NES, SNES, PlayStation... : faut-il vraiment céder à la nostalgie des consoles « Classic Mini » ?
Sous les sapins, une console vieille de plusieurs décennies en remplace une autre.
Tout a commencé par Nintendo
Personne n'en voudra à Nintendo d'avoir dégainé les premiers. En 2016, la NES Classic Mini avait cette fraîcheur bienvenue. Sortie en plein milieu du cycle PS4/XBox One et avant la Switch, la mini console partait d'un bon sentiment. Celui de dépoussiérer une machine culte. Le succès fut d'ailleurs immédiat : des premiers stocks évaporés en quelques heures et des prix qui explosent sur eBay (avant le réapprovisionnement). En limitant d'abord la production, Nintendo avait transformé l'essai : faire de la petite console un objet de luxe, désirable et convoité.
Avec ce succès en poche, la firme au plombier s'est ouvert la voie à une vraie gamme, nourrie par l'arrivée de la SNES Classic Mini. Nouveau carton plein pour une console qui parle encore plus au grand public. Les débuts, aussi, de la multiplication du genre...
Le morphotype de la console mini classic machin
Car ces consoles se sont reproduites à un rythme effréné. Comment les définir ? Toujours plus ou moins de la même manière. Voici les caractéristiques que l'on retrouve sur les trois produits disponibles à l'heure où nous écrivons ces lignes (NES Classic Mini, SNES Classic Mini et PlayStation Classic) :
Une supposée rareté ;
Une ressemblance trait pour trait avec la console originale ;
Des mensurations riquiqui, qui permettent de tenir l'objet dans la main ;
Les mêmes manettes qu'à l'époque (avec un câble parfois trop court) ;
Pas d'adaptateur secteur (!) ;
Zéro possibilité d'évolution (pas de connexion internet) ;
Un catalogue de jeux préinstallés et non extensible, issu des versions américaines (très peu de français, même quand il y a eu des traductions)
Une qualité d'émulation qui fait le strict minimum (pas de réelle mise à l'échelle).
En brossant ce portrait, on se rend vite compte que les consoles assurent l'essentiel mais ne feront pas rêver grand monde, passé le plaisir du déballage et le charme du design (oui, c'est choupi une mini PlayStation). L'absence de connexion internet limite grandement les possibilités de ces déclinaisons. Cela veut dire qu'il n'y aura jamais de mises à jour et qu'on ne pourra pas télécharger d'autres jeux (même en payant, comme c'est le cas sur les consoles traditionnelles qui empilent les oldies). Ce défaut peut néanmoins être vu comme une qualité : la simplicité d'utilisation est garantie.
Pourquoi l'anglais ?
On pourrait se dire que la NES Classic Mini, la SNES Classic Mini et la PlayStation Classic s'apparentent à de véritables mines d'or de transmission auprès des plus jeunes, grâce à un accès simple et rapide à des oldies considérés comme des pépites (après, qui a envie de jouer à Final Fantasy VII pour la millième fois ? C'est une autre question...). Ce n'est pas tout à fait vrai. Nous ne reviendrons pas sur la qualité du catalogue de chacune (il y aura toujours des insatisfaits), plutôt sur le choix des ROM américains. Bien qu'ils garantissent le 60 Hz (le format PAL s'arrêtait au 50 Hz), ils nous privent du français -- à de rares exceptions près. Comment faire jouer un gamin à Metal Gear Solid quand il ne comprend pas la langue de Shakespeare ?
Simple objet de collection
Pourquoi craquer, du coup ? C'est là où Nintendo, Sony et, bientôt, Sega sont très forts : la nostalgie est un levier puissant, susceptible de faire acheter sans le moindre argument. Au regard du design et de la qualité de finition, la NES Classic Mini, la SNES Classic Mini et la PlayStation Classic demeurent de très jolis objets de collection -- payés le prix fort, en raison de qualités vidéoludiques très discutables. En vérité, on pourrait presque affirmer que les trois produits se porteraient bien mieux sans les jeux préinstallés. En simple objet d'exposition, elles seraient parfaites. Mais dès lors qu'on les allume, la magie n'opère déjà plus. Aussitôt acheté, aussitôt branché, aussitôt rangé, voire remisé dans un tiroir.
En espérant que Nintendo tienne sa promesse (pas de Nintendo 64 Mini Classic) et que Microsoft ne se sente pas pousser des ailes (mais quel serait l'héritage d'une Xbox Classic ?).
On conclura en rappelant qu'un Raspberry Pi, moyennant quelques bidouillages et des émulateurs, fait plus que l'affaire pour goûter aux joies des vieux titres. De toutes les consoles.
https://www.numerama.com/pop-culture/443724-test-de-la-playstation-classic-la-nostalgie-a-ses-limites.html