Difficile à monétiser et subissant les aléas du web, les contenus autour du porno et de la sexologie sont-ils les plus exposés aux caprices des plateformes ?

Écrire le porno, notamment dans les médias mainstream, ne devrait plus être un signe d’audace.

Un demi-siècle s’est écoulé depuis l’essor de la vidéo pornographique. Autant d’années durant lesquelles la presse a fait de nombreux efforts afin de saisir ce monde. Les tendances ont été souvent contradictoires. De la presse spécialisée — surtout dynamisée par la vente de disques polissons — aux fanzines marginaux très intello, le verbe journalistique a tout essayé pour capter le stupre. Néanmoins, à l’heure d’une presse numérisée — dont la dépendance aux géants du web fait débat — mais aussi  du brand safety, la rémunération et l’existence de ces formats qui allient suggestivité et journalisme apparaissent précaires.

« Spam agressif »

Comme pour rappeler cette fragilité, Le Tag Parfait s’est récemment vu blacklisté du moteur de recherche Google pendant une semaine, selon Stephen, son rédacteur en chef. Ce dernier indique auprès de Numerama que l’entreprise américaine reprochait au média de la « culture porn » une erreur de « spam agressif ». Or il apparaît, alors que la sanction a été récemment levée à l’encontre du site, qu’il s’agissait d’une erreur de la part de Google.

L’entreprise indique qu’elle considère le spam agressif lorsqu’elle croit déceler l’utilisation des pratiques « telles que la génération automatique de contenu vide de sens, des techniques de dissimulation (cloaking), le détournement de contenu d’autres sites Web et/ou des pratiques répétées ou nuisibles contraires aux consignes relatives à la qualité de Google ».

google

Une telle erreur peut s’appliquer à n’importe quel site, et il est difficile de rapprocher le contenu du média — une revue sur la pornographie — à la sanction injustement appliquée. Toutefois, l’épreuve a inspiré Le Tag Parfait à repenser sa dépendance aux moteurs de recherche après que Stephen ait « passé la pire semaine de [sa] vie ».

Alors que la sanction de Google laisse l’équipe en déroute — « On peut vivre sans Google mais c’est se condamner à mourir à petit feu », constatent-ils alors — une telle épreuve remet en question leur dépendance aux géants du net. « Dans cet enfer, nous avons eu le temps de réfléchir à notre dépendance aux services des géants d’Internet (Google, Facebook…) et à sans doute envisager une nouvelle formule pour Le Tag Parfait. On en a aussi profité pour régler des petites erreurs qu’on faisait. »

« Les régies pubs refusent l’adulte »

Si cette erreur ne semble pas propre à la pornographie, le rédacteur en chef convient que cette situation rappelle le sort auquel les médias porno sont soumis sur Internet. Rien qu’en matière de rémunération, il est bien plus délicat de monétiser de tels contenus qu’on ne peut l’imaginer.

Pour préserver leur expérience utilisateur, il est hors de question pour ces blogs et médias d’accepter les annonceurs spécialistes du porno « trop hardcore ». Et inversement, les annonceurs classiques auront tendance à éviter les contenus qui ont « le cul entre deux chaises » comme le résume le rédacteur en chef. Il rappelle : « les régies pubs mainstream refusent l’adulte et les agences média encore plus ». Même sur Numerama, les tags liés à des articles sur la pornographie ou le sexe désactivent les annonces — à la demande des régies et, de fait, de leurs clients.

Pour monétiser l’activité du Tag Parfait, payer son fonctionnement et ses collaborateurs, le site utilise l’affiliation et des campagnes fixes, gérées en interne. Ce mardi, c’est Wyylde, un « réseau social libertin » qui est ainsi mis en avant dans un encart publicitaire.

porn censure

Mais à chaque plateforme ses règles : Facebook par exemple, peut aller priver un média de l’utilisation de son format Instant Article pour des contenus jugés adultes. Connu pour sa pudeur, la plateforme s’est souvent montrée sévère avec les contenus qu’elle considère choquant selon des critères vus des États-Unis et comparés avec le droit national. Mais le réseau social n’est pas le seul à mettre sous le tapis les contenus adulte pour des raisons économiques : YouTube est souvent visé sur ce sujet précis.

Les vidéastes portés sur la sexologie, ou même sur des contenus moins élaborés mais relevant de l’adulte, ont dans leur grande majorité vu leurs contenus être « démonétisés ». Veillant plus que jamais au ton des contenus qu’elles monétisent, la plateforme de Google évite par prudence les sujets en dessous de la ceinture. Au risque d’atrophier l’offre sur le sujet ?

Il est en tout cas difficile d’imaginer rentabiliser ses investissements lorsque l’on se lance sur un tel sujet.

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