La patronne de Disney France laisse entendre que la chronologie des médias va évoluer
Le chantage de Disney a-t-il fonctionné ?
Sans surprise, Disney ne fera pas l'impasse sur les salles obscures pour son prochain blockbuster. Black Panther : Wakanda Forever sortira le 9 novembre au cinéma, comme dans les autres pays. Mais Disney France, par l'intermédiaire de sa présidente, laisse entendre que cette décision est la conséquence de sa victoire.
Une nouvelle chronologie des médias en février 2023 ?
Depuis février 2022, il y a une nouvelle chronologie des médias en France. La fenêtre de 36 mois des services de SVOD (Netflix, Disney+, Prime Video) a été abaissée à 17 ou 15 mois (Netflix a le droit à moins, parce qu'il a passé un accord de financement avec le cinéma français). Cette nouvelle chronologie des médias est valable 3 ans, mais une clause de revoyure a toujours été prévue pour le début de l'année 2023. Elle devrait permettre aux services concernés de faire leurs retours sur la nouvelle réglementation.
Selon Hélène Etzi, la présidente de The Walt Disney Company France, d'importants changements auront lieu en février 2023. La patronne de Disney dit que « la majorité des acteurs » du secteur souhaitent « complètement réviser » la chronologie des médias, qui est « contre-productive » aujourd'hui. Des réunions devraient permettre à Disney d'obtenir ce qu'il souhaite… au moins selon l'entreprise.
La chronologie des médias complètement revue, vraiment ?
Les tweets d'Hélène Etzi ont surpris. Comment se fait-il qu'une telle annonce soit faite par la présidente d'un groupe privé, alors que toute l'industrie sait que ce sujet divise les différents acteurs ? Beaucoup imaginent un nouveau coup de bluff de Disney, qui mettrait en avant les discussions de février 2023 pour plus facilement justifier la sortie de Black Panther au cinéma, sans avoir la certitude qu'il obtiendra gain de cause.
Pour rappel, la chronologie des médias permet le financement du cinéma français. La casser, c'est prendre le risque de provoquer l'effondrement de tout un écosystème. Il ne s'agit pas que de la question de choisir entre le cinéma et la télévision, même si cette problématique est clairement importante aujourd'hui.
Ce n'est pas la première fois que Disney tente un coup de force pour faire craquer « l'exception française » (qui n'en est pas vraiment une, des systèmes similaires existent dans d'autres pays). Ces dernières années, l'entreprise a réservé plusieurs grosses productions (comme ses derniers Pixar) à Disney+, alors que d'autres pays ont eu droit à une sortie simultanée au cinéma et en streaming. Disney parviendra-t-il à venir à bout de la chronologie des médias ? Sur sa route, en plus des exploitants, il devra faire face à d'importants lobbies, comme celui de Canal+. Le groupe français, avec sa fenêtre de 6 mois, n'a pas intérêt à aider les services de SVOD.