Une erreur dans le texte ?

C'est le bon endroit pour nous l'indiquer !
Attention, ce formulaire ne doit servir qu'à signaler une erreur. N'hésitez pas à utiliser la page de contact pour nous contacter ou nous faire part de vos suggestions. Merci.

Etape 1

Cliquez sur les paragraphes contenant des erreurs !

Captain Marvel : notre critique sans spoiler du premier Marvel féministe

Le nouveau blockbuster de Marvel est une origin story certes convenue, mais son propos émancipateur et salvateur marque un tournant dans l'histoire des superhéros.

« Ce monde me force à te tenir la main, parce que je ne suis qu'une fille, une petite fille. Ne me laissez pas hors de votre vue. Je ne suis qu'une fille, toute jolie et menue. Alors, ne me donnez surtout aucun droit. Oh, j'en ai vraiment ras-le-bol. » Les paroles de No Doubt retentissent pendant que Brie Larson envoie valser ses ennemis au son des guitares énervées de Just a GirlLe message est transparent, mais on décroche un sourire sans bouder notre plaisir.

Captain Marvel est le premier blockbuster féministe de Marvel. Il est aussi, surtout, le premier long-métrage avec une super-héroïne à être réussi. Là où Wonder Woman (2017) de DC s'émerveillait devant des flocons de neige, amourachée d'un coéquipier tragiquement tiède, Carol Danvers déploie force, malice et intelligence avec beaucoup de justesse. (Pour éviter tout affront à nos lecteurs, nous éviterons volontairement de mentionner Catwoman (2004) et Elektra (2005), qu'il est plus convenable de laisser dans l'oubli.)

Une dimension féministe assumée

Le 21e film de l'univers cinématographique Marvel (MCU) n'a rien de révolutionnaire sur le fond, mais il fera certainement date dans l'histoire de la pop culture, à l'image d'un Black Panther l'an passé. Brie Larson, oscarisée en 2016 pour son rôle dans Room, était l'actrice parfaite pour endosser le rôle — pas juste de super-héroïne, mais aussi de modèle.

Certes, l'Américaine de 29 ans ne réinvente pas le mythe de la girl next-door (une jeune femme abordable, charmante et pétillante), mais elle lui apporte la dose de confiance qu'il manquait à bon nombre d'héroïnes avant elle. Sur les cinq scénaristes à l'origine du long-métrage, on retrouve quatre femmes : Geneva Robertson-Dworet, Nicole Perlman et Meg LeFauve ont travaillé avec Anna Boden et Ryan Fleck, respectivement réalisatrice et réalisateur du projet, pour donner vie à cette femme puissante et assurée qui n'est, pour une fois, pas sexualisée — échappant au dogme du male gaze qui domine encore largement à Hollywood.

À plusieurs reprises, le long-métrage s'autorise des symboles faciles : on n'échappera pas à la petite fille qui observe, émerveillée, son héroïne partir au combat, ou à la mentor plus âgée, touchante mais distante, qui lui transmet sa rage de vaincre. Il y aussi les montages, qui rappellent qu'avant d'être une super-héroïne, Captain Marvel est une femme qui a subi le sexisme : de ses collègues dans l'armée de l'air et leur humour graveleux, de son coach de baseball qui la trouve « trop émotive », de son père qui la juge trop casse-cou, de Jude Law, aussi, qui incarne un Yon-Rogg mystérieux et paternaliste.

Mais la dimension féministe est tellement assumée qu'elle permet de balayer la mauvaise foi qui émanera des critiques qui estimeront qu'on « en fait trop ». Ce sont pourtant ces mêmes mécanismes qui ont été utilisés (quitte à les user jusqu'à la corde) pour valoriser leurs homologues masculins depuis des décennies.

https://www.youtube.com/watch?v=0LHxvxdRnYc

Une origin story très classique

En dehors de sa dimension d'empowerment salvatrice, Captain Marvel est une origin story classique qui n'a que peu de liens avec le prochain Avengers : Endgame, le dernier volet qui conclura en grande pompe la saga actuelle des super-héros. Les scénaristes sont parvenus à raconter l'épopée de Carol Danvers pour qu'elle soit accessible au grand public — ce qui pourra déplaire aux puristes qui auraient apprécié plus de private jokes ou de clins d'œil à l'imaginaire de la franchise.

Le blockbuster est le tout premier à être situé dans les années 90, mais ses créateurs ont eu la finesse de ne pas trop jouer sur la nostalgie. On craignait l'orgie de références bourrines à la mode Stranger Things : il n'en sera rien, à l'exception de quelques occasionnels ordinateurs qui mettent 5 minutes à charger un fichier son. L'abus sera plutôt à chercher du côté félin du film, où l'on rit de bon cœur à la première blague sur le chaton-mignon-pas-si-inoffensif, mais qui tend à lasser au bout de la dixième déclinaison de la même plaisanterie. Les scènes d'action dans l'espace, quant à elles, manquent d'efficacité, comme si elles étaient aussi refoulées que les pouvoirs de Danvers (« C'est comme si je me battais avec une main derrière le dos », lance d'ailleurs celle-ci).

Il ne fait aucun doute que l'arrivée de Larson au casting du prochain Avengers : Endgame aura l'impact d'un miroir grossissant envers la manière déplorable dont Black Widow (Scarlett Johansson) a été jusqu'ici intégrée dans les précédents opus, au casting très masculin. Là où la Veuve noire a toujours été reléguée à l'arrière-plan, condamnée à échanger des regards évocateurs avec Hawkeye, Captain Marvel sera tête d'affiche ou ne sera pas. Il semble d'ailleurs évident qu'elle prendra la tête de ce qu'il reste de l'équipe Avengers — la scène de post-crédits d'Infinity War la présentait d'ailleurs déjà comme l'unique recours contre la puissance de Thanos. On a hâte.

https://www.numerama.com/pop-culture/350109-avengers-infinity-war-lincontournable-mastodonte-reussit-son-pari.html