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On a fait des soirées techno sur Habbo pendant le confinement

Malgré le confinement, tous les prétextes sont bons pour faire la fête : sur Habbo, le milieu techno a créé ses propres rave, options gros son et fausse kétamine.

La foule se presse devant la scène. Les caissons crachent, la lumière change aux couleurs de l’arc-en-ciel, les bras sont en l’air… « Quelqu’un a pas une clope ? » ; lance-t-on à la volée. En ce jeudi soir, l’heure est à la fête. Il est 21h, et malgré le confinement, une petite soixantaine de personnes s’est réunie pour une rave… sur Habbo.

Habbo.fr ne désemplit pas depuis le début du confinement. Créé en 2000 par la société finlandaise Sulake Corporation et accessible dès 2004 en version française, Habbo a bercé la vie de nombreux adolescents et adolescentes. Dans ce jeu en ligne « social », chacun peut créer son propre avatar et se balader dans un « hôtel » virtuel géant, acheter des objets pour décorer son appartement et surtout, dialoguer avec des inconnus via une barre de tchat.

Destiné à un public adolescent, le site retrouve une seconde jeunesse à l’heure du confinement : interrogé par Konbini Techno, Sulake a affirmé qu’Habbo a vu son nombre d’utilisateurs et utilisatrices augmenter de 213 % au niveau mondial, rien qu’entre le 25 février et le 24 mars. Quant au temps passé sur le jeu, il a lui aussi augmenté de 134 %.

Mais ce n'est pas pourtant pas Habbo que les adeptes de la rave virtuelle ont choisi pour leur escapade, mais HabboCity, un clone appelé « rétro ». Cette contrefaçon numérique d'Habbo n'a qu'un intérêt pour eux : leur permettre de construire la zone qu'ils veulent sans payer les microtransactions demandées par l'éditeur. Quitte à faire des soirées underground numériques, autant qu'elles soient illégales, donc. Cela n'effraie pas les utilisateurs : sur cette plateforme, depuis quelques semaines, des dizaines de personnes se retrouvent pour faire la teuf, ambiance techno industrielle et gros caissons de basse.

Faux-dealers, points d'eau et gros caissons

C’est sur le groupe Facebook « Techno Flex et Confinement » que tout commence : depuis le début du confinement, sur ce groupe à plus de 52 000 membres, les memes sur le milieu techno se mêlent à des playlist et sessions live de DJ. Pour Dimitri, créateur de ces rave virtuelles, il n’y avait pas de raison que confinement rime avec ennui : « L'idée m'est venu grâce à une amie qui voulait créer une teuf dans Habbo, mais vraiment juste pour le délire, sans musique ni rien, pour le plaisir de créer une Warehouse. Je me suis dit que je pouvais aller plus loin. J'ai vu qu'avec le confinement des DJ faisaient des en événements en direct, je me suis dit pourquoi ne pas faire pareil ? » Avec une première soirée le 22 mars qui a attiré une vingtaine de personnes, Dimitri a organisé jusqu’alors 7 soirées, dont certaines à plus d’une centaine de participants.

« C'est une Warehouse virtuelle avec tout ce qu'on peut trouver dans une vraie, c'est à dire une 'mainstage', des décors, des lights, des gros caissons, un point d'eau, un coin chill avec des palettes, une infirmerie », explique-t-il. En parallèle, il diffuse une playlist en direct, pour que tout le monde puisse avoir les musiques au même moment. « À chaque drop on peut lire des 'allezzz là' sur le tchat, c’est assez drôle », commente Dimitri. Pour Vladimir, habitué des soirées techno parisiennes, « c’est un bon substitut ». Et pour cause, tout est fait pour reproduire l’ambiance d’une vraie soirée : « Des gens s’organisent pour faire la queue aux toilettes, on trouve des faux-dealers, des gens qui cherchent leurs téléphones, bref tous les détails qu’on retrouve en soirée », nous raconte-t-il.

En attendant la prochaine « teuf »

Ancien joueur de Habbo, Dimitri s’y est remis pour la facilité de la plateforme : « Ça me permettait de pouvoir organiser un truc sans être perdu. Je connais très peu de plateformes où on peut vraiment s’amuser comme celle-ci. » De plus, le tchat couplé aux avatars permet une communication entre les membres de la soirée, ce qui renforce l’aspect « véritable » de la soirée. « Les gens sont trop drôles, il y a beaucoup d’autodérision », insiste Vladimir. Entre les propositions de « plan à 3 » dans les toilettes factices de la soirée et les propositions de kétamine, les joueurs d’Habbo parodient les codes des soirées techno depuis chez eux.

Mais ce besoin de faire la fête, même par temps de confinement, est-ce spécifique au milieu techno ? « Je ne pense pas », analyse Dimitri, qui alimente les playlists et organise toutes ces soirées Habbo. « Par exemple, les gens qui adorent aller au bar boire un coup se retrouvent à le faire confinés chez eux en Skype. Je pense que c'est spécifique à tout ceux qui aime sortir en général. Mais c'est vrai que moi, par exemple, étant habitué à sortir tous les week-ends et d'un coup ne plus pouvoir, ça me bouscule un peu et je pense pas être le seul.»

Si la fin du confinement n’est pas pour demain, les teufeurs s’imaginent déjà leur prochaine rave : « Il est prévu que j’en refasse une la semaine prochaine », nous indique Dimitri. En attendant de se retrouver dans la réalité.

Une première version de cet article stipulait que les raves avaient lieu sur Habbo. Elles ont en fait lieu sur un clone illégal du jeu original, permettant de construire des espaces immenses sans dépenser d'argent.