et documentaires. Ses choix peuvent être arbitraires en fonction de la ligne éditoriale qu'elle souhaite maintenir. Par exemple, Numerama avait remarqué le photo-montage assez risible qui avait été ajouté dans le film Splash (1984) afin de cacher les fesses d'une actrice, alors que ces scènes ne posaient pas de souci lors de la diffusion du film en salles à l'époque.

Disney+ marche constamment sur un fil, tiraillé entre le fait d'agrandir son catalogue et de rester une plateforme « familiale » avec des films et séries adaptées aux enfants. Dernier exemple en date : le tout nouveau documentaire sur les Beatles, intitulé Get Back, duquel l'entreprise aurait voulu censurer tous les jurons prononcés par les musiciens. C'est le réalisateur du docu Peter Jackson (oui, lui-même) qui l'a raconté dans une interview à NME, précisant que l'entourage du groupe ainsi que Paul McCartney et Ringo Starr auraient formellement refusé.

En novembre 2019, Disney lançait Disney+ dans cinq premiers pays, dont les États-Unis : les abonnés avaient alors découvert que le premier épisode de la saison 3, Stark Raving Dad (Mon pote Michael Jackson en VF), n'était pas disponible dans le catalogue. Comme plusieurs autres plateformes, Disney+ ne le rendait plus accessible après des révélations d'un documentaire de HBO sur Michael Jackson, accusé de pédocriminalité et d'abus sexuels.

« Je suis contre le fait de brûler des livres, mais ici, c'est notre livre, et on a le droit d'en retirer des chapitres », avait alors expliqué James L. Brooks, le producteur des Simpson, au Wall Street Journal, laissant entendre qu'il s'agissait plus ici d'une décision venant des créateurs de la série, que de la plateforme.

Les entreprises qui s'adaptaient aux lois répressives chinoises reviennent en arrière

Disney est loin d'être la seule multinationale occidentale à accepter des compromis pour pouvoir s'implanter en Chine. Mais ce constat peut sembler anachronique au vu des décisions d'autres entreprises, qui ont été plusieurs à cesser d'accepter ces restrictions.

Pendant deux ans, le studio Epic Games a mis en ligne en Chine une version alternative de Fortnite, son jeu de survie et de construction à succès, compatible avec les règles très strictes du pays : ne pas montrer de sang, ni d'images de crâne, interdire toute microtransaction dans le jeu, etc. Le jeu respectait même la nouvelle interdiction de jouer plus de 3 heures par semaine, en bloquant des paramètres de Fortnite lorsque les joueurs et joueuses dépassaient cette limite. Epic a toutefois cessé cette « expérimentation  » fin 2021.

Google a, quant à lui, mis des années à agir contre la censure chinoise, ayant même eu pour projet secret de développer en 2018 un moteur de recherche « spécial censure » pour pouvoir revenir en Chine après l'avoir quittée en 2010. Toutefois, il a été arrêté après des contestations politiques ainsi que de salariés en interne.

Linkedin était également présent en Chine, avec une version adaptée aux lois du pays, jusqu'en 2021, où l'entreprise a enfin décidé que la censure était trop forte. « Nous avons réussi à aider des membres chinois à trouver des emplois et des opportunités économiques. Mais nous n’avons pas rencontré le même succès sur les aspects plus sociaux, ni sur la manière de les aider à se tenir informer  », regrettait, sous forme d'euphémisme, Linkedin dans un billet de blog.