Plusieurs syndicats et le Clap ont appelé les livreurs à vélo à faire grève. Ils protestent contre une loi examinée le 10 juillet par le Sénat précarisant leur activité et demandent aux plateformes de mise en relation une garantie d’activité.
Communiqué commun

Communiqué commun

La semaine qui s’ouvre le 9 juillet est importante pour l’équipe de France, mais elle est aussi un enjeu commercial pour un grand nombre d’entreprises. Et c’est précisément parce qu’elle est fondamentale pour les services de livraison de plats à domicile que plusieurs collectifs et syndicats de livreurs ont décidé d’appeler à la grève du 8 juillet au 15 juillet.

En marge d’une manifestation qui a eu lieu le dimanche 8 juillet place de la République à Paris, le Clap, ainsi que la CGT, CNT-SO et Sud Commerce ont affirmé leurs revendications par un communiqué commun — officiellement minuté pour correspondre à l’examen au Sénat « de la loi relative à la liberté de choisir son avenir professionnel ». L’amendement particulièrement critiqué par les différents organismes est celui qui donnerait la possibilité aux plateformes comme Deliveroo, UberEats ou Foodora, de mettre en place une charte sociale. « En réalité, ce procédé ne vise qu’à prémunir es dernières contre des actions en requalification de contrats micro-entrepreneurs en CDI », affirment les livreurs.

Les revendications des livreurs

De son côté, le Clap, Collectif des Livreurs Autonomes de Paris a également profité de ce mouvement pour présenter les revendications des livreurs. Trois points sont réclamés :

  • Une tarification minimum horaire garantie
  • La prise en compte de la pénibilité du travail grâce à des bonus
  • Des plages de travail et une activité garantie.

La troisième revendication est l’un des principaux problèmes des plateformes actuelles, qui laissent à un « algorithme » le soin d’optimiser les trajets et les courses des livreurs. Ce système permet aux plateformes de demander aux livreurs des plages de disponibilité, qui ne donnent pas forcément un travail garanti. Cela signifie qu’un livreur qui travaille est aussi un livreur qui peut attendre beaucoup, à disposition de la plateforme.

Et alors que ces plateformes recrutent de plus en plus de livreurs en mettant en avant un accès au travail pour des jeunes sans-emploi ou des étudiants, d’après le Clap, dans le même temps, les rémunérations ont diminué et les distances parcourues ont augmenté.

Pour un livreur professionnel contacté par Numerama, engagé en CDI dans une entreprise dont la livraison est le métier, les plateformes de mise en relation entre des livreurs et des clients sont dangereuses : pour lui, elles poussent à la performance des personnes qui ne sont bien souvent pas équipées ni formées à la livraison. Les livreurs à vélo qui ont profité de l’émergence pour se mettre sérieusement au métier pâtissent eux aussi de cette politique de précarisation des individus initiées par les plateformes.

De leur côté, elles n’auraient aucun intérêt économique à embaucher des livreurs professionnels ou à valoriser la professionnalisation de l’activité, tant qu’elles ont à disposition une masse suffisante de livreurs peu expérimentés, individualisés et précaires pour assurer leur business.

Fédérer les livreurs individualisés afin que des demandes claires et communes puissent remonter.

C’est aussi pour cela que le Clap existe : fédérer les livreurs individualisés afin que des demandes claires et communes puissent remonter. Pour eux, la grève lors de la Coupe du Monde est plus qu’un enjeu de communication : il s’agit de l’une des semaines les plus rémunératrices — pour les livreurs et les plateformes. Aussi, syndicats et collectifs demandent aux clients, en soutien, de ne pas utiliser leurs applications favorites pendant la semaine du 9 au 15 juillet. L’été dernier, une manifestation similaire avait eu lieu en août. Les livreurs anglais ont annoncé une grève pour le 13 juillet.

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