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Le Retour de Mary Poppins : un passage de témoin réussi

Le Retour de Mary Poppins n'avait pas une tâche évidente : succéder à la comédie musicale des années 60, avec laquelle plusieurs générations ont grandi. Mais elle le fait avec brio, à l'aide d'une production importée de Broadway.

54 ans séparent Le Retour de Mary Poppins de son illustre prédécesseur. La comédie musicale, confiée à Rob Marshall, est forcément très attendue... et s'en sort très bien. Elle parvient à s'inscrire dans la continuité du film de 1964, mais ne se contente pas de le moderniser. De quoi satisfaire les enfants d'aujourd'hui comme ceux d'hier, à partir du 19 décembre 2018 au cinéma.

Le Retour de Mary Poppins se déroule 25 ans après le premier film, dans les années 1930, en pleine Grande Dépression. Michael a récupéré la maison familiale, au 17 allée des Cerisiers, dans laquelle il vit avec ses trois enfants, Annabel, John et Georgie. Sa sœur Jane, aussi militante que sa mère, l'aide à surmonter la mort de son épouse (décidément, Disney aime faire mourir les mamans).

Forcé de se détourner de sa vocation d'artiste pour prendre un emploi dans la banque où travaillait son père, Michael voit la propriété de sa maison menacée par cette même banque, s'il ne parvient pas à rembourser un prêt sous 7 jours. Dans ce moment sombre pour la famille Banks, Mary Poppins revient une nouvelle fois pour les soutenir.

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Ce scénario s'inspire fortement des œuvres de la romancière Pamela L. Travers, sans suivre l'intrigue d'un livre en particulier. Les scénaristes David Magee, Rob Marshall et John De Luca se sont en effet permis de réunir des passages de différentes suites de Mary PoppinsIls ont poussé leur écart de l'œuvre originale jusqu'à centrer l'histoire autour d'un Michael adulte, alors que le personnage reste enfant dans les livres. Mais ils respectent l'univers de l'auteure et ses personnages, et c'est bien suffisant.

Un film pour enfants qui ne lasse pas les adultes

La simplicité du scénario n'éclipsera pas la qualité des différentes scènes. Dans les livres, chaque chapitre aborde un jour et une aventure. Disney a fait le choix de reprendre cette construction et présente pour cela différents tableaux. Chacun reproduit un mini-univers bien particulier, que ce soit dans les décors, les couleurs ou bien la musique. On s'émerveille face à la beauté des rues de Londres, on s'amuse du décor abracadabrantesque de la maison de Topsy (le personnage de Meryl Streep), ou on admire la qualité des animations en 2D de la scène du music-hall. Cette variété des univers permet de ne jamais s'ennuyer.

L'intrigue simpliste permet de ne pas perdre les spectateurs les plus jeunes, mais elle offre aussi une continuité appréciable qui donne son unité à la comédie musicale. Les scénaristes évitent ainsi la succession de tableaux ou l'absence d'intrigue que l'on peut reprocher à certains contenus pour enfants.

En parlant d'enfants, Le retour de Mary Poppins parvient à donner aux trois Banks une place importante, sans tomber dans la niaiserie. Car on ne va pas se mentir : les personnages d'enfants dans la fiction sont souvent agaçants. Mais ce film parvient à les rendre attachants.

Du grand Broadway

Le Retour de Mary Poppins déballe les plus beaux atouts de Broadway. Les danses de groupe impressionnent -- si l'on oublie les étranges cascades en BMX -- et les musiques d'orchestre magistrales sont encore plus présentes que dans le premier opus. Mais il faut aussi rendre hommage à la qualité des décors et des costumes, qui jonglent avec brio entre l'historique et le magique. Disney a recruté un casting cinq étoiles, débordant de nominations et récompenses aux Tony Awards et aux Oscar, et ça se voit à l'écran.

Rob Marshall, le metteur en scène, a débuté sa carrière à Broadway, et ça se voit au nombre de danseurs et danseuses présents par saynètes. D'ailleurs, la production insiste sur le temps qui a été accordé aux artistes pour les répétitions, qui leur aurait permis de fournir un tel résultat.

Le témoin est parfaitement passé

Le Retour de Mary Poppins ne néglige pas son immense héritage. Les fans du premier opus seront ravis de retrouver l'univers du film, avec de multiples clins d'oeil et références amusantes que l'on vous laissera découvrir. Mais le film ne se contente pas de servir la soupe aux nostalgiques, il propose une œuvre digne de lui succéder auprès des plus jeunes générations. Les parallèles entre les deux comédies musicales sont évidents.

