L'anthologie Aventures sidérantes redonne vie aux anciens pulps de SF
La science-fiction doit beaucoup aux pulps, à travers lesquels elle s'est en grande partie forgée.
L'anthologie Aventures sidérantes, coordonnée par Martin Lessard et portée par Xavier Dollo, vient d'être publiée en juin 2020 pour rendre hommage à ces pulps. L'ouvrage rassemble 16 nouvelles provenant de 16 auteurs et autrices francophones. C'est là, aussi, où Aventures sidérantes trouve son intérêt : si les pulps relèvent plutôt de la culture américaine, l'anthologie met en avant la littérature de l'imaginaire française. Voilà qui permet de rappeler que la France est -- et a toujours été -- un vivier de SF, contribuant aussi à en faire un genre aux multiples facettes.
« L'utlime dépaysement »
Depuis l'âge des pulps, la SF a évolué. Elle mène aujourd'hui à d'autres voies littéraires, d'autres explorations de l'imaginaire, d'autres futurs possibles. Alors, pourquoi faire revivre les pulps à notre époque à travers une anthologie ? C'est Martin Lessard qui, dans la préface, y répond : les pulps apportaient, explique-t-il, « l'ultime dépaysement ». Ils sont un genre à eux-mêmes qui « englobe un filon de thèmes anciens propres aux aventures les plus folles, à l'étonnement, au merveilleux scientifique ». Et il est vrai que, dans les pulps, vous avez de fortes chances de croiser des « savants fous, des envahisseurs extraterrestres, machines de toutes sortes ».
L'anthologie Aventures sidérantes (dont rien que le titre rappelle bien celui des pulps) fait revivre cette partie-là de la science-fiction, sur laquelle le genre s'est construit. En 2020, à un moment où la SF connaît de grands renouvellements, de nouveaux genres (hopepunk) et de nouvelles pièces maîtresses, ce retour aux origines est un voyage aussi culotté que fascinant. La démarche permet de percevoir les évolutions et, inversement, les constantes de cette littérature. Il s'agit presque d'un travail encyclopédique, mais réalisé par la fiction, par la plume d'auteurs et d'autrices.
D'ailleurs, l'ouvrage piloté par Martin Lessard ne cherche pas à ressusciter les pulps. Les nouvelles présentées ont tendance à moderniser le genre, en actualisant la science, et en le débarrassant de ses traits sexistes par exemple (notons par ailleurs que c'était un milieu très masculin, peu de femmes écrivaient dans les pulps -- heureusement, c'est loin d'être le cas dans Aventures sidérantes). La proposition n'est pas celle d'un retour en arrière dans l'histoire de la SF mais plutôt de créer un pont temporel entre deux approches SF séparées dans le temps.