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J'ai pleuré devant le magnifique A Plague Tale: Requiem

Avec A Plague Tale: Requiem, le studio bordelais Asobo réussit l'exercice périlleux de la suite. Tout est mieux dans ce jeu, qui mise encore sur la narration pour émouvoir. 

« Je suis fatigué d’avoir peur ! », s'écrie la jeune fille, qui ne cesse d'être confrontée aux pires horreurs que le monde puisse connaître. Tout au long de son nouveau périple, cette héroïne qui n'avait rien demandé ne cessera de s'encourager, d'étaler ses doutes, de vaciller. Mais de toujours parvenir à se relever. « Arrête d’être faible ! », l'entend-on prononcer dans A Plague Tale: Requiem, le jeu vidéo qui se déroule après A Plague Tale: Innocence et que nous avons testé pendant de longues heures. 

On imagine que, à l'instar du personnage principal, la pression a dû être énorme sur les épaules d'Asobo. Le studio bordelais a été surpris par le succès, tant critique que commercial, de A Plague Tale: Innocence, petite pépite sortie en 2019 -- dont le fond hyper touchant rattrapait une forme parfois discutable. Le risque de tout gâcher dans une suite aux ambitions trop grandes était là. Finalement, on est ravi d'écrire, les yeux embués (il faut bien l'avouer), que A Plague Tale: Requiem est une franche réussite. Elle transcende tout ce que son prédécesseur a su installer, sans trahir l'essence de la licence. 

Hugo est une révélation // Source : Capture PS5

A Plague Tale: Requiem est d'abord une claque visuelle

Une bande son d'orfèvre

La bande originale est une nouvelle fois signée Olivier Derivière, compositeur de génie qui nous livre des morceaux tout à la fois délicats et opressants. Vive les instruments à cordes. 

J'avais encore en mémoire les graphismes loin d'être irréprochables de A Plague Tale: Innocence, sorti sur PS4 et Xbox One (avant de renaître, un peu, sur les consoles les plus récentes). À l'époque, on sentait que le jeu ne s'appuyait pas sur un budget conséquent, et qu'Aboso avait fait ce qu'il avait pu pour proposer un rendu acceptable. Les développeurs avaient alors privilégié l'artistique à la technique, pour immerger les joueuses et les joueurs dans un Moyen Âge à l'atmosphère délétère, gangréné par la peste. Où les nuées de rats grouillent jusqu'à tout détruire sur leur passage. 

Il y a un sacré gouffre visuel entre A Plague Tale: Innocence et sa suite

Quelle fut donc ma surprise en découvrant les premières images de A Plague Tale: Requiem, choyé dans le confort de mon salon. Il y a un sacré gouffre visuel entre A Plague Tale: Innocence et sa suite. Comme si Asobo était monté de plusieurs divisions d'un seul coup. La direction artistique continue de nourrir les fondations mais, cette fois, la bâtisse est impressionnante. Nous sommes passés d'une simple église en bois, qui ne résisterait pas à un feu perpétré par un groupe haineux de Black Metal, à une cathédrale en pierre -- dotée de superbes vitraux qui attirent le regard. 

Des panaromas à couper le souffle // Source : Capture PS5

On ne peut qu'applaudir la décision de ne pas proposer A Plague Tale: Requiem aux propriétaires de PS4 et de Xbox One. Ce choix, qui n'a pas dû être facile pour l'éditeur Focus Interactive, permet au jeu de s'épanouir bien plus, avec un visage digne de la nouvelle génération. De la modélisation hyper précise des personnages, dont les tenues sont riches en matières, à la magnificence des décors provençales traversés, en passant par les animations très réalistes, tout est beau dans A Plague Tale: Requiem. En prime, comme les événements se déroulent six mois après, on passe de la froideur de l'hiver à la chaleur de l'été. Ce qui ne veut pas dire qu'Amicia a droit au bonheur. 

Si attrayant soit-il, A Plague Tale: Requiem pêche quand même un petit peu dans les finitions. Techniquement, le jeu est loin d'être irréprochable : il reste encore des bugs résiduels (notamment dans les collisions) tandis que des ralentissements sont les stigmates d'un framerate à la dérive. Dans le sillage de Gotham Knights, A Plague Tale Requiem ne s'appuie que sur un seul mode d'affichage, semble-t-il plutôt axé sur la fidélité que la fluidité. Une option misant davantage sur la performance ne serait pas de refus, étant donné que Asobo n'a pas eu la main légère sur les effets visuels. 

