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Succession, saison 3 : la famille Roy toujours plus riche et toujours plus perverse

Nous avions laissé Logan et ses enfants à un moment critique de dissension familiale. Après une attente qui a semblé interminable, la saison 3 de la série Succession a été mise en ligne sur OCS. La richissime famille Roy est de retour, et elle a toujours les dents aussi longues.

Toujours aussi riches et rancuniers... les Roy sont de retour. Après une interruption prolongée par la pandémie, le premier épisode de la saison 3 de Succession est disponible depuis lundi sur OCS, une plateforme doté d'un catalogue d'excellente qualité (voir notre guide des meilleures séries sur OCS). L’excitation face au retour de cette saga familiale produite par HBO était palpable. Pour les fans en manque de tragédie shakespearienne, les perfidies et trahisons au sein du clan Roy, quoique moins sanglantes, sont aussi captivantes que les « Noces Pourpres  ».

La série créée en 2018 par le scénariste Jesse Armstrong (dont le penchant pour la satire remonte à The Thick of It) a même raflé la récompense suprême en 2020 : l’Emmy Award du meilleur drame. Alors, êtes-vous prêts à (re)plonger dans les hautes sphères des médias et de la finance, aux côtés de la famille télé la plus dysfonctionnelle depuis Les Soprano ?

Une famille en or

À la tête du conglomérat Waystar Royco, basé à New York, l’octogénaire Logan Roy est interprété par un Brian Cox tout en sourires fourbes et regards noirs. Self-made man acharné, il a amassé influence et fortune notamment grâce à une chaîne d’information de type Fox News. Alors que sa santé décline, que des secrets embarrassants remontent à la surface et qu’il est dépassé par le virage numérique, il refuse de lâcher ne serait-ce qu’une once de son pouvoir tentaculaire. On le retrouve plus obstiné que jamais dans cette nouvelle saison. Au grand dam de ses quatre rejetons qui se bousculent au portillon pour prendre sa succession ou... le faire tomber.

En premier lieu Kendall (Jeremy Strong), l’héritier en pole positionTiraillé entre son ambition dévorante et sa loyauté paralysante, il avait franchi à la fin de la seconde saison un point de non-retour. Son cadet, Roman (joué par Kieran Culkin), est toutefois l’adversaire à surveiller : langue de vipère incontrôlable, son immoralité n’a d’égal que celle du patriarche. Et malgré son inexpérience flagrante, il maîtrise à la perfection l’art de retourner sa veste au moment crucial.

Siobhan (Sarah Snook), surnommée « Shiv », est la benjamine. Initialement plus intéressée par les campagnes électorales que les plans de restructuration, elle ne résiste pas au chant des sirènes. Dès que le poste de PDG intérimaire est mis dans la balance, elle met ses convictions personnelles en sourdine. Elle est mariée à Tom (Matthew Macfadyen), un arriviste amateur facile à manipuler. Ce dernier déverse ses frustrations sur le cousin Greg, un personnage gauche, souvent hilarant, qui s’immisce dans le cercle des initiés telle une sangsue de 2,01 mètres : Nicholas Braun est un acteur immense, dans tous les sens du terme. N'oublions pas enfin Connor (Alan Ruck), l’aîné mal-aimé issu d’un premier mariage et dont la mégalomanie amuse autant qu'elle agace ses proches.

Pas de pitié pour les Roy

Ces antihéros que l’on adore détester sont tous au rendez-vous de cette saison trois qui démarre de manière très énergique. Lors du dernier épisode, diffusé en 2019, le magistral coup bas orchestré par Kendall avait laissé les fans choqués et ravis. Dès la scène d’ouverture, nous sommes catapultés dans l’instant T+1. Un choix scénaristique presque radical dans sa simplicité : le showrunner souhaite ainsi examiner les répliques du séisme provoqué le fils ainé.

Encore malléables, les lignes de fracture au sein de la famille sont consolidées au cours de conversations téléphoniques venimeuses et de réunions impromptues, sur le tarmac d’aéroports privés ou dans une chambre d’enfant. Logan vs Kendall, il faut choisir son camp, et vite.

Une saison trois en demi-teinte

Happés dans ce tourbillon d’alliances et d’allégeances, nous avons à peine le temps de reprendre notre souffle. Les ressorts qui ont fait des deux saisons précédentes de véritables chefs-d’œuvre sont redéployés avec talent. L’écriture ciselée est toujours composée de dialogues à la mitraillette. La mise en scène ironique s’appuie sur le format mockumentaire, avec ses mouvements de caméra tremblants et ses zooms appuyés. Le cadre des réunions de famille voyage de bureaux avec vue panoramique sur les gratte-ciels de Manhattan, aux résidences secondaires où les Roy aiment exercer des activités « terre-à-terre », comme la chasse ou la randonnée -- nous n’en dirons pas plus sur l’épisode dans lequel Adrien Brody fait une apparition remarquée.

Après une si longue attente, cette familiarité est réconfortante. Et il n’est pas désagréable de voir Logan bouillir de rage lorsqu’il réalise l’ampleur des dégâts desquels il va devoir s’extirper : aucune mesure de distanciation n’est alors suffisante pour échapper à ses postillons vengeurs. Quant à Kendall, aveuglé par le besoin d’approbation, il en oublie les nobles principes censés guider sa mission : il préfère lire les tweets qui l’encensent (ou le ridiculisent, il n’y a pas de mauvaise publicité).

Les conseillers en communication de crise sont donc les grands gagnants de ce jeu de massacre. Cette arrogance teintée de futilité finit pourtant par lasser. Combien de fois peut-on apprécier de voir Shiv et Roman s’écharper ? Pourquoi Logan s’acharne-t-il à traiter ses plus fidèles bras droits, en particulier Gerri (J. Smith-Cameron), comme des appendices amovibles ? La cruauté qui insuffle l'intrigue de cette troisième saison prend une tonalité répétitive, parfois artificielle. Dans l’ère post-Trump et post-Covid, nos héros sont restés coincés dans un fuseau horaire où règnent populisme, sexisme et impunité. Qui va oser leur remettre les pendules à l'heure ?