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Philip K. Dick's Electric Dreams, une intelligente anthologie qui vire à l'ennui

Promesse d'un nouveau « Black Mirror » ? Ce vendredi 12 janvier, l'intégralité des rêves électriques de Philip K. Dick voit leur adaptation télé arriver sur Amazon Prime. Critique. 

En ajoutant à son titre le nom de l'auteur, tel un label, Philip K. Dick's Electric Dreams se cherche une légitimité dans le respect de l'œuvre originale. Piochant dans des courtes nouvelles, une dizaine de pages au plus pour certaines, la série d'Amazon et de la Channel 4 s'attelle à une citation consciencieuse, presque didactique.

Si bien, que là où on pouvait attendre une adaptation des concepts de SF imposés par l'écrivain, on trouve une retranscription d'un ouvrage qui n'était pourtant pas prévu pour l'écran. C'était déjà la marque de The Man in the High Castlemais ici, plus encore, l'image est fidèle au texte.

Du personnage, du roman et de la théorie

Ainsi, la série d'anthologie n'échappe pas au point d'orgue de la littérature de K. Dick : le rapport à la fiction. Là où il y a science-fiction, il y a une poussée créative humaine, une réflexion qui va au-delà de l'histoire même et qui conduit à une régurgitation du réel. Souvenez-vous : dans le Haut Château, les personnages agissent en miroir du téléspectateur, découvrant au fil des épisodes les bobines d'une uchronie qui est, pour nous, l'Histoire, quand de manière exactement inverse, nous découvrons l'uchronie. Faisant face à l'impact de la fiction sur les personnages, le téléspectateur est renvoyé à son propre rôle.

Il en va de même pour les meilleurs épisodes d'Electric Dreams qui, à défaut d'être tout à fait modernes, ne cessent d'interroger non pas notre monde, mais notre besoin de fiction dans un monde en fragments.

Dans The Impossible Planet, un guide spatial conduit une femme âgée vers son rêve : voir la Terre avant de mourir. Mais dans le futur de K. Dick, la Terre est une légende contingente, qui n'a peut être jamais été et n'est plus que le support d'une mystique de l'humanité. De fait, le guide touristique conduit la femme vers un rocher délabré flottant dans un espace qui pourrait, ou non, être la Terre.

Et tout se joue alors grâce aux filtres chromatiques appliqués par le guide sur les écrans de la navette : d'un rocher désert et asséché, la Terre naît, bleue, émouvante. Image, fiction, mystique : tout Dick semble y être réuni. Une unique différence dans le scénario rappellera seulement que nous ne lisons pas la nouvelle éponyme.

« Le téléspectateur a-t-il sa place dans ces rêves électriques ? »

Autre démonstration de la puissance réflexive des concepts de l'auteur : The Commuter, meilleur épisode du petit bouquet de rêves électriques de cette anthologie. Un employé de gare est conduit à visiter une station qui n'existe pas -- à moins qu'elle ne soit et demeure la seule réalité de son créateur.

Particulièrement métaphorique, touchant à la quantique comme à la création, The Commuter porte un vrai souffle théorique. Elle réjouit durablement le lecteur un rien porté sur l'analyse. Mais voilà qu'une autre question affleure le critique  : l'épisode, bien que poétique, souffre d'une réalisation très classique. Au-delà du lecteur, le téléspectateur a-t-il sa place dans ces rêves électriques ?

Difficile de répondre par l'affirmative à cette question. Bien que les castings soient tous réussis, comportant leur pléiade de stars, que certains réalisateurs mettent davantage de cœur à la tâche, l'anthologie vire rapidement à l'ennui.

Pas ou peu adaptées au petit écran, les nouvelles sont retranscrites en images : elles n'ont pas l'occasion d'être traduites en mouvements. Descriptive et didactique, l'écriture des différents épisodes souffrent de ne pas posséder de tension et de rythme.

Enfin, partageant et l'anthologie, et la science-fiction, Electric Dreams et Black Mirror divergent fondamentalement dans leur rapport à l'image : quand l'une repose sur une rêverie illustrée, l'autre est tout entière tournée vers le thriller, et plusDe cette perméabilité aux devoirs du petit écran, il n'apparait chez Electric Dreams qu'un ennui régulier qui ne manque pas de saisir le curieux comme le passionné.

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