Les consoles ne se vendent plus. La première grosse sortie de l’année 2023 est un flop. Bref, rien ne va pour Xbox en ce moment, et il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir.

L’année 2022 n’a pas été très reluisante pour Xbox. On s’attendait naïvement à ce que Microsoft rectifie le tir en 2023, pour ne pas vivre une deuxième période noire consécutive. Le premier rendez-vous de l’année, matérialisé par une conférence réussie et la sortie surprise de Hi-Fi Rush, nous a permis d’y croire. C’était sans compter l’enchaînement de coups durs pour la multinationale, embourbée dans un rachat scruté de toute part (l’acquisition d’Activision Blizzard) et une stratégie éditoriale déplorable au regard des moyens déployés.

La comparaison fait mal à Xbox : quand Sony enregistre le meilleur trimestre de l’histoire, en termes de consoles vendues, grâce à la PS5, la Xbox Series S et la Xbox Series X observent un ralentissement digne de consoles en fin de vie (alors qu’elles n’ont même pas trois ans). Cette mauvaise nouvelle a été suivie d’un lancement complètement raté : Redfall, première grosse exclusivité Xbox de 2023, subit les foudres de tout le monde — en témoigne son piètre score de 59 sur 100 affiché sur Metacritic (on lui a mis 5 sur 10).

Starfield // Source : Microsoft
Tous les espoirs sont sur Starfield // Source : Microsoft

Xbox déploie des moyens colossaux, pour des résultats si décevants

Si l’on suit de près le monde du foot, une comparaison naturelle vient à l’esprit quand on regarde la situation de Xbox : on dirait celle du PSG. Le club de foot de la capitale française dispose, comme Microsoft, de moyens illimités (sous couvert de respecter certaines règles financières). À l’instar Microsoft, le PSG n’hésite pas à dépenser des millions pour bâtir une équipe de stars talentueuses (pour Xbox, ce sont des studios de développement). Mais la marque Xbox et le PSG partagent un dernier point commun moins enviable : au moment où ça compte (vendre des consoles/sortir des jeux pour l’un, briller sur la scène européenne pour l’autre), il n’y a plus personne. Cela se ressent dans la communication : on nous promet beaucoup trop pour la réalité qui en découle.

« Il n’y a rien de plus difficile pour moi que de décevoir la communauté Xbox. Rien que de voir les joueuses perdre la confiance et être déçus me déçoit, je m’en veux vraiment », déclare Phil Spencer dans le podcast Xcast, au moment de commenter l’accueil tiède, mais légitime, réservé à Redfall. Cet aveu d’échec très honnête est à souligner, sauf qu’il ne changera pas la perception du public. Microsoft donne parfois l’impression d’avoir de l’or entre les mains et de tout gâcher, souvent à cause d’une communication maladroite. La Xbox Series X serait la console la plus puissante du marché ? On attend encore le jeu vitrine susceptible de le démontrer, une bonne fois pour toutes, quand la PS5 en a déjà mis plein les yeux avec des titres comme Horizon Forbidden West ou encore Ratchet & Clank: Rift Apart.

Quand on regarde le calendrier des sorties à venir sur Xbox, il n’y a pas de quoi sauter au plafond. Le prochain Forza devrait être le porte-étendard de la Xbox Series X, technologiquement parlant. Mais il s’agit d’un jeu de course au gameplay pointu, donc moins accessible au grand public. En réalité, toute la pression est concentrée sur les épaules de Bethesda, qui devrait lancer Starfield le 6 septembre 2023. Les ambitions sont immenses et les attentes sont élevées. En cas d’échec, ce serait une désillusion de plus pour Xbox et un argument supplémentaire pour alimenter la défiance envers la marque. En outre, où sont passés tous les jeux annoncés beaucoup trop tôt ? Comme le reboot de Fable.

Phil Spencer, qui a visiblement pris un coup sur la tête, a tiré un constat assez déprimant pour l’avenir : « On ne pourra pas battre Sony. On ne pourra pas battre Nintendo. Il n’y a pas de scénario gagnant pour nous. » À ses yeux, les dés sont déjà jetés, la faute au virage loupé avec la Xbox One : « 90 % des gens qui vont dans une boutique de jeux vidéo pour acheter une console utilisent déjà l’un des trois écosystèmes. » Et comme Xbox est la troisième force du marché, la position est loin d’être enviable. Il ajoute même : « Il n’y a aucun monde où Starfield obtient une note de 11 sur 10 et les gens revendent leur PS5 pour l’acheter. »

Que reste-t-il à Xbox pour se faire une place ? Le Game Pass, son catalogue de jeux vidéo accessible par un abonnement mensuel à moins de 10 €. C’est sans conteste la plus belle réussite de Microsoft sur le marché du gaming : permettre à n’importe qui de jouer à une variété d’expériences sur la plateforme de son choix. Peut-être que Xbox se limitera à ce rôle de fournisseur d’un service de qualité, tout comme le PSG se satisfait bien malgré lui de ce costume d’épouvantail dans le championnat de France. Au regard des investissements, ce n’est pas vraiment ce que l’on attend des deux mastodontes.


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