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Pourquoi les géants du numérique suspendent-ils leur coopération avec Hong Kong ?

Après WhatsApp et Telegram, plusieurs autres grandes entreprises ont décidé de suspendre leur coopération judiciaire avec Hong Kong pour évaluer les conséquences juridiques de la nouvelle loi sur la sécurité nationale que la Chine impose à la péninsule.

Quel avenir pour les entreprises technologiques américaines à Hong Kong ? Avec la ferme reprise en main de la péninsule par la Chine et la mise en place d'une nouvelle loi sur la sécurité nationale (qui apparaît comme une remise en cause du principe « d’un pays, deux systèmes » qui prévalait depuis 1997), c'est peut-être une parenthèse qui est en train de se refermer.

Déjà, les premières secousses se font sentir : WhatsApp a été l'une des premières firmes, avec sa rivale russe Telegram, à annoncer une « pause » dans sa coopération judiciaire avec les autorités hongkongaises, pour évaluer les effets du texte sur les libertés individuelles. Open Whispers Systems, qui édite Signal, une solution concurrente, a annoncé faire de même, même s'il n'était pas concerné jusque-là.

Des coopérations judiciaires en pause

Cependant, ce pas de côté va bien au-delà du monde des messageries instantanées.

En quelques jours, plusieurs autres entreprises, et non des moindres, ont aussi décidé de suspendre pour une durée indéterminée le traitement des requêtes envoyées par Hong Kong, qu'il s'agisse de l'administration ou de la justice. Sont mentionnés Facebook, Twitter, Google, Microsoft et l'outil de visioconférence Zoom. Quant à Apple, il a fait savoir que lui aussi évalue ce nouveau contexte juridique.

En règle générale, toutes ces entreprises coopèrent avec les autorités de la plupart des pays du monde, pour traiter notamment de demandes d'informations sur les internautes dans le cadre d'enquêtes. Ces demandes ne sont jamais satisfaites systématiquement, car divers critères entrent en ligne de compte, comme la licéité de la requête, la faisabilité de la demande, sa portée ou encore l'intérêt du public.

Ces coopérations font l'objet de rapports semestriels, à des fins de transparence. Sur les six premiers mois de l'année 2019 par exemple, Twitter a reçu 3 requêtes visant 4 comptes, mais déclare n'en avoir satisfait aucune. Concernant Facebook, pour les six derniers mois de l'an dernier cette fois, 241 requêtes ont été reçues, mais seule une petite moitié (46 %) a été traitée favorablement.

Il y a quelques pays qui n'ont aucun échange de ce type avec ces entreprises. C'est le cas de la Chine avec Twitter, Facebook et Google, qui sont bloqués dans l'Empire du Milieu -- mais pas à Hong Kong. Or, avec la bascule qui s'opère vers la nouvelle logique « d'un pays, un système », l'exception qui prévalait dans la péninsule, du fait de standards similaires à l'Occident, devient intenable.

Internet bientôt censuré à Hong Kong ?

Mais au-delà de la coopération judiciaire entre Hong Kong et les géants du numérique, ce qui se dessine à l'horizon est bien une bataille pour la liberté d'Internet dans l'île : car si aujourd'hui l'accès est libre à Hong Kong, avec la possibilité pour des groupes  américains d'y opérer sans difficulté alors qu'ils sont par ailleurs interdits dans la Chine continentale, le ton pourrait très bientôt changer.

La menace est sérieuse : déjà, une épuration a commencé dans les bibliothèques et les établissements scolaires pour retirer tous les ouvrages qui sont accusés de critiquer le pouvoir en place ou de promouvoir la démocratie. La presse écrite, la télévision et la radio pourraient quant à elles s'autocensurer pour ne pas risquer l'incrimination d'incitation à la « subversion ». Quant à Internet, qui pourrait être le dernier bastion à faire tomber, combien de temps avant qu'il ne soit encerclé par la grande muraille numérique chinoise ?