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Zoom s’empêtre dans la censure chinoise en bloquant provisoirement le compte d'un militant

L'entreprise américaine Zoom est l'objet de critiques depuis qu'il a été découvert qu'elle a temporairement bloqué le compte d'un militant chinois qui s'était impliqué lors des manifestations de la place Tian'anmen.

C'était il y a plus de trente ans. Entre le 15 avril et le 4 juin 1989 se déroulent les célèbres manifestations de la place Tian'anmen, au cours desquelles les participants aspiraient à des réformes politiques et à plus de démocratie. La réponse des autorités locales à ces protestations est implacable, avec des centaines de morts et des milliers de blessés lors d'une répression sanglante.

Cet épisode demeure lourdement censuré dans l'Empire du Milieu, trois décennies après. Parfois avec la complicité d'entreprises étrangères. C'est ce que révèle le New York Times dans son édition du 10 juin, en signalant la mésaventure de Zhou Fengsuo, un activiste chinois et l'un des activistes-clés de Tian'anmen, qui vit désormais aux USA. L'intéressé a tenu une veillée virtuelle sur Zoom.

Mais la plateforme n'a pas apprécié. Le compte de l'intéressé a ainsi été bloqué sur une courte période, avant d'être rétabli le 10 juin. Dans une déclaration qu'a pu lire le journal, Zoom dit avoir dû suivre les lois locales lorsqu'il a suspendu le compte de Zhou Fengsuo : « il n'est pas dans le pouvoir de Zoom de changer les lois des gouvernements opposés à la liberté d'expression ».

Zhou Fengsuo a organisé une veillée transnationale avec des activistes situés aux USA, en Europe et en Chine. Selon Axios, environ 250 personnes ont participé à l'évènement qui, ajoute Voice of America, a été suivi par près de 4 000 personnes.

Les participants incluaient des mères de certains étudiants tués en 1989, des écrivains, des universitaires et certains leaders qui ont pu échapper aux représailles, en quittant la Chine -- comme lors de l'opération Yellow Bird, qui a mobilisé les services secrets américains, britanniques et français, mais aussi les triades chinoises.

Le blocage, qui avait été constaté le 7 juin, illustre selon Zhou Fengsuo l'influence de plus en plus grande qu'exerce la Chine pour appliquer sa censure en dehors de ses frontières. « Nous ne pouvons pas supporter qu'une société américaine impose des restrictions chinoises aux utilisateurs aux États-Unis », a-t-il déclaré, puisque c'est son compte, alors qu'il se trouvait aux USA, qui a été affecté.

Position intenable pour Zoom

En 2019, Zoom a été provisoirement bloqué en Chine.

Depuis, des mesures ont été prises pour serrer la vis. Il est maintenant impossible pour les comptes chinois non enregistrés sous un vrai nom d'héberger des réunions. Cependant, il leur était toujours possible de s'y connecter comme simples participants, par exemple pour la veillée de Zhou Fengso, ce qui constituait un trou dans la raquette de la censure chinoise, avec son grand pare-feu numérique.

Pour le journaliste Paul Mozur, Zoom est désormais coincé : s'il bloque les utilisateurs non inscrits venant de Chine, il nuit à son business sur place, dans la mesure où le service de visioconférence y connaît aussi un succès important. S'il bloque les connexions entre la Chine et le monde, il nuit à son service. Et s'il censure des comptes comme celui de Zhou Fengso, il s'aliène la classe politique américaine.

L'entreprise américaine marche sur la corde raide. Selon Paul Mozur, celle-ci assure qu'elle protège les utilisateurs de la censure, mais pour un pays comme la Chine, il est question de « capacités supplémentaires qui protègent les conversations pour les participants en dehors de ces frontières ». En clair, les utilisateurs situés à l'étranger ne seraient pas inquiétés. Ceux à l'intérieur, en revanche...

Ce n'est pas la première fois que Zhou Fengso subit des restrictions. En janvier 2019, c'est cette fois LinkedIn qui a pris certaines mesures pour limiter la visibilité de son profil et de ses activités depuis la Chine. Cela, malgré le fait que l'entreprise « soutient fermement la liberté d'expression ». Le réseau social avait toutefois fait machine arrière face au retour de bâton médiatique qu'il était en train de recevoir.