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La Russie affirme avoir testé avec succès son « Internet souverain »

La Russie a annoncé en décembre le test d'équipements lui permettant d'activer un « Internet souverain » en cas de besoin. Moscou affirme que ce scénario n'est envisagé qu'en cas de péril grave dans le « cyberespace ».

C'est, en l'état actuel des choses, juste un exercice. Mais dans quelques années, ce qui n'est aujourd'hui qu'un simple test pourrait se transformer en véritable plan d'urgence, si les choses venaient à dégénérer dans le « cyberespace ». Et c'est justement pour vérifier sa capacité à se couper rapidement d'Internet que la Russie a commencé à mettre sur pied son propre réseau, isolé du reste du monde.

Ainsi, depuis le 23 décembre, des équipements sont mis à l'épreuve pour déterminer la capacité du pays à pouvoir continuer à faire fonctionner un « Internet souverain » dans un contexte hautement dégradé, si par exemple des cyberattaques massives ont cours via les réseaux, au point d'entraver les activités normales des opérateurs d'importance vitale pour le pays, comme le secteur bancaire ou l'énergie.

Un test annoncé comme réussi

Pour se préparer à un tel scénario, Moscou a d'abord dû adapter sa législation. Une loi ad hoc a été votée cette année et est entrée en vigueur le 1er novembre, malgré l'opposition remarquée à ce texte. En effet, d'aucuns suspectent le pouvoir de prendre prétexte des tensions avec les États-Unis, notamment dans le « cyber », pour réprimer l'un des derniers espaces de liberté d'expression -- et d'opposition.

D'autres ont aussi dénoncé le coût que le projet russe fait et va faire peser sur les épaules des fournisseurs d'accès à Internet et de tous les autres acteurs concernés par ce « RuNet », cet Internet russe. Les FAI vont par exemple devoir prévoir des moyens techniques pour un contrôle centralisé du trafic pour contrer d'éventuelles menaces et assurer l'accès aux ressources en ligne russes sans avoir besoin de se connecter à des serveurs étrangers.

Officiellement, le test, qui s'est déroulé sur une période de temps assez brève, est une réussite -- bien que l'on n'imagine pas le Kremlin dire autre chose, même en cas d'échec patent. La nouvelle, relayée par la BBC, est toutefois assez pauvre en détail. Tout juste est-il indiqué que le scénario a été transparent pour l'internaute russe, ce qui ne dit pas grand-chose sur le déroulé du test ni sur son ampleur.

Sur le papier, les opérateurs comme MegaFon, VimpelCom, MTS ou encore Rostelecom doivent être en mesure de réorienter tout le trafic Internet russe vers des points d’échange dirigés par le Roskomnadzor, le Service fédéral de supervision des communications, c'est-à-dire l'autorité locale des télécoms. Une tâche qui suppose des moyens massifs pour être en mesure d'encaisser un tel flux.

Un chantier complexe

En début d'année, l’agence de presse russe RBC chiffrait à environ 334 millions d'euros le coût de l'effort nécessaire pour renforcer les effectifs du Roskomnadzor et la mise en place des infrastructures adéquates -- et cela n'inclut vraisemblablement pas sa gestion et sa mise à niveau au fil du temps. Il est toutefois prévu des facilités de financement. En principe, le dispositif doit être prêt pour 2021... année des législatives en Russie, ce qui n'est pas anodin en termes de communication politique.

Du fait de son exposition plus prononcée à l'égard du réseau des réseaux, la Russie a moins de facilité que des pays beaucoup plus refermés sur eux-mêmes, comme la Corée du Nord ou la Chine. C'est ce qu'expliquait fin novembre le spécialiste des réseaux informatiques Stéphane Bortzmeyer à Sud-Ouest : comme il y a beaucoup d'acteurs, il y a beaucoup de points d'entrée à prendre en compte.

L'activation d'un Internet russe déconnecté du monde n'a a priori aucune chance d'être vraiment opérationnel, du moins en l'état actuel des choses, dans la mesure où le pays dépend encore largement de ressources étrangères. Il faudrait les dupliquer sur place pour que cet « Intranet national » soit vraiment viable, à commencer par le système des noms de domaine (DNS).

L'efficacité de ce « RuNet » pourrait de toute façon ne jamais être véritablement vérifiée, car cela supposerait une escalade incontrôlable des tensions entre grandes puissances dans le domaine « cyber », alors qu'en coulisses des discussions ont lieu -- notamment avec les USA, la Chine, la Russie, la France, le Japon et le Royaume-Uni -- pour éviter justement de franchir certains seuils de conflictualité.