Le Moyen Âge reste effrayant // Source : Capture PS5

Une histoire hyper émouvante

D'un point de vue narratif, A Plague Tale: Requiem est bien la suite de A Plague Tale: InnocenceIl s'articule toujours autour du duo formé par Amicia et Hugo, qui croyaient enfin avoir la paix après tant de jours à fuir pour leur vie. Malheureusement pour eux, le petit garçon, si mignon dans sa naïveté, est atteint d'un mal qui les dépasse. Le frère et la sœur partent alors en quête de réponses sur une île située dans le sud de la France, avec l'espoir de trouver un remède et d'en finir avec les cauchemars qui les poursuivent. 

Bien évidemment, on ne dévoilera rien de l'intrigue, pétrie de rebondissements, tant la surprise doit demeurer intacte pour l'apprécier à sa juste valeur. Tout juste affirmera-t-on que les scénaristes ont opté pour une continuité nécessaire à l'évolution d'Amicia et Hugo, contraints à la maturité éclair par la force des choses. Il est surtout question du rapport à la violence, Amicia étant parfois aveuglée par sa quête. À ce sujet, l'adolescente se révèle un peu plus dans ses failles, dans ces nombreux moments de doute au bord de la folie. 

Profondément humain, le récit saura parler à votre cœur

À la dérive, Amicia est sans cesse partagée entre son devoir de protéger Hugo et son rôle en tant que grande sœur censée montrer l'exemple. De cette ambivalence naissent des moments tantôt saisissants, tantôt émouvants -- entre la vérité qui fait mal aux oreilles et aux yeux, et les câlins réconfortants. Asobo sait comment jouer sur la corde sensible afin de créer de l'empathie pour des personnages qu'on aime déjà beaucoup (grâce à A Plague Tale: Innocence). Et tandis que A Plague Tale: Requiem réserve son lot de séquences fortes, on n'en retiendra que son emphase sur l'intime. Profondément humain, le récit saura parler à votre cœur : c'est dans la violence exacerbée que sont engendrées les émotions les plus extrêmes. 

Des progrès, aussi, dans le gameplay

Pour matérialiser au mieux l'ascension fulgurante d'Amicia au rang d'héroïne courageuse, Asobo a retravaillé la prise en main. Sur ce point, beaucoup de choses ont changé, à commencer par la caméra et les mouvements -- plus souples et cinématographiques que jamais. Dès lors, le gameplay est plus agréable, car moins lourd et plus fluide. Amicia dispose aussi de nouveaux moyens pour se défendre, que ce soit face aux humains ou aux rats. L'idée n'est pas de la transformer en guerrière non plus, A Plague Tale: Requiem encourageant l'infiltration pour éviter de tomber dans l'action sans queue ni tête. 

Malgré cette progression en matière de confort, de possibilités et de variété, le gameplay reste perfectible. Certaines situations tombent dans l'invraisemblable, voire le pénible, pour répondre à une logique de design. C'est tellement marqué qu'il est possible de tromper le jeu en se montrant plus malin que lui (astuce : fuyez quand vous le pouvez). Là se trouvent les limites de A Plague Tale: Requiem, trahi par la trame trop étroite établie par son prédécesseur. Certes, il se joue mieux -- mais cela ne veut pas dire qu'il se joue bien (il y a encore trop de manipulations pour certaines actions simples). 

Amicia est-elle fait comme un rat ? // Source : Capture PS5

On ne retiendra pas A Plague Tale: Requiem pour son gameplay. Mais, fort heureusement, il ne vient pas ternir le plaisir que l'on prend à suivre Amicia et Hugo dans la noirceur de leur réalité. Le fait est qu'on n'est que trop rarement pris par le temps. Les différentes portions relèvent plutôt de l'ordre du puzzle à résoudre, au moyen de tous les outils -- souvent mortels -- dont dispose Amicia. À noter que votre manière d'appréhender les situations pourra spécialiser l'héroïne pour qu'elle soit plus opportuniste, discrète et/ou agressive. Encore une manière d'appuyer sa belle évolution.