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The Medium : la première exclu console Xbox Series X est une déception

Première exclusivité console des nouvelles Xbox, The Medium livre une expérience horrifique rigide et molle. À trop vouloir se focaliser sur l'ambiance, Bloober Team a oublié la notion d'amusement. 

Marianne s'avance sans trop d'assurance dans un décor lugubre, les petits craquements résonnant comme des coups de poignard pour sa santé mentale. Soudain, l'écran se divise en deux et le miroir spirituel de la scène apparaît sous nos yeux. Pour le joueur, le spectacle est étonnant, mais la prise en main n'est pas bouleversée : faire avancer l'héroïne dans le monde réel fera automatiquement bouger son « double » avec un mimétisme logique.

Le double je de Marianne se transforme alors en sorte de double jeu (vous l'avez?). Et c'est peut-être la seule bonne idée de The Medium, disponible à partir du 28 janvier sur PC, Xbox Series X et Xbox Series S.

The Medium est le nouveau jeu de Bloober Team, studio spécialisé dans le genre horreur psychologique depuis Layers of Fear, sorti en 2016. L'an dernier, il avait adapté Blair Witch, non sans quelques maladresses. The Medium est son projet le plus ambitieux, centré sur une médium capable de voyager dans le monde des esprits. Il s'agit aussi de la première exclusivité console pour la Xbox Series S et la Xbox Series X, disponible dès le jour de sa sortie sur le Xbox Game Pass.

Heureusement qu'il y a l'ambiance

The Medium mise d'abord sur son ambiance pour convaincre. Sur ce point, Bloober Team fait montre de sa maîtrise. Entre les bruitages incessants et le travail d'orfèvre sur les lumières, le titre parvient à instiller un sentiment de malaise et d'isolement qui fonctionne. En revanche, on cherche encore ces moments de peur profonde à même de faire bondir de son canapé, l'envie d'arrêter illico comme seule issue. Lent dans son déroulement, The Medium se satisfait un peu trop de son atmosphère lugubre et oublie que la tension se nourrit aussi de fulgurances marquantes. Passée la surprise de la découverte, c'est une zone de confort qui nous tend les bras. D'autant que les décors ne se renouvellent pas suffisamment -- hormis sur le dernier quart (la meilleure portion du jeu).

« Tout commence par la mort d’une petite fille » : hantée par cette vision, Marianne décide de mener l'enquête. Elle va la conduire jusqu'au complexe résidentiel abandonné de Niwa, qui fut visiblement le théâtre d'événements tragiques des années auparavant. À mesure que le mystère se désépaissit, Marianne se rend compte qu'elle est plus impliquée qu'elle n'aurait pu le penser. Guidée par l'âme maudite d'une petite fille nommée Tristesse, l'héroïne n'est clairement pas au bout de ses surprises dans cette investigation aux multiples lignes de lecture. Le quatrième mur est parfois franchi, jusqu'à un dénouement qu'on avait fini par deviner, à mesure que les indices se multiplient.

Bloober Team opte pour une mise en scène cinémtatographique. En témoigne cet empilement de plans fixes d'une scène à l'autre. C'est un parti pris qui peut étonner aujourd'hui. Il vient surtout renforcer l'idée que The Medium lorgne davantage du côté du film interactif que de la pure proposition vidéoludique mâtinée d'horreur. Incapable de bouger la caméra, la joueuse ou le joueur doit se résoudre à subir ce qu'il voit, en l'occurence des environnements ne proposant que le strict minimum en matière d'interactions. Graphiquement, on attendait mieux d'un jeu disponible sur Xbox Series X, la console la plus puissante jamais conçue, hélas toujours en attente de sa vitrine technologique.

Ici, les jolis éclairages et la direction artistique, qui mélange déjà vu (complexe désaffecté, forêt) et bonnes inspirations (l'univers spirituel), ne font pas oublier les quelques errements techniques.

Où est le gameplay ?

The Medium part d'un postulat très intéressant, du moins peut-on le croire pour le gameplay. Marianne a la faculté de voyager dans le monde spirituel pour voir ce qui l'entoure sous un prisme différent. On aurait pu s'attendre à une prise en main complexe, passant par des allers/retours et l'obligation de résoudre des puzzles à cheval entre les deux mondes. Hélas, Bloober Team n'a pas su matérialiser son excellente idée en expérience grisante. Il y a d'abord les soucis liés aux déplacements : les mouvements sont lents et rigides tandis que les animations manquent de naturel.

Ensuite, il y a ce dirigisme auquel n'arrive pas à échapper The Medium. Alors qu'il y avait le potentiel d'offrir une vraie double aventure, le jeu vidéo est contraint de suivre un fil conducteur. Comme enfermée, Marianne n'a pas la liberté de voyager quand elle le souhaite. Elle ne peut le faire qu'au sein de portions imposées par l'intrigue (spoiler : quand l'écran se scinde, horizontalement ou verticalement). S'il est esthétiquement bluffant de contrôler un personnage dans deux décors différents en même temps, les mécaniques restent trop basiques pour captiver. Les développeurs n'exploitent pas assez les possibles liens entre les deux dimensions. Et c'est dommage.

En outre, The Medium n'impose aucun challenge dans la résolution de ses (rares) énigmes. La plupart du temps, il suffit de réaliser une suite d'actions simplistes, jusqu'à passer à la séquence suivante. Marianne dispose d'un instinct de médium qui lui permet de révéler les secrets de certains objets. Il s'agit d'un sacré coup de pouce pour avancer encore plus vite, car lesdits objets apparaissant en surbrillance afin de les repérer plus rapidement. Bloober Team facilite un peu trop le parcours de Marianne, même quand l'action vient à s'emballer.

À défaut d'être un acteur impliqué, on devient spectateur d'un récit porté par une narration qui se nourrit du peu de tâches à accomplir.

Celles et ceux qui adorent finir les jeux à 100 % auront quand même de quoi faire dans The Medium, lequel est rempli de lettres, de cartes postales ou encore d'échos du passé à dénicher. C'est bien la seule motivation qui persiste durant le voyage alambiqué de Marianne, qui ne sera guère occupée plus de huit heures avant de sortir de son trip psychologique -- huit heures souvent un peu trop ennuyeuses. On retrouve finalement les mêmes réussites et les mêmes travers qu'avec Blair Witch, précédente production de Bloober Team.