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Pistol, sur Disney+, est rebelle, mais pas assez punk

Après Pam & Tommy, la plateforme familiale étonne à nouveau en produisant Pistol, une mini-série sur le célèbre groupe de punk anglais. Six épisodes qui transpirent le chaos, mais qui manquent d’une touche de révolte visuelle pour vraiment nous emporter. Critique.

Il faut avouer que le projet avait de quoi surprendre. L’histoire des Sex Pistols, racontée par Disney+, cela semblait un peu improbable. Et puis, les noms de Danny Boyle, réalisateur de Trainspotting, ainsi que de Craig Pearce, coscénariste de Moulin Rouge ! et Gatsby le Magnifique, ont été mis sur la table. Tout de suite, l’association avait de quoi rassurer. Sur le papier, on imaginait la série insoumise et survoltée. Mais à l’écran, Pistol, disponible dès aujourd’hui sur Disney+, n’est pas si détonante que prévu. Évidemment, préparez-vous à un florilège réjouissant de guitares saturées, de « fuck » constants et de vêtements en latex. Mais les six épisodes de cette mini-série ne parviennent pas réellement à nous captiver jusqu’au bout.

Au plus près de Steve Jones

Au commencement, il y a Steve Jones, un ado révolté qui a connu une enfance difficile dans une famille violente. Jusqu’au jour où il décide de monter le groupe de punk qui va révolutionner la musique et bouleverser la Grande-Bretagne puritaine des années 1970 : les Sex Pistols. La série prend le parti de suivre le point de vue de ce guitariste, élément fondateur de la formation musicale.

Pistol raconte l'histoire du célèbre groupe de punk anglais. // Source : Rebecca Brenneman/FX

Dès l’introduction du premier épisode, Pistol nous plonge dans la psychologie de ce gamin traumatisé, ayant constamment l’impression de vivre sous une cape d’invisibilité. Grâce à ce super-pouvoir, il s’imagine donc qu’il peut voler ce qu’il veut, n’importe où. Et c’est donc par là que commence la série : Steve Jones vole du matériel de musique, dont un micro ayant servi à David Bowie, et une voiture de luxe. Il est comme ça : « Nobody gives a shit about us so we shouldn’t give a shit about no one else ». Voilà comment est né l’esprit des Sex Pistols, un groupe anarchiste mené par quatre garçons de la classe populaire anglaise.

Un casting impeccable pour des personnages incomplets

Pour incarner cette genèse du punk, les créateurs de la série ont eu la bonne idée de faire appel à un casting relativement méconnu. Ces jeunes acteurs et actrices interprètent avec fougue et justesse l’énergie d’une époque culte. Anson Boon crève ainsi l’écran dans le rôle de Johnny Rotten, le chanteur un brin dingo des Sex Pistols. À ses côtés, Toby Wallace se révèle en Steve Jones et forme un joli duo avec Sydney Chandler (Chrissie Hynde, la future chanteuse et guitariste des Pretenders). Ils sont entourés des excellents Maisie Williams (Arya Stark dans Game of Thrones) et Thomas Brodie-Sangster (Le Jeu de la dame), tous deux méconnaissables.

Maisie Williams (Game of Thrones) est méconnaissable dans Pistol. // Source : Miya Mizuno/FX

Mais le grain de folie de ce formidable casting ne parvient malheureusement pas à rattraper un manque de profondeur des personnages cassés qu’ils incarnent. On peine à s’attacher à ces protagonistes du chaos, qui deviennent même parfois agaçants. Au terme des six épisodes de Pistol, on ne connaît finalement toujours pas les membres de ce groupe iconique.

God Save the Sex Pistols

Pourtant, la série aborde des thématiques passionnantes : la difficulté de se reconstruire après un trauma, le sexisme révoltant d’une industrie musicale trop masculine, la façon de trouver sa place dans un monde où l’on n’existe pas aux yeux des autres… Pistol se révèle ainsi régulièrement touchante, comme lors d’une scène entre Chrissie et Nancy, la petite amie de Sid Vicious, dans l’épisode 5. Et elle aurait pu faire figure de biopic magistral, si la fantastique Pam & Tommy n’était pas déjà passée par là il y a quelques mois. L’autre série de Disney+ maîtrisait bien davantage l’analyse de ses personnages principaux et proposait une narration réellement originale pour ce couple sulfureux.

Anson Boon crève l'écran dans le rôle de Johnny Rotten, le chanteur du groupe // Source : Miya Mizuno/FX

Pistol, elle, aurait pu être punk à souhaits, mais reste bien trop sage dans sa construction pour convaincre. L’alternance d’images d’archives et d’une photographie poisseuse aux accents vintage sent un brin le réchauffé. Et si la mise en scène est énergique, sans cesse en mouvement, on pouvait tout de même en attendre davantage de Danny Boyle, après le monument de cinéma Trainspotting.

On aurait presque aimé que cette chronique musicale soit plus décousue et foutraque, pour coller à ce groupe anarchiste. En dehors de quelques fulgurances, notamment lors des scènes musicales, toutes interprétées en live par les comédiens après des mois de préparation, la série reste finalement relativement classique. Bref, Pistol retranscrit un certain sens de la provoc, mais ne semble pas être assez punk pour l’occasion. Dommage.