Sony n’ira pas à l’E3 2019. Un coup de tonnerre qui permet à Microsoft de sabrer le champagne. Mais qui peut faire douter de l’intérêt du salon.

« Nous avons hâte de tous vous voir à l’E3 2019 ! » Tout en sobriété, Microsoft a réagi, ce 16 novembre 2018, à la décision de Sony de ne pas poser ses valises à Los Angeles en juin prochain. Pour le constructeur américain, c’est une victoire sans avoir à rien faire. Au même titre que les joueurs et les observateurs, il a probablement été surpris par le choix de son principal concurrent. Il est vrai qu’il résonne comme un véritable coup de tonnerre : jamais, dans son histoire, la marque PlayStation n’avait manqué le rendez-vous le plus important de l’année. 

À bien y réfléchir, l’information est autant une excellente nouvelle pour Microsoft qu’une tragédie pour les joueurs. Imaginez le finaliste d’une grande compétition sportive déclarer forfait avant l’ultime match — à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. À terme, la principale victime sera peut-être l’E3, qui perd petit à petit ses principaux acteurs.

Pouvait-on le prévoir ?

Certains diront que le choix de Sony était prévisible. C’est vrai, si l’on se réfère à l’E3 2018, durant lequel la firme nippone s’est contentée d’une conférence centrée sur quatre jeux (pendant que Microsoft les empilait). C’est aussi le cas, si l’on considère que l’annulation du PlayStation Experience était un indice (pendant que Microsoft organisait un X018). Leader du marché, Sony n’a visiblement pas de quoi remplir l’espace médiatique à court terme.

Mais, dans le même temps, Sony est leader du marché. En ce sens, le voir dire non à l’E3 2019 pour « chercher des [nouvelles] manières d’engager sa communauté » reste très étonnant. D’autant plus que la PlayStation 4 est proche de la fin, signifiant que la PlayStation 5 ne devrait pas tarder à faire son apparition… L’E3 2019 paraissait l’endroit idéal pour la dévoiler et s’accaparer toute la lumière. Les fans devront s’en passer.

Microsoft va avoir la pression

Ces dernières années, Sony avait pris l’habitude d’éblouir les fans de jeux vidéo avec des conférences qui enchaînaient un à un les uppercuts. Microsoft, qui n’a pas toujours démérité, ressortait parfois K.O. de l’E3. En 2019, la firme de Redmond aura un boulevard devant elle. Il lui permettra de capitaliser sur les graines plantées en 2018, où on l’aura vu gagner la guerre des conférences et multiplier les acquisitions de studios pour offrir, enfin, un catalogue digne de ce nom à ses consoles.

Microsoft aura donc la pression à Los Angeles : il sera LE constructeur qui devra assurer le show, non seulement pour lui mais aussi pour les autres (les éditeurs bénéficient d’une belle exposition pendant les conférences). On attend de Phil Spencer et son équipe un E3 géré à la perfection, rempli de belles annonces et porteur de vraies promesses. Il ne suffira pas à enterrer Sony, bien sûr, mais il permettrait de tirer un trait, une bonne fois pour toutes, sur les errements de communication observés au début de l’ère Xbox One.

The Last of Us Part II // Source : Sony

The Last of Us Part II

Source : Sony

L’E3 en danger ?

Du côté des organisateurs de l’E3, c’est un immense coup dur. Car il faudra combler l’immense vide laissé par Sony, aussi bien dans l’espace médiatique qu’au sein du Convention Center. C’est une perte, aussi, pour les éditeurs, qui s’appuient sur les stands des constructeurs pour mettre en avant leurs jeux (quitte à faire doublon avec leurs propres bornes). Pour eux, plus les productions sont exposées, mieux c’est. Un constat encore plus vrai pour les studios indépendants, qui n’ont pas les moyens d’avoir un stand et s’en remettent aux géants pour capter un peu d’attention.

Cette absence s’ajoute à celle déjà actée d’Electronic Arts, qui préfère aujourd’hui s’en tenir à son événement EA Play, organisé en marge de l’E3, pour communiquer sur ses produits. Si, un à un, les principaux acteurs du marché abandonnent le navire pour faire leur tambouille de leur côté, on se demande bien ce qui pourrait advenir du salon. Pour l’heure, la balle est dans le camp de Microsoft, en gardant en mémoire qu’un monopole implique de grandes responsabilités.


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