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Municipales 2020 : un appel contre la reconnaissance faciale est lancé aux candidats

Une coalition de 124 organisations appelle les candidats aux élections municipales de 2020 à s'engager contre la reconnaissance faciale à des fins sécuritaires. L'accepter, c'est abolir l'anonymat dans l'espace public, préviennent-elles.

Les élections municipales de 2020, qui se dérouleront les 15 et 22 mars prochains, feront-elles de la reconnaissance faciale un enjeu politique décisif pour départager les candidats ? C'est loin d'être certain, tant les sujets du quotidien trustent le devant de la scène. Pourtant, c'est bien ce thème qu'entend mettre en avant une coalition de 124 organisations lors du prochain scrutin.

Le 28 janvier, pile pour la journée de protection des données, un appel a été lancé aux équipes se présentant devant les électeurs pour qu'elles s'engagent contre l'emploi de la reconnaissance faciale à des fins sécuritaires. Dans leur lettre commune, les signataires préviennent qu'il s'agit d'une « technique exceptionnellement invasive et déshumanisante », qui « impose une identification permanente et généralisée ».

L'appel rassemble des partis politiques (EELV, La France Insoumise, Le PCF, Le Parti Pirate), des syndicats défendant les intérêts des avocats et des magistrats, des collectifs dédiés à la défense des libertés numériques (La Quadrature du Net, Framasoft, l'Electronic Frontier Foundation), des représentants d'opérateurs alternatifs ou encore Attac et La Ligue des Droits de l'Homme.

Des expérimentations déjà en cours

Il s'avère que l'emploi de la reconnaissance faciale dans l'espace public à des fins de sécurité est déjà en partie une réalité : des expérimentations ont eu lieu dans la rue en 2018 à Nice, lors du carnaval, mais aussi dans deux lycées du sud de la France, à Marseille et à Nice -- une fois encore. Ces deux derniers tests, contestés devant les tribunaux, ont été déclarés illégaux par la CNIL.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) se montre préoccupée par le développement de cette technique, qui consiste à analyser les traits du visage de toutes les personnes passant devant une caméra de vidéosurveillance, afin soit de l'identifier (c'est-à-dire retrouver une personne précise dans une foule, par exemple, soit de l'authentifier (s'assurer que telle personne est bien celle qu'elle prétend être).

En novembre, la CNIL a appelé à débattre de ce procédé biométrique et rappelé les lignes rouges à ne pas franchir, arguant que dans ce domaine, l'interdiction est le principe, alors que l'autorisation est l'exception. Des textes comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD) prévoient un « encadrement juridique strict », notamment en ce qui concerne le consentement des personnes.

Pour les signataires, néanmoins, « aucun argument ne peut justifier le déploiement d’une telle technologie ». Les quelques commodités que cette technique offre, comme le fait de pouvoir déverrouiller son smartphone avec son visage, sont un mirage. Elles acclimatent le public et détournent son attention des vrais enjeux, à savoir l'abolition de l'anonymat dans l'espace public et la surveillance permanente par l’État.

Et pas question d'espérer qu'une autorité indépendante qui aurait pour mission de vérifier que l'usage de la reconnaissance faciale pour la sécurité publique reste dans les clous de la loi puisse faire quoi que ce soi. Face à un marché immense et à la diversité des usages, les associations en sont persuadées : elle « échouerait en pratique à suivre chacune de ses nombreuses nouvelles applications ».