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On a vu le Roi Lion (2019) : la beauté en plus, le charme en moins

La version 2019 du Roi Lion est difficilement attaquable sur le fond. La forme n'en reste pas moins discutable. 

Celles et ceux qui sont nés avant, ou au début des années 90 ont eu l'immense privilège de découvrir Le Roi Lion au cinéma, mélange de chef-d'œuvre intemporel et de crève-cœur émotionnel. Vingt-cinq ans plus tard, tout le monde a grandi mais les souvenirs -- joyeux comme tristes -- demeurent ancrés dans les mémoires. Au cas où certaines séquences vous échapperaient, Disney s'est mis en tête d'offrir au mythe une relecture un brin opportuniste. En 2019, Le Roi Lion passe à l'animation 3D, une nouvelle forme qui sert un fond fort heureusement inchangé.

On ne vous cache pas que la rédaction d'un avis sur ce Roi Lion passé chez le toiletteur est un exercice périlleux. Le réalisateur Jon Favreau s'est attaché à respecter au mieux la légende. Et tandis que l'habillage flambant neuf ne manque pas d'arguments, le copier/coller simplement revalorisé esthétiquement appelle à l'opportunisme un poil triste. D'autant que l'original n'a pas vieilli d'un pouce -- la somptueuse édition Blu-ray UHD est venu le rappeler. Tiraillés comme rarement, on s'explique.

Le Roi Lion reste le Roi Lion

Que l'animation soit en 2D ou en 3D, Le Roi Lion reste Le Roi Lion, en l'occurence la très belle histoire d'un prince qui perd son roi de père à cause d'un oncle envieux et complotiste. S’éloignant un peu des mièvres récits de princesses, le film cache dans ses chansons entraînantes et son safari accueillant des messages sur l’identité et la place de chacun dans ce fameux cycle de la vie. Où se répètent inlassablement les schémas -- paternalistes -- auxquels on peut difficilement couper (le fils devient père, le prince devient roi, etc).

En bref, la destinée qui attend chacun d'entre nous et les obstacles qui en découlent. Disney oblige, le long métrage adoucit les propos, ajoute de l'humour (coucou Timon et Pumba) et distille une bonne dose de moments forts pour réunir petits et grands autour d'un spectacle universel.

Parce que Le Roi Lion est une production trop culte pour être modifiée en profondeur, Jon Favreau a évité le remake : il reprend scène pour scène, à quelques détails mineurs près, le déroulé de l'intrigue d'antan. Une paresse assumée -- qui aurait osé toucher au mythe par crainte du crime de lèse-majesté ? -- qui ne manquera pas d'accoucher de comparaisons minutieuses pour distinguer les éléments qui ont changé. En substance, Le Roi Lion (2019) ne transformera pas les souvenirs du Roi Lion (1994). Son but est de les remémorer avec un pelage brossé. Les plus indulgents évoqueront sans doute un hommage. Et si vous aviez pleuré à chaudes larmes devant la mort de Muphasa, préparez la boîte de mouchoirs car vous y couperez difficilement (un traumatisme reste un traumatisme, surtout quand il date de l'enfance).

Malgré tout, on ne peut s'empêcher de penser que Disney tire un peu trop sur la corde. Ce Roi Lion s'apparente à un simple remaster du film original. C'est-à-dire un produit qui justifie son existence simplement par l'évolution technologique. Si cet appât du gain est éventuellement acceptable pour un jeu vidéo -- les graphismes évoluent très vite --, le cinéma se prête beaucoup moins à l'exercice (les bons films ne vieillissent jamais). Dans les faits, vous ne tirerez pas plus de satisfaction à voir cette version du Roi Lion plutôt que celle de 1994. Et quand ce n'est pas mieux, à quoi bon ?

Prouesse technique mais...

Derrière la volonté d'honorer un film marquant, il y a une prouesse technologique décoiffante. Les fans de belles images devraient apprécier la manière avec laquelle Jon Favreau et ses équipes ont dépoussiéré le dessin animé. Le mélange de prises de vue réelle et de techniques empruntées à la réalité virtuelle accouche d'un rendu saisissant -- presqu'en trompe-l'œil. L'intégration des animaux dans les décors numériques est irréprochable et, à première vue, cette avalanche d'effets spéciaux associée à un savoir-faire authentique promet une longévité durable à cette nouvelle version. Bien sûr, le photoréalisme sidérant participe à cette notion de claque visuelle, qui nourrit celle de la redécouverte.

Si beau soit-il, Le Roi Lion (2019) ne convainc pas en matière de choix artistiques. Certains modèles 3D laissent à désirer : Scar, pourtant majestueux et pédant dans la version originale, fait peine à voir, tandis que Pumbaa manque d'embonpoint. En outre, on a parfois l'impression que les personnages -- bien interprétés -- ont des expressions de visage très figées, appuyant ce côté très artificiel de cette course au réalisme.

On gagne un peu en émotion (le jeune Simba est vraiment craquant avec son regard naïf) mais on perd indéniablement en charme et en imaginaire face au classique datant de 1994. Au final, la magie n'opère plus que par séquences, alors qu'elle était palpable de la première à la dernière seconde il y a plus de vingt ans. Comme quoi, la technologie ne sait pas toujours réinventer avec succès.