Supercalifragilisticexpialidocious trouve ainsi son successeur dans le grand numéro de Mary Poppins et des allumeurs de réverbères,Trip a Little Light FantasticLe passage en dessins animés dans le music hall marque les esprits, à l'instar du passage du premier opus dans le dessin de Bert. Ou encore, la cousine Topsy reprend le flambeau de l'oncle en fou rire constant.

Mission impossible pour Emily Blunt et Lin-Manuel Miranda

Emily Blunt et Lin-Manuel Miranda ont la tâche insurmontable de reformer le duo culte de Julie Andrews et Dick Van Dyke. Forcément, ils souffriront de la comparaison. Andrews avait remporté l'Oscar de la meilleure actrice avec sa magnifique performance, alors que Van Dyke s'affirmait comme son complément clownesque.

Dès ses premières minutes à l'écran, Emily Blunt rentre parfaitement dans le rôle de la nounou practically perfectSi la Mary Poppins de ce film se montre peut être moins relâchée que la précédente, l'actrice anglaise en prend les traits : gentiment sévère, parfois espiègle, et toujours impeccable. Si on apprécie sa performance générale, on regrettera peut-être l'absence d'un numéro vraiment marquant. Emily Blunt chante très bien, se fond dans les danses, mais elle n'est jamais vraiment mise en avant, alors que le film porte le nom de son personnage.

Lin-Manuel Miranda quant à lui part avec un désavantage : il est américain. Tout talentueux qu'il est, son imitation d'accent britannique fait tâche dans ce Londres qui se veut authentique. À moins que ce soit un clin d'œil volontaire de la production, puisque l'accent trop exagéré de Dick Van Dyke avait également récolté les critiques ? Mais d'Emily Blunt aux enfants, le petit Georgie en tête, tous ont un accent à couper au couteau. Celui de Miranda sonne faux, alors que son personnage doit être le londonien par excellence.

Une fois ce détail partiellement mis de côté -- et probablement gommé dans la VF -- on ne peut que saluer sa performance. Son personnage, l'allumeur de réverbère Jack, est bien moins pitre que Bert, et donc forcément moins marquant. C'est en apparence un désavantage, mais il permet à Miranda d'être un magnifique second rôle aux côté d'Emily Blunt. Et côté musical, Miranda fait honneur à sa réputation : chanteur sur la chanson principale du film, « Underneath the lovely London sky », -- digne héritière de « Chim Chim Cher-ee » -- il mène de nombreuses chorégraphies avec aise.

La vraie vedette, c'est Ben Wishaw

Ben Wishaw incarne Michael, l'enfant du premier film, devenu père de deux enfants, et endeuillé par la mort de sa femme. Vous le reconnaîtrez peut-être des James Bond Skyfall et Spectre ou dans son rôle principal dans le Parfum. Dans ce retour de Mary Poppins, il est juste excellent, au point de lui voler la vedette. Sa chanson en solo, A Conversation, presque parlée, est extrêmement touchante (il se pourrait même que nous ayons eu la larmichette à l'œil).

Parfait dans son rôle de père aimant mais débordé par les événements, l'acteur se démarque par son jeu tout en émotion. Et puis son personnage, extrême opposé de la figure patriarcale de M. Banks dans le premier film, propose une vision différente et rafraîchissante de l'éducation. Le père n'hésite pas à s'excuser auprès de ses enfants après s'être emporté injustement, ni à accorder de l'importance à leurs avis, sans faire preuve d'autoritarisme.

Ce personnage attachant, créé de toutes pièces par les scénaristes, relègue malheureusement celui de Jane à l'arrière plan. La petite fille du film original volait la vedette à son petit frère, l'adulte du second n'est relégué qu'à un rôle de soutien. Très peu présente sur les scènes chantées, son personnage n'a quasiment aucune utilité, à part comme prétexte pour une histoire d'amour molle, à peine développée. Bon, Emily Mortimer tire le maximum de ce rôle ingrat, mais on regrette son traitement.

Le Retour de Mary Poppins n'est pas exempt de défauts, mais la production générale est d'une telle qualité qu'il est difficile de ne pas la recommander. Et puis la comédie musicale devrait plaire autant aux adultes qu'aux enfants — à condition d'aimer le genre, bien sûr. La nounou préférée des enfants arrive dans les salles de cinéma le 19 décembre, et devrait s'imposer comme un excellent film familial.